L’impôt comme prédilection
Il est de notoriété publique que le consensus tacite tranche de fait avec le substrat même de la raison. Ce consensus, produit d’une dématérialisation à l’excès n’a d’appétit que pour la banalisation de la chose publique. Ainsi va-t-il de notre endettement. Semble-t-il qu’un dérèglement de piètre résonnance opère lors du passage obligé de la micro-économie à la macro-économie.
Et que certaines notions, ramenées à une perspective individualiste soient plus tenables que d’autres. La vox-populi ne prône-t-elle pas de ne point chausser au-delà de sa pointure ? Et qu’un quidam au train de vie excessif est jugé perdu d’avance ? Peut-être que le non-sens adepte de la formule « Plus c’est gros, plus ça passe » ne perçoit que nécessité et raison dans le cours à vau-l’eau qu’emprunte nos finances publiques.
Et que nos recettes auraient beau peiner à couvrir nos dépenses publiques que ça ne ferait point, comme le dit si bien l’adage commun, mort d’homme. Oui mais jusqu’où? Notre gouvernement n’aura-t-il de cesse que d’actionner inlassablement le levier fragile de l’emprunt à l’international pour couvrir jusqu’à ses dépenses publiques ?
Notons que celui-ci outrepasse la mesure des 31 milliards de dirhams autorisée par le FMI. Ou que dans une perspective, somme toute, honorable et qui sous-tend un équilibre entre les différentes strates sociales, ou encore pour couvrir ses dépenses internes, celui-ci n’aurait de trêve que de recourir impatiemment à l’outil impositaire ? Soit ! Mais de quelle façon ?
Le salarié au menu !
Car si l’on tient compte que l’impôt, à lui seul, peine à combler nos dépenses publiques, que les deux tiers des impôts proviennent de nos vaillants salariés, bien que ceux-ci ne constituent en tout et pour tout que 10 % de la force active, force serait de constater que miser sur le seul impôt est une aberration indigne de nous.
Ouvrons une parenthèse pour gloser que ceux-ci, et contrairement aux idées reçues, sont en moyenne moins bien rémunérés que nos fonctionnaires. Lesquels fonctionnaires bénéficient de la majeure partie des recettes cumulées. Nous pouvons rajouter une couche et avancer preuve à l’appui que le gouvernement persiste et signe qu’un impôt de solidarité viendra ronger le modeste salaire de ceux parmi les salariés qui touchent dix mille dirhams et plus.
Et loin de procéder à une imposition par paliers, les salaires auraient beau être des multiplies infinis du seuil établi, qu’ils feraient l’objet du même pourcentage de 1,5 %. Dans la même lancée une imposition de 5% viendra couper dans le chiffre d’affaire des sociétés accusant des gains de plus 5 millions de dirhams annuels.
L’impôt oui, mais à temps !
Mais ne perdons pas le nord, l’idée ici, est d’être à même de combler ce déficit budgétaire que nous trainons, bon an mal an, dernière nous, et qui charge de plus en plus notre balance. Un déficit qui pourrait engourdir les bonnes volontés de tant d’investisseurs notamment étrangers.
Rappelons, pour la note historique, qu’en début des années 90, nombre d’investisseur étrangers forcèrent les portes d’entrées du Maroc, qui, à l’époque jouissait d’une balance qui serait souhaitable aujourd’hui.
Si tant est que l’on puisse ajuster notre balance budgétaire moyennant une réforme fiscale, nous ne pouvons de prime abord que dénoncer les travers de celle-ci. Car le gouvernement, ne pourrait-il pas plutôt penser à un élargissement de l’assiette fiscale, que de forcer abruptement le coup de la pression fiscale qui n’a de propre que de mettre à mal nos entreprises, de là notre économie ?
Nous pouvons sobrement mener un raisonnement et des plus sains. Celui-ci stipule que lever le pied sur l’impôt ne peut que stimuler l’investissement, encourager l’emploi, chose qui, pour revenir à l’essentiel, élargira sans doute l’assiette fiscale tant souhaitée, et permettra de fait à l’État d’engranger encore plus de recettes.
Le complexe de la planche à billets
Si l’impôt est une porte facile d’accès, celle-ci, et contrairement aux apparences, ne peut par le biais d’un emprunt courant, qu’asphyxier notre économie. Dernier point, nous ne pouvons qu’observer avec dépit la réticence dont témoigne la banque du Maroc à faire usage de la planche à billet.
Nous ne pouvons que verser dans son sens, si cet argent excédentaire, en rupture d’équilibre avec les biens et services de notre pays, est utilisé pour boucler ces dits dépenses publiques. Mais cette réticence ne pourrait-elle pas se tempérer si cet argent en surplus est mis à la disposition de nos investisseurs ?
Car rappelons-le, la trame est la même, cet investissement, du-t-il être le fruit d’une planche qui aurait tourné plus qu’il ne le faut, ne manquerait de contrebalancer ce flux excédentaire par des biens et services, qui sous-entendent un coup de pouce donné à l’emploi, puis à l’élargissement de l’assiette fiscale.
Et la boucle est bouclée. Ainsi venons-nous de démontrer qu’il y a bien des façons de combler nos dépenses publiques sans taper sur le bouc-émissaire-salarié. Pour les adeptes des restrictions budgétaires, nous pouvons user du même raisonnement que celui précité, à savoir que ces restrictions pourraient bien couper dans la masse salariale, amaigrir le rendu du travail, resserrer l’assiette fiscale, de là, diminuer les recettes de l’État.
Hicham Aboumerrouane