Une élection sous contrôle
À la veille des élections présidentielles en Algérie prévues pour le 7 septembre 2024, le pays est plongé dans une ambiance politique tendue. Le président sortant, Abdelmadjid Tebboune, se présente comme le grand favori d’une élection qui semble, selon certains analystes, jouée d'avance.
Soutenu par les principaux partis politiques algériens, Tebboune est le candidat privilégié de l’establishment militaire, ce qui suscite des interrogations sur la nature réelle de cette “démocratie militaire” où la transparence du processus électoral est mise en doute.
Soutenu par les principaux partis politiques algériens, Tebboune est le candidat privilégié de l’establishment militaire, ce qui suscite des interrogations sur la nature réelle de cette “démocratie militaire” où la transparence du processus électoral est mise en doute.
Commençons par la propagande officielle : les réussites économiques sous Tebboune
Durant son premier mandat, Tebboune a initié plusieurs réformes économiques significatives malgré un contexte mondial compliqué par la pandémie de Covid-19. Grâce à la hausse des prix du pétrole et à des mesures de restriction sur les importations, les réserves de change de l’Algérie ont presque doublé, atteignant environ 70 milliards de dollars en 2024. Le gouvernement a également réussi à stabiliser l’inflation et à élargir les subventions pour inclure des produits essentiels tels que le café et la viande importée. Tebboune a lancé des projets ambitieux, tels que l’exploitation de nouvelles ressources minières et le développement de logements pour réduire le chômage. Son bilan économique a été récemment salué par la Banque mondiale comme étant sur un “chemin de développement ambitieux” pour un pays en quête de diversification économique.
Malgré ces pseudo-réussites, la campagne électorale de Tebboune soulève des critiques quant à l’absence de véritable compétition démocratique. Soutenu par une coalition de partis politiques influents comme le FLN et le RND, et bénéficiant du soutien inconditionnel de l’armée, Tebboune semble avoir verrouillé l’élection. Ses deux rivaux, Youcef Aouchiche et Abdelali Hassani Cherif, sont peu expérimentés et leurs chances sont minces face à la puissante machine électorale qui soutient le président sortant. L'accusation d’un manque d’équité dans le processus électoral est renforcée par le retrait forcé de plusieurs candidats d'opposition, notamment Louisa Hanoune, et la marginalisation des autres voix dissidentes.
Une mascarade de campagne vers Une démocratie fantoche ?
Effectivement, on pourrait voir cette campagne électorale en Algérie comme un théâtre absurde. D’un côté, les deux concurrents de Tebboune font de véritables efforts pour convaincre les électeurs, arpentant le pays de long en large ; de l’autre, Tebboune reste confortablement installé au palais présidentiel, apparaissant rarement en public. Pourquoi se fatiguer quand l’armée et les partis politiques font tout le travail à sa place ?
Selon cette vision, l’armée aurait déjà déterminé le résultat du scrutin bien avant le vote. La nomination de responsables religieux pour diriger des campagnes à l’étranger pourrait être interprétée comme une tentative désespérée d'obtenir une légitimité internationale. Certains observateurs affirment même que le président sortant aurait déjà conclu un accord secret avec les élites économiques pour consolider son pouvoir, rendant toute véritable élection inutile.
Selon cette vision, l’armée aurait déjà déterminé le résultat du scrutin bien avant le vote. La nomination de responsables religieux pour diriger des campagnes à l’étranger pourrait être interprétée comme une tentative désespérée d'obtenir une légitimité internationale. Certains observateurs affirment même que le président sortant aurait déjà conclu un accord secret avec les élites économiques pour consolider son pouvoir, rendant toute véritable élection inutile.
Malgré ce climat de suspicion, certains observateurs estiment que l’Algérie pourrait encore surprendre !
Si les résultats sont truqués, une réaction populaire massive pourrait éclater, entraînant des réformes démocratiques inattendues. Cependant, le plus probable est que l'Algérie poursuivra sa trajectoire actuelle, avec une concentration de pouvoir entre les mains d’une élite réduite.
Une concentration du pouvoir portée par une cohorte d'admirateurs et d'apologistes, aidés en cela par un climat de chape de plomb et de paranoïa, que subissent les opposants et les journalistes. Accusés de terrorisme ou de complot contre la sécurité de l'État, nombre de confrères sont emprisonnés sans jugement, leurs médias fermés, leurs proches interdits de quitter le territoire. Leur seul tort ? Avoir exprimé une opinion différente de celle des caciques, à l'instar de Kadi El Ihsen ou de l'opposant Fathi Ghares.
Dans les années à venir, le défi pour l'Algérie sera de se réinventer, non seulement pour diversifier son économie mais aussi pour redéfinir sa gouvernance, passant d’une “démocratie militaire” à une démocratie plus authentique et inclusive.
Une concentration du pouvoir portée par une cohorte d'admirateurs et d'apologistes, aidés en cela par un climat de chape de plomb et de paranoïa, que subissent les opposants et les journalistes. Accusés de terrorisme ou de complot contre la sécurité de l'État, nombre de confrères sont emprisonnés sans jugement, leurs médias fermés, leurs proches interdits de quitter le territoire. Leur seul tort ? Avoir exprimé une opinion différente de celle des caciques, à l'instar de Kadi El Ihsen ou de l'opposant Fathi Ghares.
Dans les années à venir, le défi pour l'Algérie sera de se réinventer, non seulement pour diversifier son économie mais aussi pour redéfinir sa gouvernance, passant d’une “démocratie militaire” à une démocratie plus authentique et inclusive.