Écouter le podcast en entier :
Par Aziz Boucetta
Le vice-président de la Commission européenne, chargé de sa diplomatie et de sa politique de sécurité Josep Borrell était dans nos murs en début de mois et d’année, sa première visite dans un pays voisin depuis trois ans qu’il est en poste... Il a bruyamment rappelé que les deux tiers du commerce du Maroc passent par l’UE et que la moitié des investissements directs étrangers en proviennent, soulignant en creux cette dépendance, dont nous devrions nous défaire ; « ce sont des palmarès difficiles à surmonter », a-t-il précisé avec le sourire.
Mais redonnons leur mesure aux choses et aux chiffres. Josep Borrell annonce avec emphase les chiffres de la coopération de l’UE/Maroc, avec 1,4 milliard d’euros pour la période 2014-2020, et 1,6 milliard pour 2021-2027. Soit, mais pour l’Ukraine, c’est 1,5 milliard d’euros… par mois !
Avec le même montant en un mois pour un pays et en 6 ans (72 mois) pour l’autre, les amitiés/intérêts sont clairs, et les priorités aussi. Il y a certes la guerre en Ukraine, mais si avec le Maroc, les enjeux ne sont pas aussi immédiats, et surtout pas aussi spectaculaires qu’un conflit de haute intensité, ils n’en sont pas moins considérables : la migration, la sécurité et les immenses opportunités d’investissements en Afrique, dont le royaume constitue un hub incontournable, géographiquement, diplomatiquement, économiquement et même humainement.
L’UE ne considère donc pas le Maroc comme une priorité, en dépit du galimatias diplomatique de convenance. En revanche, l’Union persiste dans sa volonté de domination, encore bien présente dans les esprits des dirigeants à Bruxelles. Il ne faut pas oublier que le même Josep Borrell avait indiqué cet été que « la solution au conflit du Sahara Occidental passe par l'organisation d'une consultation du peuple sahraoui » ; insouciance/indifférence en apparence, provocation certainement, politique du rapport de force et du passage en force à n’en pas douter.
Rappeler, par le même Borrell, et avec insistance cette enquête sur le « Marocgate », ainsi qualifiée et rapportée par la presse européenne (essentiellement belge et française) et lancer un vote au parlement européen sur les droits humains au Maroc (prévu ce jeudi 19 janvier) montre la distribution des rôles institutionnels européens qui continue à être la vieille « technique » du Vieux Continent pour indisposer son partenaire et exercer sur lui une pression.
La justice européenne serait donc blanche dans l’enquête sur le Marocgate mais la justice marocaine, en matière de droits humains ou d’anti-terrorisme serait noire ? Sur quel principe de droit et au nom de quelle coopération, qui doit se...fonder sur le respect mutuel des institutions des uns et des autres s’appuient les dirigeants européens dans leurs oukases « droidelhommistes » ? L’Europe persiste à camper sur une position de surplomb qu’elle a perdu sans en être consciente.
Mais redonnons leur mesure aux choses et aux chiffres. Josep Borrell annonce avec emphase les chiffres de la coopération de l’UE/Maroc, avec 1,4 milliard d’euros pour la période 2014-2020, et 1,6 milliard pour 2021-2027. Soit, mais pour l’Ukraine, c’est 1,5 milliard d’euros… par mois !
Avec le même montant en un mois pour un pays et en 6 ans (72 mois) pour l’autre, les amitiés/intérêts sont clairs, et les priorités aussi. Il y a certes la guerre en Ukraine, mais si avec le Maroc, les enjeux ne sont pas aussi immédiats, et surtout pas aussi spectaculaires qu’un conflit de haute intensité, ils n’en sont pas moins considérables : la migration, la sécurité et les immenses opportunités d’investissements en Afrique, dont le royaume constitue un hub incontournable, géographiquement, diplomatiquement, économiquement et même humainement.
L’UE ne considère donc pas le Maroc comme une priorité, en dépit du galimatias diplomatique de convenance. En revanche, l’Union persiste dans sa volonté de domination, encore bien présente dans les esprits des dirigeants à Bruxelles. Il ne faut pas oublier que le même Josep Borrell avait indiqué cet été que « la solution au conflit du Sahara Occidental passe par l'organisation d'une consultation du peuple sahraoui » ; insouciance/indifférence en apparence, provocation certainement, politique du rapport de force et du passage en force à n’en pas douter.
Rappeler, par le même Borrell, et avec insistance cette enquête sur le « Marocgate », ainsi qualifiée et rapportée par la presse européenne (essentiellement belge et française) et lancer un vote au parlement européen sur les droits humains au Maroc (prévu ce jeudi 19 janvier) montre la distribution des rôles institutionnels européens qui continue à être la vieille « technique » du Vieux Continent pour indisposer son partenaire et exercer sur lui une pression.
La justice européenne serait donc blanche dans l’enquête sur le Marocgate mais la justice marocaine, en matière de droits humains ou d’anti-terrorisme serait noire ? Sur quel principe de droit et au nom de quelle coopération, qui doit se...fonder sur le respect mutuel des institutions des uns et des autres s’appuient les dirigeants européens dans leurs oukases « droidelhommistes » ? L’Europe persiste à camper sur une position de surplomb qu’elle a perdu sans en être consciente.
Elle ne s’offusque pas, par exemple, du cas Julian Assange qui risque 175 ans de prison, alors que son seul tort est de s’être exprimé et d’avoir fait un travail de journaliste. Pas plus qu’elle ne s’indigne de l’hécatombe de migrants en Méditerranée ou des onze murs anti-migrants en Europe, s’étendant sur 1.200 km, en grande partie sous forme de barbelé tranchants. Et encore moins d’indignation concernant les politiques extrêmes en Israël ou les exécutions régulières aux Etats-Unis.
Et pas une enquête ou un étonnement face à des agissements d’espionnage d’entreprises privées comme celles chargées des visas dans plusieurs pays, TLS Contact entre autres…
Et dans une admirable répartition des rôles où la Belgique tient le rôle d’exécutant désigné, c’est ce pays qui mène l’enquête sur le supposé « Marocgate », et c’est encore lui qui sous-traite l’affaire Iquioussen et d’autres, moins connues du grand public.
La diplomatie marocaine, depuis quelques années plus sûre d’elle et plus ferme, reste étonnamment silencieuse, passive et permissive. Et pourtant, les orientations royales sont claires, de la diversification des partenariats en 2016 à la définition des relations économiques à travers la question du Sahara en 2022.
Pour quelles raisons les diplomates marocains n’agissent-ils donc pas avec la fermeté qui les caractérise ces dernières années ?
Pourquoi ne sont-ils pas, ou plus, aussi offensifs à l’égard de Bruxelles qu’ils le furent contre Madrid ou Berlin ?
Pourquoi tolèrent-ils des faits, se taisent-ils devant des méfaits et semblent-ils prêts à accepter les effets d’actes de plus en plus ouvertement inamicaux venant de Bruxelles, qui manie le chaud et le froid à sa guise et en toute impunité ?
Sans doute prennent-ils, nos diplomates, la mesure d’un front intérieur encore faible… Peut-être que les politiques économiques du royaume ne sont pas aussi rapides qu’elles le devraient pour soutenir une diplomatie plus tranchante… Probablement parce que notre système juridique et/ou judiciaire n’est pas aussi ferme et assuré qu’il devrait l’être… Peut-être que notre classe politique reste cloîtrée dans sa pusillanimité légendaire ? Assurément parce que tous ces éléments ne contribuent pas à assurer une base arrière solide à des diplomates qui aimeraient en découdre mais qui doivent se résigner à subir.
Avec un PIB étique de 150 milliards de dollars, avec un déficit d’éthique dans nos politiques et bien souvent chez nos politiques, avec un manque d’ardeur chez nos entrepreneurs, avec le maintien de ce complexe du nord encore bien répandu sur nos terres… en un mot, avec une absence de conviction, d’action, de passion, de puissance et de niya, il ne sert à rien de vouloir sans pouvoir, et sans plus de pouvoir de la part du Maroc, l’UE, ce voisin problématique qui ne connaît que le rapport de force, poursuivra sa politique du « tout pour elle, le reste pour nous… ».
Rédigé par Aziz Boucetta sur Panorapost
Et pas une enquête ou un étonnement face à des agissements d’espionnage d’entreprises privées comme celles chargées des visas dans plusieurs pays, TLS Contact entre autres…
Et dans une admirable répartition des rôles où la Belgique tient le rôle d’exécutant désigné, c’est ce pays qui mène l’enquête sur le supposé « Marocgate », et c’est encore lui qui sous-traite l’affaire Iquioussen et d’autres, moins connues du grand public.
La diplomatie marocaine, depuis quelques années plus sûre d’elle et plus ferme, reste étonnamment silencieuse, passive et permissive. Et pourtant, les orientations royales sont claires, de la diversification des partenariats en 2016 à la définition des relations économiques à travers la question du Sahara en 2022.
Pour quelles raisons les diplomates marocains n’agissent-ils donc pas avec la fermeté qui les caractérise ces dernières années ?
Pourquoi ne sont-ils pas, ou plus, aussi offensifs à l’égard de Bruxelles qu’ils le furent contre Madrid ou Berlin ?
Pourquoi tolèrent-ils des faits, se taisent-ils devant des méfaits et semblent-ils prêts à accepter les effets d’actes de plus en plus ouvertement inamicaux venant de Bruxelles, qui manie le chaud et le froid à sa guise et en toute impunité ?
Sans doute prennent-ils, nos diplomates, la mesure d’un front intérieur encore faible… Peut-être que les politiques économiques du royaume ne sont pas aussi rapides qu’elles le devraient pour soutenir une diplomatie plus tranchante… Probablement parce que notre système juridique et/ou judiciaire n’est pas aussi ferme et assuré qu’il devrait l’être… Peut-être que notre classe politique reste cloîtrée dans sa pusillanimité légendaire ? Assurément parce que tous ces éléments ne contribuent pas à assurer une base arrière solide à des diplomates qui aimeraient en découdre mais qui doivent se résigner à subir.
Avec un PIB étique de 150 milliards de dollars, avec un déficit d’éthique dans nos politiques et bien souvent chez nos politiques, avec un manque d’ardeur chez nos entrepreneurs, avec le maintien de ce complexe du nord encore bien répandu sur nos terres… en un mot, avec une absence de conviction, d’action, de passion, de puissance et de niya, il ne sert à rien de vouloir sans pouvoir, et sans plus de pouvoir de la part du Maroc, l’UE, ce voisin problématique qui ne connaît que le rapport de force, poursuivra sa politique du « tout pour elle, le reste pour nous… ».
Rédigé par Aziz Boucetta sur Panorapost