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Par Rachid Boufous
Tous les humains ne se soucient de rien jusqu’au jour dernier de leur vie. Beaucoup ont certes peur de la mort, d’autres font tout pour oublier ce jour dernier où ils n’existeront plus et à jamais.
D’autres encore passent leur vie à prier, vu qu’on leur a promis un au-delà meilleur encore que leur vie sur terre, à condition toutefois de suivre à la lettre les préceptes de la religion. En fait on ne sait toujours pas d’où on vient ni vers où on va après la mort. Un vrai mystère que la vie.
Le jour de la cessation de l’existence, on ne le connaît pas. C’est inscrit quelque part dans un agenda tenu par quelque esprit supérieur qui décide de l’heure, du jour, du mois et de l’année de notre départ de cette vie.
Ça ne sert à rien de faire du sport, de faire du footing quotidien ou de la marche, de bouffer des vitamines ou des liqueurs de jouvence, de recourir à des traitements rajeunissants ou de chercher désespérément le saint Graal pour bénéficier d’une longévité éternelle. Quand l’heure du grand départ arrive, personne et rien ne peut l’arrêter.
Que l’on soit en bonne santé ou malade, quand il est l’heure de partir, on part malgré nous. C’est ainsi…
Ce qui compte après coup c’est ce qu’on lègue à ses proches. Pas forcément de la fortune ou de l’argent, qui seront de toutes les façons et malgré tous les testaments du monde, âprement disputés par les héritiers, qu’ils soient de bonne ou de mauvaise foi.
Ce qu’on lègue de plus précieux ce sont les bonnes actions entreprises durant la vie, l’aumône généreusement distribuée et surtout un bon comportement envers autrui.
On raconte qu’Alexandre Le Grand, empereur de la moitié de l’univers terrestre en son temps, quand il vint à sentir la mort arriver de loin au galop, montée sur son cheval fou, il réunit sont conseil et ses généraux et leur dit :
- je veux que mon cercueil soit porté par tous mes médecins, que mes esclaves suivent ma dépouille en déversant dans les rues mon or, mes bijoux, mes habits, mes armes et mon argent et faites en sorte que mes deux mains sortent de mon cercueil et soient visibles aux peuple…
Ces conseillers, interloqués par ces curieuses requêtes lui en demandèrent le sens.
Le jeune empereur grec leur dit alors :
- Je veux que mon cercueil soit porté par toutes les sommités de la science pour dire aux gens que malgré tous les soins prodigués par les meilleurs médecins de mon empire, ils n’ont rien pu faire pour arrêter ma mort.
- Je veux que mes esclaves répandent mes richesses dans les rues pour que les gens sachent que tout ce que j’ai amassé durant mon règne, je le laisse sur terre.
- Je veux que mes bras pendent de mon cercueil pour que le peuple voit que je n’emporte rien avec moi dans mon long voyage vers l’au-delà…
Ainsi sont les grands être humains, qui vivent leur vie aussi bien que possible et qui n’accordent aucune importance aux choses matérielles, car elles sont destinées à rester sur terre.
Les pharaons d’Égypte emportaient leurs richesses dans leurs tombes et pyramides en croyant qu’ils en useraient dans l’au-delà. Ce n’était là que vanité, qui profita allègrement aux pilleurs de tombes et aux musées du monde entier, au plus grand bonheur des voyeurs que nous sommes, ébahis devant des momies muettes, des barques solaires vides et des bijoux que personne ne portera plus…
En terre d’Islam, le défunt est lavé et enseveli dans un linceul fait d’un tissu spécial. D’ailleurs le linceul ne comporte pas de poche, c’est tout dire…
Toutefois la mort ne commença à faire peur aux vivants qu’à partir du moyen âge.
La mortalité du 14eme siècle s'aggrave (peste, guerre, famine, cataclysmes) et soulève le poids des fléaux et des peurs, celle de la vie brève surtout car l’espérance de vie se limitait autour de 30 ans.
L'idée de la mort obsède alors tous les esprits par l'excès des maux et des désordres. Elle se traduit par une horreur physique de l'anéantissement de la chair et la fin de toute volupté; elle évoque aussi les images horribles de l'enfer, châtiment divin si souvent brandi par les prêtres.
Avec la Renaissance, le 16eme siècle, on assiste à un triomphe momentané de la vie avec un essor démographique général , cela n'empêchant toutefois pas la mortalité toujours scandée par les agressions de la peste.
Se formule alors un nouveau discours sur la mort, dû également à la Réforme protestante, où l'on a séparation de l'âme, libérée de sa prison mortelle et donc capable de s'intégrer durablement à la vision chrétienne de la mort et du salut.
Au 20e me siècle c’est le triomphe de la vie selon les tests démographiques mais ce fut aussi le lieu des hécatombes périodiques des guerres mondiales, le XXe siècle est ambigu et fait réapparaître l'angoisse collective.
Les nouveaux discours des philosophes sont remis en question et on se trouve alors devant une société escamotée qui refuse de voir la mort en face : des personnes sont chargées de parler de la mort et de la faire redécouvrir à travers les psychologues, les sociologues ou les médecins...
D’autres encore passent leur vie à prier, vu qu’on leur a promis un au-delà meilleur encore que leur vie sur terre, à condition toutefois de suivre à la lettre les préceptes de la religion. En fait on ne sait toujours pas d’où on vient ni vers où on va après la mort. Un vrai mystère que la vie.
Le jour de la cessation de l’existence, on ne le connaît pas. C’est inscrit quelque part dans un agenda tenu par quelque esprit supérieur qui décide de l’heure, du jour, du mois et de l’année de notre départ de cette vie.
Ça ne sert à rien de faire du sport, de faire du footing quotidien ou de la marche, de bouffer des vitamines ou des liqueurs de jouvence, de recourir à des traitements rajeunissants ou de chercher désespérément le saint Graal pour bénéficier d’une longévité éternelle. Quand l’heure du grand départ arrive, personne et rien ne peut l’arrêter.
Que l’on soit en bonne santé ou malade, quand il est l’heure de partir, on part malgré nous. C’est ainsi…
Ce qui compte après coup c’est ce qu’on lègue à ses proches. Pas forcément de la fortune ou de l’argent, qui seront de toutes les façons et malgré tous les testaments du monde, âprement disputés par les héritiers, qu’ils soient de bonne ou de mauvaise foi.
Ce qu’on lègue de plus précieux ce sont les bonnes actions entreprises durant la vie, l’aumône généreusement distribuée et surtout un bon comportement envers autrui.
On raconte qu’Alexandre Le Grand, empereur de la moitié de l’univers terrestre en son temps, quand il vint à sentir la mort arriver de loin au galop, montée sur son cheval fou, il réunit sont conseil et ses généraux et leur dit :
- je veux que mon cercueil soit porté par tous mes médecins, que mes esclaves suivent ma dépouille en déversant dans les rues mon or, mes bijoux, mes habits, mes armes et mon argent et faites en sorte que mes deux mains sortent de mon cercueil et soient visibles aux peuple…
Ces conseillers, interloqués par ces curieuses requêtes lui en demandèrent le sens.
Le jeune empereur grec leur dit alors :
- Je veux que mon cercueil soit porté par toutes les sommités de la science pour dire aux gens que malgré tous les soins prodigués par les meilleurs médecins de mon empire, ils n’ont rien pu faire pour arrêter ma mort.
- Je veux que mes esclaves répandent mes richesses dans les rues pour que les gens sachent que tout ce que j’ai amassé durant mon règne, je le laisse sur terre.
- Je veux que mes bras pendent de mon cercueil pour que le peuple voit que je n’emporte rien avec moi dans mon long voyage vers l’au-delà…
Ainsi sont les grands être humains, qui vivent leur vie aussi bien que possible et qui n’accordent aucune importance aux choses matérielles, car elles sont destinées à rester sur terre.
Les pharaons d’Égypte emportaient leurs richesses dans leurs tombes et pyramides en croyant qu’ils en useraient dans l’au-delà. Ce n’était là que vanité, qui profita allègrement aux pilleurs de tombes et aux musées du monde entier, au plus grand bonheur des voyeurs que nous sommes, ébahis devant des momies muettes, des barques solaires vides et des bijoux que personne ne portera plus…
En terre d’Islam, le défunt est lavé et enseveli dans un linceul fait d’un tissu spécial. D’ailleurs le linceul ne comporte pas de poche, c’est tout dire…
Toutefois la mort ne commença à faire peur aux vivants qu’à partir du moyen âge.
La mortalité du 14eme siècle s'aggrave (peste, guerre, famine, cataclysmes) et soulève le poids des fléaux et des peurs, celle de la vie brève surtout car l’espérance de vie se limitait autour de 30 ans.
L'idée de la mort obsède alors tous les esprits par l'excès des maux et des désordres. Elle se traduit par une horreur physique de l'anéantissement de la chair et la fin de toute volupté; elle évoque aussi les images horribles de l'enfer, châtiment divin si souvent brandi par les prêtres.
Avec la Renaissance, le 16eme siècle, on assiste à un triomphe momentané de la vie avec un essor démographique général , cela n'empêchant toutefois pas la mortalité toujours scandée par les agressions de la peste.
Se formule alors un nouveau discours sur la mort, dû également à la Réforme protestante, où l'on a séparation de l'âme, libérée de sa prison mortelle et donc capable de s'intégrer durablement à la vision chrétienne de la mort et du salut.
Au 20e me siècle c’est le triomphe de la vie selon les tests démographiques mais ce fut aussi le lieu des hécatombes périodiques des guerres mondiales, le XXe siècle est ambigu et fait réapparaître l'angoisse collective.
Les nouveaux discours des philosophes sont remis en question et on se trouve alors devant une société escamotée qui refuse de voir la mort en face : des personnes sont chargées de parler de la mort et de la faire redécouvrir à travers les psychologues, les sociologues ou les médecins...
La mort est un tabou dans beaucoup de sociétés humaines. En terre d’Islam, le comportement vis-à-vis de la mort est tout aussi ambigu. Quand la mort survient, ça pleure sans cesse, ça jacasse, ça déchire ses habits, ça griffe ses joues, ça se roule par terre pour exprimer la douleur survenue.
Souvent c’est surfait et en Égypte contemporaine on peut louer les services de pleureuses professionnelles, quand les glandes lacrymales n’arrivent pas à sortir en quantité les larmes nécessaires à l’hypocrisie sociale. Il en est de même pour l’état des cimetières en terre d’Islam.
L’endroit le moins nettoyé et débroussaillé sur terre. On enterre les morts et on les oublie après coup, comme s’ils n’avaient jamais existé de leur vivant. Parfois les cimetières font aussi l’objet de pratiques occultes qui sont sévèrement punies par la loi.
Toutefois j’ai vu des cimetières à Larache et à Oujda qui sont très propres et très bien entretenus, ce qui dénote du respect des vivants pour leurs morts.
À partir de 2015, les autorités ont entrepris de réhabiliter et de nettoyer 1.250 cimetières étalés sur 120 communes urbaines pour une enveloppe de 700 millions de dirhams. La gestion des cimetières au Maroc relève des communes, mais souvent celle-ci sont démunies pour offrir les conditions adéquates pour enterrer les morts.
De plus s’il y’a du foncier pour construire des ensembles immobiliers, les autorités peinent à en trouver pour aménager de nouveaux cimetières. Toutefois dans certains cimetières on peut acheter des espèces de caveaux familiaux, survivance des temps coloniaux où les musulmans se sont mis à imiter les chrétiens où cette pratique d’acheter sa tombe future est courante.
Une façon intelligente et rassurante de réserver sa place pour le grand départ à l’heure où il faut connaître quelqu’un qui connaît quelqu’un de haut placé pour trouver une place au cimetière.
Il est plus qu’urgent de prévoir dès à présent de nouvelles aires urbaines pour accueillir les cimetières, car dans les prochaines années énormément de marocains surtout celles et ceux qui ont connu les premières heures de l’indépendance viendront à succomber.
En conclusion, le rapport à la mort devrait être serein, car c’est la finalité de toute vie. Il est plus important d'avoir un comportement humaniste, de vivre et de combattre pour des valeurs de solidarité, de vérité, de justice qui donnent sens à la vie. Vivre le plus intensément possible parce que la vie aura une fin et que chacun est responsable de ce qu'il aura fait ou non de son existence, responsable non devant un justicier divin mais devant ses frères humains…
Et pas besoin d’inscrire sur la tombe du défunt qu’il était de son vivant général, ou ministre.
Je me souviens du jour où Sa Majesté Le Roi Hassan II est décédé un 23 juillet 1999, l’imam de la mosquée, en annonçant la prière des morts sur l’esplanade de Hassane à Rabat, devant un parterre des plus grands chefs d’états sur terre, déclama à voix haute : « c’est l’enterrement d’un homme »…
Vivez en paix et quittez ce monde en paix !
Rédigé par Rachid Boufous
Souvent c’est surfait et en Égypte contemporaine on peut louer les services de pleureuses professionnelles, quand les glandes lacrymales n’arrivent pas à sortir en quantité les larmes nécessaires à l’hypocrisie sociale. Il en est de même pour l’état des cimetières en terre d’Islam.
L’endroit le moins nettoyé et débroussaillé sur terre. On enterre les morts et on les oublie après coup, comme s’ils n’avaient jamais existé de leur vivant. Parfois les cimetières font aussi l’objet de pratiques occultes qui sont sévèrement punies par la loi.
Toutefois j’ai vu des cimetières à Larache et à Oujda qui sont très propres et très bien entretenus, ce qui dénote du respect des vivants pour leurs morts.
À partir de 2015, les autorités ont entrepris de réhabiliter et de nettoyer 1.250 cimetières étalés sur 120 communes urbaines pour une enveloppe de 700 millions de dirhams. La gestion des cimetières au Maroc relève des communes, mais souvent celle-ci sont démunies pour offrir les conditions adéquates pour enterrer les morts.
De plus s’il y’a du foncier pour construire des ensembles immobiliers, les autorités peinent à en trouver pour aménager de nouveaux cimetières. Toutefois dans certains cimetières on peut acheter des espèces de caveaux familiaux, survivance des temps coloniaux où les musulmans se sont mis à imiter les chrétiens où cette pratique d’acheter sa tombe future est courante.
Une façon intelligente et rassurante de réserver sa place pour le grand départ à l’heure où il faut connaître quelqu’un qui connaît quelqu’un de haut placé pour trouver une place au cimetière.
Il est plus qu’urgent de prévoir dès à présent de nouvelles aires urbaines pour accueillir les cimetières, car dans les prochaines années énormément de marocains surtout celles et ceux qui ont connu les premières heures de l’indépendance viendront à succomber.
En conclusion, le rapport à la mort devrait être serein, car c’est la finalité de toute vie. Il est plus important d'avoir un comportement humaniste, de vivre et de combattre pour des valeurs de solidarité, de vérité, de justice qui donnent sens à la vie. Vivre le plus intensément possible parce que la vie aura une fin et que chacun est responsable de ce qu'il aura fait ou non de son existence, responsable non devant un justicier divin mais devant ses frères humains…
Et pas besoin d’inscrire sur la tombe du défunt qu’il était de son vivant général, ou ministre.
Je me souviens du jour où Sa Majesté Le Roi Hassan II est décédé un 23 juillet 1999, l’imam de la mosquée, en annonçant la prière des morts sur l’esplanade de Hassane à Rabat, devant un parterre des plus grands chefs d’états sur terre, déclama à voix haute : « c’est l’enterrement d’un homme »…
Vivez en paix et quittez ce monde en paix !
Rédigé par Rachid Boufous