Parmi les 30 % de foyers motorisés, la majorité (25 %) ne possède qu'un seul véhicule, tandis que seulement 4 % en détiennent deux et 1 % plus de trois. Ce phénomène est particulièrement marqué chez les jeunes adultes âgés de 25 à 44 ans, qui représentent une part significative des propriétaires de véhicules. En revanche, la situation est critique pour les populations rurales et les catégories socio-professionnelles les plus défavorisées : 86 % des habitants des zones rurales et 90 % des personnes appartenant aux classes D et E ne possèdent pas de voiture. Cette disparité met en évidence les obstacles économiques et structurels qui freinent l’accès à la motorisation pour une grande partie de la population.

Le parc automobile marocain présente une image contrastée. Environ 33 % des voitures en circulation ont moins de cinq ans, tandis que 34 % sont âgées de cinq à dix ans, et 33 % dépassent la décennie. Bien que cette diversité d'âge soit indicative d'une certaine dynamique de marché, elle soulève également des préoccupations quant au vieillissement des véhicules. Un parc automobile plus jeune est essentiel pour répondre aux normes environnementales et techniques modernes, et pour garantir la sécurité des usagers de la route.

L’entretien des véhicules est également un sujet de préoccupation. L’étude révèle que seulement 33 % des propriétaires effectuent un entretien annuel, une pratique qui est plus courante pour les véhicules âgés de cinq à dix ans (45 %). En revanche, 6 % des propriétaires n'effectuent jamais d'entretien sur leur véhicule, un chiffre alarmant qui grimpe à 13 % pour les voitures récentes. Les coûts d'entretien sont perçus comme prohibitifs par 66 % des automobilistes, avec une sensibilité accrue chez les femmes : 45 % d'entre elles jugent ces coûts « très chers ». Cette perception des coûts pourrait dissuader de nombreux propriétaires d'effectuer les réparations nécessaires, compromettant ainsi la sécurité et la performance de leurs véhicules.

Malgré ces défis, une lueur d'espoir se dessine pour le marché automobile marocain. Environ 23 % des Marocains envisagent d'acheter ou de remplacer leur voiture dans l'année à venir. Cette intention est particulièrement forte chez les jeunes adultes de 25 à 34 ans (28 %), ainsi que chez les hommes et les catégories socio-professionnelles supérieures. Parmi ces acheteurs potentiels, 77 % privilégient l'acquisition de véhicules neufs, un choix qui est encore plus marqué chez les jeunes (87 %), tandis que seulement 10 % envisagent d'opter pour des voitures d'occasion.

Pour financer ces achats, 45 % des consommateurs comptent sur leurs économies personnelles, suivis par le crédit bancaire classique (11 %), les prêts familiaux (10 %) et le crédit participatif (1 %). Ces chiffres soulignent la nécessité d'améliorer l'accès au financement pour rendre l'achat d'une voiture plus accessible à une plus grande partie de la population.

La situation actuelle du marché automobile marocain offre des perspectives de croissance significatives, mais elle nécessite également une action concertée pour surmonter les obstacles. Avec une majorité de ménages non motorisés et un parc automobile vieillissant, le secteur doit s'adapter pour répondre aux besoins diversifiés des Marocains. Une stratégie globale est donc essentielle pour dynamiser le marché, en tenant compte des enjeux de financement, de coûts d'entretien et d'accessibilité.

En conclusion, l'étude de Sunergia met en exergue l'importance d'une approche inclusive pour le développement du secteur automobile au Maroc. La motorisation ne doit pas être un privilège réservé à une élite, mais un droit accessible à tous, permettant ainsi de garantir une mobilité durable et équitable pour l'ensemble de la population.