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Par Adnane Benchakroun
L'Europe n'a pas réussi à suivre le rythme de croissance des États-Unis, et ce, malgré une évolution démographique similaire. En réalité, le principal facteur de ce décalage réside dans la productivité. En 2023, alors que la productivité américaine augmentait de 1,7 %, celle de la zone euro reculait de 0,6 %. Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer cette divergence.
Certaines voix attribuent ce déclin européen aux difficultés d’embauche croissantes depuis 2017, incitant les entreprises à conserver des effectifs excessifs malgré une stagnation de la productivité. Cependant, cette explication paraît insuffisante, les États-Unis ayant également rencontré des problèmes d’embauche sans pour autant voir leur productivité stagner.
D'autres expliquent ce phénomène par une augmentation de l'emploi des personnes moins qualifiées, supposant que cela aurait abaissé le niveau moyen de qualification de la main-d'œuvre. Cette thèse est toutefois contestable, car l'augmentation de l'emploi en Europe s'est faite de manière assez uniforme à travers tous les niveaux de qualification.
Les causes réelles de cette stagnation de la productivité en Europe semblent plus directement liées à deux facteurs majeurs : l'insuffisance des investissements en nouvelles technologies et le faible niveau des dépenses en recherche et développement (R&D). Comparativement aux pays de l'OCDE, l'Europe est en retard sur ces deux aspects cruciaux pour la productivité. Une analyse économétrique révèle qu'une augmentation d'un point du taux d'investissement en nouvelles technologies se traduit par une hausse de 0,8 point des gains de productivité annuels. De même, une hausse d'un point du PIB consacré à la R&D se traduit par une augmentation de 0,9 point des gains de productivité annuels.
En 2022, les investissements en nouvelles technologies représentaient 5 % du PIB aux États-Unis contre seulement 2,8 % dans la zone euro. Les dépenses en R&D étaient de 3,5 % du PIB aux États-Unis, contre 2,3 % dans la zone euro. Depuis 2016-2017, les États-Unis ont intensifié leurs efforts en matière d'investissement et de R&D, accentuant leur avance en productivité par rapport à l'Europe. Ce retard technologique et en R&D est un facteur déterminant du décrochage européen.
Face à cette situation, que peut faire l'Europe pour rattraper les États-Unis en termes de productivité et de croissance ? La première étape consiste à réorienter les investissements des entreprises européennes. Bien que le taux d'investissement soit similaire entre les deux régions (13,5 % du PIB au début de 2024), la part consacrée à la technologie est significativement plus élevée aux États-Unis (5 % du PIB contre 2,8 % dans la zone euro). Il est donc crucial d'augmenter la qualité et la sophistication des investissements en technologie en Europe.
Ensuite, il est impératif d'accroître les dépenses en R&D et les budgets des universités européennes. Aux États-Unis, les moyens alloués à la recherche universitaire et en entreprise sont beaucoup plus importants, ce qui constitue un levier significatif pour les gains de productivité. En Europe, des efforts soutenus dans ce domaine pourraient inverser la tendance actuelle.
Il est à craindre que l'Europe entre dans un cercle vicieux où la faiblesse des investissements en technologies et en R&D conduise à une faible productivité, impactant négativement son attractivité pour les investisseurs étrangers. À terme, cela pourrait réduire les recettes fiscales et la capacité des États européens à soutenir l'innovation et à renforcer leur compétitivité.
L'Europe doit donc agir rapidement et vigoureusement pour combler ce fossé technologique et de productivité. Un engagement renouvelé en faveur de l'innovation, de la recherche et des nouvelles technologies est indispensable pour assurer une croissance économique durable et éviter le déclin économique face aux États-Unis.
Certaines voix attribuent ce déclin européen aux difficultés d’embauche croissantes depuis 2017, incitant les entreprises à conserver des effectifs excessifs malgré une stagnation de la productivité. Cependant, cette explication paraît insuffisante, les États-Unis ayant également rencontré des problèmes d’embauche sans pour autant voir leur productivité stagner.
D'autres expliquent ce phénomène par une augmentation de l'emploi des personnes moins qualifiées, supposant que cela aurait abaissé le niveau moyen de qualification de la main-d'œuvre. Cette thèse est toutefois contestable, car l'augmentation de l'emploi en Europe s'est faite de manière assez uniforme à travers tous les niveaux de qualification.
Les causes réelles de cette stagnation de la productivité en Europe semblent plus directement liées à deux facteurs majeurs : l'insuffisance des investissements en nouvelles technologies et le faible niveau des dépenses en recherche et développement (R&D). Comparativement aux pays de l'OCDE, l'Europe est en retard sur ces deux aspects cruciaux pour la productivité. Une analyse économétrique révèle qu'une augmentation d'un point du taux d'investissement en nouvelles technologies se traduit par une hausse de 0,8 point des gains de productivité annuels. De même, une hausse d'un point du PIB consacré à la R&D se traduit par une augmentation de 0,9 point des gains de productivité annuels.
En 2022, les investissements en nouvelles technologies représentaient 5 % du PIB aux États-Unis contre seulement 2,8 % dans la zone euro. Les dépenses en R&D étaient de 3,5 % du PIB aux États-Unis, contre 2,3 % dans la zone euro. Depuis 2016-2017, les États-Unis ont intensifié leurs efforts en matière d'investissement et de R&D, accentuant leur avance en productivité par rapport à l'Europe. Ce retard technologique et en R&D est un facteur déterminant du décrochage européen.
Face à cette situation, que peut faire l'Europe pour rattraper les États-Unis en termes de productivité et de croissance ? La première étape consiste à réorienter les investissements des entreprises européennes. Bien que le taux d'investissement soit similaire entre les deux régions (13,5 % du PIB au début de 2024), la part consacrée à la technologie est significativement plus élevée aux États-Unis (5 % du PIB contre 2,8 % dans la zone euro). Il est donc crucial d'augmenter la qualité et la sophistication des investissements en technologie en Europe.
Ensuite, il est impératif d'accroître les dépenses en R&D et les budgets des universités européennes. Aux États-Unis, les moyens alloués à la recherche universitaire et en entreprise sont beaucoup plus importants, ce qui constitue un levier significatif pour les gains de productivité. En Europe, des efforts soutenus dans ce domaine pourraient inverser la tendance actuelle.
Il est à craindre que l'Europe entre dans un cercle vicieux où la faiblesse des investissements en technologies et en R&D conduise à une faible productivité, impactant négativement son attractivité pour les investisseurs étrangers. À terme, cela pourrait réduire les recettes fiscales et la capacité des États européens à soutenir l'innovation et à renforcer leur compétitivité.
L'Europe doit donc agir rapidement et vigoureusement pour combler ce fossé technologique et de productivité. Un engagement renouvelé en faveur de l'innovation, de la recherche et des nouvelles technologies est indispensable pour assurer une croissance économique durable et éviter le déclin économique face aux États-Unis.
Implications pour le Maroc
Pour le Maroc, la situation économique européenne est particulièrement importante. L'Europe étant le principal partenaire commercial du Maroc, tout ralentissement ou décrochage économique en Europe a des répercussions directes sur l'économie marocaine. Une productivité stagnante en Europe peut affecter les exportations marocaines, la demande de produits marocains et même les investissements européens au Maroc.
Une Europe qui investit davantage en technologie et en R&D peut non seulement renforcer sa propre productivité mais aussi stimuler le commerce et les investissements avec le Maroc.
Une Europe qui investit davantage en technologie et en R&D peut non seulement renforcer sa propre productivité mais aussi stimuler le commerce et les investissements avec le Maroc.