L’Organisation démocratique des travailleurs immigrés au Maroc (Odt-I) premier syndicat des travailleurs migrants au Maroc et dans le Maghreb, affilié à la centrale syndicale ODT, en sa qualité de syndicat de défense et de protection des droits de migrants, est fortement indignée et préoccupée par la situation inhumaine et raciste qui se passe en Tunisie sur l’expulsion des migrants et demandeurs d’asile subsahariens vers le désert.
Depuis le 02 juillet 2023, mille deux cents migrants et demandeurs d’asile subsahariens dont les femmes et les enfants ont été expulsés de la Tunisie vers une zone tampon éloignée et militarisée à la frontière entre la Tunisie et la Libye suite aux affrontements qui ont couté la vie à un tunisien dans la ville de Sfax.
Tout ceci remonte à partir des propos racistes et haineux prononcés par le Président tunisien lors d’un conseil de sécurité national tenu le mardi 21 février 2023 au cours duquel, il a évoqué des « hordes de migrants clandestins » dont la présence en Tunisie serait selon lui, source de « violence, de crimes et d’actes inacceptables et a insisté sur la nécessité de mettre rapidement fin à cette immigration »
Il a par ailleurs affirmé que la venue des migrants subsahariens en Tunisie relèverait d’un complot visant à affaiblir l’identité arabo-islamique en Tunisie pour changer la composition du paysage démographique de la Tunisie.
Les propos du Président ont provoqué des vagues d’agressions et d’arrestations arbitraires visant les migrants subsahariens en Tunisie depuis des semaines. « Contrôles d’identité au faciès, arrestations abusives et musclées, absence d’assistance juridique ». Plus de 300 ressortissants subsahariens, dont des enfants et des étudiants, ont été placés en garde à vue dans plusieurs villes tunisiennes entre les 14 et 16 février derniers.
La non reconnaissance de l’identité africaine par les citoyens tunisiens alors que la Tunisie est un pays Africain est une ignorance absolue et absurde quant on sait que c’est de la Tunisie que vient le nom Afrique car jadis, la Tunisie s’appelait « IFRIQIYA ».
Une situation qui va à l’encontre de l’approche migratoire en ce 21ème siècle dominé par l’existence des textes fondamentaux des droits humains et des migrants qui sont censés être appliqués et respectés pour le bien être et la dignité de la personne humaine.
Nous le savons tous que la migration est un phénomène naturel qui puise ses origines depuis l’existence humaine et qu’elle représente une richesse à cause de la main d’œuvre bon marché et un apport positif au développement des pays de provenance et de résidence.
Au regard de cette situation déplorable, injuste et déshonorante vis-à-vis de l’être humain et surtout des migrants qui sont qu’à la recherche du mieux vivre et d’un lieu pour se reconstruire de nouveau.
Nous, organisation démocratique des travailleurs immigrés au Maroc (Odt-I), consciente que la vie humaine est sacrée, dénonçons et condamnons formellement ces actes ignobles et inhumains. C’est pourquoi nous :
- Appelons pour ce faire la communauté internationale, l’Union Africaine, l’Union Maghrébine et la société civile Tunisienne et Maghrébine d’agir vite afin de trouver des alternatives pour ces migrants (Hommes, Femmes et Enfants) abandonnés dans le désert sans eau, sans nourriture ni assistance sociale ;
- Interpellons le gouvernement Tunisien et ses citoyens au respect de la dignité humaine conformément aux textes fondamentaux des droits de l’homme ;
- Tirons la sonnette d’alarme aux dirigeants africains de ne pas jouer le jeu des occidentaux qui utilisent la manipulation et la corruption comme mode de coopération pour freiner l’élan de développement de notre cher continent par leur mauvaise politique d’externalisation des frontières poussant nos compatriotes à risquer leurs vies dans la mer et le désert alors qu’ils viennent chez nous sans exigence et en toute liberté.
- Demandons aux migrants de partout d’être solidaires avec nos frères et sœurs et enfants qui présentement vivent un calvaire dans le désert ou ils sont abandonnés dans les conditions inhumaines.
- Apportons notre indéfectible soutien aux associations et organisations des droits de l’homme de la Tunisie et d’ailleurs qui manifestent leur volonté à assister tant soit peu d’une manière ou d’une autre ces personnes migrantes en détresse.
Fait à Rabat, le 26 juillet 2023
Franck IYANGA
Secrétaire général del’Odt-I