Par Bargach Larbi
Il hypothèque sérieusement l’avenir des deux nations liées par la géographie, la langue, la darija algérienne est parfaitement audible pour les marocains et vice versa, la religion et la composition ethnique avec un mélange arabo-amazigh réussi des deux côtés. Contrairement à ce que colportent la plupart des médias étrangers, ce conflit n’est pas lié à l’affaire du Sahara, il remonte à bien des années plutôt lorsque la France a découpé l’Afrique du nord selon ses propres intérêts et détruit sauvagement des liens familiaux puissants qui existent dans toutes les zones frontalières du monde.
Qui a raison et qui a tort ? Personne ne peut se prononcer sans être accusé par l’autre partie de partialité ou même de trahison. La vérité se trouve probablement à mi-chemin. Si les relations entre les deux pays et surtout les deux peuples ont atteint un tel niveau d’hostilité c’est probablement la faute des deux. L’affaire du Sahara est venue creuser la frontière politique et idéologique qui de toute façon allait finir par éclater un jour ou l’autre.
Le Maroc objet d’un protectorat français a obtenu sa décolonisation quelques années avant l’Algérie. La solidarité dont a fait preuve le Maroc lors de cette courte période, séparant les indépendances des deux pays, ne fait aucun doute. Une des principales avenues d’Alger porte le nom de feu Mohamed V, un signe de reconnaissance indiscutable.
Que s’est-il passé ensuite ? Maroc et Algérie, représentée par le le GPRA, avaient convenu de traiter la question des frontières après la libération algérienne. Un document officiel a même été publié par « El Moujahid », organe officiel du FLN, mais le protocole, pourtant signé par les deux parties, ne sera pas respecté. Le GPRA sera renversé 2 mois après la date d’indépendance, et Boumediene, nouvel homme fort du pays, Ben Bella en était la façade, ne se considérera pas concerné par ce document.
Peu importe le tracé des frontières effectué par le système colonial français finira par s’imposer. La Guerre des Sables, remportée militairement par le Maroc, a paradoxalement renforcé le poids diplomatique de l’Algérie. Le pays était très investi dans la cause tiers-mondiste, une cause très populaire au cours des années 60. Hassan II et Boumediene finiront par se mettre d’accord et valider la décision unilatérale française.
Economiquement et socialement les deux régimes ont choisis des voies diamétralement opposées.
Le Maroc, la voie libérale, avec son corolaire répressif pour faire passer des décisions impopulaires. La gauche était convaincue de la nécessité de renverser les gouvernements à vocation capitaliste. Il les considérait, à tort ou à raison, comme les continuateurs des politiques coloniales. Cette gauche ne s’est convertie aux vertus des politiques libérales que bien plus tard, après y avoir introduit une dimension sociale. L’Algérie a emprunté la voie de l’économie dirigiste et de la socialisation des moyens de production avec son alter égo, la nomination des camarades à la place des compétences. Ce choix s’est accompagné d’une tradition de prise en charge du volet social, qui donne aujourd’hui à l’Algérie une avance certaine sur les indices de développement social.
La corruption n’a épargné personne et a probablement privé les deux pays de plusieurs points de PIB, chaque année. Les différents procès engagés par les gouvernements, des deux côtés de la frontière, ne couvrent que la partie visible de l’iceberg. Cela n’a pas empêché des réformes qui vont dans le bon sens, au Maroc et en Algérie. La marocanisation de 1973, consentie par Feu Hassan II à sa gauche, a été un échec, corrigé vingt ans plus tard par la privatisation et l’ouverture économique du pays. La libéralisation sera boostée sous Mohammed VI avec la politique des grands travaux, autoroutes, ports etc., l’ouverture vers l’Afrique, réelle et concrète avec le développement d’un réseau bancaire marocain efficace. Il participe à la bancarisation des pays de présence, au financement de leurs PME et des particuliers à travers des crédits à la consommation, des crédits immobiliers et la bancassurance. Le déploiement d’un hub aérien à Casablanca et les prix compétitifs proposés par la compagnie nationale a servi au désenclavement d’un certain nombre de régions. Le tout au bénéfice de la coopération sud-sud.
La faillite de la politique de nationalisation, de la politique de l’industrie lourde en Algérie, de la réforme agraire et de la politique des milles villages, va obliger le régime algérien à revoir sa copie et ouvrir son économie. Une ouverture, accélérée sous Tebboune, qui commencent à produire des résultats. Ce dernier a aussi lutté contre l’affairisme de l’époque Bouteflika, même si le pays reste sous la menace de l’arrivée d’une nouvelle caste de profiteurs. Ce n’est pas le sujet. Quel que soit la conclusion à laquelle on arrive, l’attitude adolescente qui consiste à comparer les deux pays est puérile et improductive, chacun doit travailler sur ses propres lacunes.
L’impact, au moins au cours des premières années, de la guerre au Sahara et la crise du pétrole explique les écarts qui se sont creusés ici ou là. Les deux pays sont très sensibles à la conjoncture, évolution des cours des hydrocarbures, mauvaise année agricole, tout concoure à la formation du PIB et des recettes fiscales.
Il est bon de se souvenir qu’en 1973 Maroc et Algérie étaient au même niveau de PIB : 15 milliards de dollars chacun. En 1974, soit une année plus tard, avec le quadruplement du cours du pétrole, l’Algérie a vu son PIB passer à 45 milliards de dollars soit le triple de son PIB précédent. Le Maroc s’est maintenu à 15, avec des charges nouvelles inattendues. Depuis les écarts se sont creusés au rythme des crises, dont la plus importante a été celle de 1979.
L’Algérie a été pénalisée, par la suite par les conséquences de la décennie noire et la fin cafouilleuse des années Bouteflika. Elle est aujourd’hui en plein rebond, pas au niveau stratosphérique des excès de langage d’un président en campagne, mais le rebond est réel, reconnu par les instances internationales. Il est vrai que M. Tebboune est définitivement en guerre déclarée avec les chiffres.
Rien ne justifie à priori la haine qui se développe actuellement, notamment sur les réseaux sociaux, et sur les médias algériens. Les médias officiels marocains ne répondent quasiment jamais. Il n’est pas permis au Maroc de publier, sur un média lié au pouvoir, des caricatures offensantes ou des fake news attentatoires sur les médias marocains. Pourtant la propagation de contenus haineux, chez les voisins, se développe à grande vitesse. Le Sahara pèse sur la balance. Il a obligé le Maroc à augmenter son budget militaire et abandonner, pendant longtemps un grand nombre de projets sociaux pour financer une guerre imposée. Il a bénéficié à ce titre du soutien de pays amis, notamment parmi les pays du golfe.
Du monde occidental aussi, mais les alliances avec l’occident manquent de fiabilité. L’Algérie aussi a dépensé sans compter pour la RASD, émanation du Polisario. Cette république, créée de toutes pièces, un héritage du président Boumediene, oblige le gouvernement algérien à dégager un budget annuel conséquent pour financer ses activités. Un gouvernement, des ambassades, une armée et le train de vie des dirigeants du mouvement indépendantiste et leurs enfants, ça coûte cher. D’autant qu’il faut maintenir la motivation des dirigeants du Polisario que l’on peut qualifier de mercenaires. Ils défendent une cause qui n’est pas la leur c’est le principe même du mercenaire. Les véritables indépendantistes, il y en a comme dans toutes les régions de tous les pays du monde, se font discrets et se sont pour la plupart ralliés à la proposition marocaine d’autonomie. Ils ont rejoint la mère patrie et occupent aujourd’hui des postes importants, en fonction de leurs compétences, et du vote des sahraouis, au sein de la gouvernance de la région.
Le président Boumediene n’a pas été à l’origine de la création du Polisario. C’est la Mauritanie qui a abrité les premières rencontres des chefs du mouvement et la Libye qui a tout financé. Alger, sous Boumediene a longtemps empêché toute livraison d’armes au Polisario. Elle ne s’est impliquée dans ce dossier qu’après le lancement de la Marche Verte.
Hassan II avait prévenu Boumediene et Mokhtar Ould Daddah, le président mauritanien, de son projet de soumettre le dossier du Sahara à la Cour Internationale de Justice. C’était à Agadir en 1973, lors d’un sommet tripartite. Il n’a pas ressenti l’adhésion qu’il était en droit d’espérer de deux partenaires avec lesquels il avait développé des liens précieux depuis 4 ans. L’activisme de l’algérien Bedjaoui, juriste influent au sein de la CIJ l’a confirmé dans ses doutes.
C’est, selon toute vraisemblance, lui qui a imposé le rajout de la clause d’un référendum d’autodétermination dans l’arrêt de la Cour. La Cour devait se prononcer sur deux questions : le Sahara était-il une terre sans maître à l’arrivée des espagnols ? Une affirmation du gouvernement Franco. Et en cas de réponse négative, quels étaient les liens des tribus qui l’occupaient avec le Maroc. La réponse de la Cour était claire, la terre avait un maitre avant la conquête espagnole, compte tenu des liens d’allégeances qui unissaient les tribus qui occupaient la terre au sultan de l’Empire Chérifien du Maroc.
Le rajout d’un avis supplémentaire, hors questions posées au CIJ, permettait au dossier de continuer à exister à l’ONU. Le Maroc fort de la réponse de la CIJ aux questions posées a organisé la Marche Verte, signé les accords de Madrid, récupéré Sakia El Hamra et plus tard Oued Eddahab, abandonné un premier temps à la Mauritanie pour ne pas rater le coche d’une volonté espagnole de résoudre rapidement la question sahraouie.
La réaction algérienne a été violente, on l’a vu, création d’une République, déplacement de trois à quatre mille sahraouis (pas plus) vers Tindouf et expulsion et dépouillement de 45.000 marocains, résidents en Algérie, le jour de la fête du mouton. Des images satellites existent sur le déplacement des 350.000 marcheurs marocains et de l’expulsion des 45.000 marocains d’Algérie, il n’y en a pas pour le déplacement massif de sahraouis vers l’Algérie. Les soi-disant réfugiés présentés aux associations des droits de l’homme par le régime algérien, sont tous des transfuges mauritaniens, maliens, tchadiens, algériens et mêmes cubains. De nombreux cadavres de « combattants » sahraouis non circoncis ont été découvert par les FAR.
Depuis les différents gouvernements algériens ont tout fait pour imposer une république au sud du Maroc. Ils l’ont fait reconnaitre par plus de 80 pays, 50 ont depuis retiré leur reconnaissance. Ils l’ont imposé à l’OUA et en ont fait un pays fondateur de l’Union Africaine, une organisation continentale que le Maroc vient de réintégrer. Ils ont déployé toute leur énergie pour s’opposer au développement de la région sous prétexte que le Maroc serait en train de piller ses ressources naturelles. Ils ont réussi à trouver des alliés aux Etats Unis, auprès des Républicains, James Baker, Christopher Ross quasi recruté de l’administration américaine. Il a été ambassadeur des Usa à Alger.
Auprès des démocrates aussi avec la fondation Kennedy. Pendant que le Maroc sécurisait l’ensemble de son territoire, l’Algérie mettait toutes ses forces et ses moyens pour l’en priver à travers un lobbying très efficace. Depuis décembre 2020, l’affaire a basculée. Le soutien de Trump à la marocanité du Sahara a changé la donne. Le coût politique de cette reconnaissance est connu. Il n’a rien changé à la position du Maroc sur la question palestinienne. Le Maroc est toujours dans la droite ligne des décisions de la Ligue Arabe et du plan de paix du Roi Fahd. C’est la même position que celle du gouvernement algérien. M. Tebboune l’a confirmée officiellement au secrétaire d’état américain Blinken, lors d’une visite à Alger. L’enregistrement de son entretien a été publié.
Le Maroc, pour souligner sa position et s’inscrire dans une position de futur médiateur, le cas échéant, a reçu, dans la foulée, l’ancien responsable du Hamas, quelques semaines après la reconnaissance de M. Trump. Cette décision américaine aura eu le mérite de mettre la lumière sur la réalité du conflit et de faciliter certaines reconversions, l’Allemagne, l’Espagne et la France, récemment, ont sont les principales figures.
La diplomatie algérienne, sentant le vent tourner, jette ses dernières forces dans la bataille. Mais au lieu de collaborer avec l’ONU et s’adapter aux nouvelles dispositions contenues dans les dernières résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU, elle tente un retour en arrière improbable.
Elle relance le projet d’autodétermination et feint ignorer les raisons de son échec, essentiellement le corps électoral. Elle n’abandonne pas l’option militaire, le budget consacré à l’armement avait battu un record en atteignant la somme pharaonique de 20 milliards de dollars, il passe à 24 pour l’exercice 2025, selon la presse algérienne. Mais c’est surtout au niveau de la communication que l’Algérie a mis le paquet. Une communication destinée à l’interne. Elle consiste à dénigrer toutes les réalisations du Maroc. Le montage des automobiles au Maroc est réduit au gonflage des pneus, la remarquable percée de la RAM dans le continent, c’est pour le trafic de drogue, le tourisme des 14 millions de pax, c’est pour le sexe, les banques marocaines 1er réseau de l’Afrique de l’ouest, c’est pour blanchir l’argent de la drogue etc. On comprend pourquoi les frontières terrestres sont fermées et l’espace aérien aussi. Il faut absolument éviter que les algériens découvrent la réalité des mensonges de leurs gouvernants.
Une communication destinée à l’externe. Elle s’attaque essentiellement au Maroc en diffusant des fakes news, bien construites, basées sur des faits divers qu’ils tentent d’institutionaliser.
La guerre à Gaza est instrumentalisée à outrance. Le chroniqueur algérien Mehdi Guezzar a même tenté d’inverser la réalité en disant que le Maroc interdisait toute manifestation pro palestinienne. C’est absolument faux et au contraire l’Algérie qui interdit le moindre rassemblement pro palestinien. La peur d’un retour du Hirak sans doute. Ils utilisent également son pendant israélien. Ils oublient que si les marocains sont à 100% contre l’occupation israélienne et dénoncent le génocide en cours, ils sont contre toute forme de racisme. L’antisémitisme n’a pas sa place dans ce pays. Le racisme anti noir non plus. Ce n’est pas le cas de nos voisins où ce racisme est toléré sinon encouragé.
D’autres angles d’attaques sont utilisés, ils sont vulgaires, abjectes et témoigne d’un régime aux abois. Les dirigeants algériens sont loin d’être idiots, ils savent que la dynamique a changé de camp. Leurs victoires diplomatiques passées maintenaient l’espoir de voir un jour leurs thèses aboutir. Pendant ce temps le Maroc investissait dans la consolidation de sa souveraineté. Il a, depuis vingt, accéléré le rythme de ses investissements : Routes, Ports, modernisations de la distribution, avec l’implantation de grandes surfaces, le tourisme, la santé, l’éducation. Il a développé la démocratie locale et permis l’éclosion de jeunes talents issus de la région dont ils ont pris la commande. Autant de projets rendant crédibles sa proposition d’autonomie.
La dynamique a complétement changé avec l’ouverture de consulats, la subtilité de la rédaction des nouvelles résolutions de l’ONU qui empêchent la possibilité d’envisager autre chose que la souveraineté du Maroc sur ses provinces du sud
L’Algérie ne baissera pas les bras. Elle a créé un monstre et lui a cédé une partie de son territoire. Le Maroc n’acceptera le retour que des sahraouis en mesure de prouver des relations familiales avec des habitants de Laayoune, Dakhla, Smara etc. Les autres il faudra bien les caser quelque part. Les présidents algériens, avant de prendre le pouvoir, ont des propos très avenant envers le Maroc. Ils changent d’avis dès qu’ils prennent connaissance de la réalité du dossier. Il faudra l’élection d’un président légitime pour trouver en lui le courage des décisions difficiles. Ce n’est pas pour demain
Bargach Larbi
Qui a raison et qui a tort ? Personne ne peut se prononcer sans être accusé par l’autre partie de partialité ou même de trahison. La vérité se trouve probablement à mi-chemin. Si les relations entre les deux pays et surtout les deux peuples ont atteint un tel niveau d’hostilité c’est probablement la faute des deux. L’affaire du Sahara est venue creuser la frontière politique et idéologique qui de toute façon allait finir par éclater un jour ou l’autre.
Le Maroc objet d’un protectorat français a obtenu sa décolonisation quelques années avant l’Algérie. La solidarité dont a fait preuve le Maroc lors de cette courte période, séparant les indépendances des deux pays, ne fait aucun doute. Une des principales avenues d’Alger porte le nom de feu Mohamed V, un signe de reconnaissance indiscutable.
Que s’est-il passé ensuite ? Maroc et Algérie, représentée par le le GPRA, avaient convenu de traiter la question des frontières après la libération algérienne. Un document officiel a même été publié par « El Moujahid », organe officiel du FLN, mais le protocole, pourtant signé par les deux parties, ne sera pas respecté. Le GPRA sera renversé 2 mois après la date d’indépendance, et Boumediene, nouvel homme fort du pays, Ben Bella en était la façade, ne se considérera pas concerné par ce document.
Peu importe le tracé des frontières effectué par le système colonial français finira par s’imposer. La Guerre des Sables, remportée militairement par le Maroc, a paradoxalement renforcé le poids diplomatique de l’Algérie. Le pays était très investi dans la cause tiers-mondiste, une cause très populaire au cours des années 60. Hassan II et Boumediene finiront par se mettre d’accord et valider la décision unilatérale française.
Economiquement et socialement les deux régimes ont choisis des voies diamétralement opposées.
Le Maroc, la voie libérale, avec son corolaire répressif pour faire passer des décisions impopulaires. La gauche était convaincue de la nécessité de renverser les gouvernements à vocation capitaliste. Il les considérait, à tort ou à raison, comme les continuateurs des politiques coloniales. Cette gauche ne s’est convertie aux vertus des politiques libérales que bien plus tard, après y avoir introduit une dimension sociale. L’Algérie a emprunté la voie de l’économie dirigiste et de la socialisation des moyens de production avec son alter égo, la nomination des camarades à la place des compétences. Ce choix s’est accompagné d’une tradition de prise en charge du volet social, qui donne aujourd’hui à l’Algérie une avance certaine sur les indices de développement social.
La corruption n’a épargné personne et a probablement privé les deux pays de plusieurs points de PIB, chaque année. Les différents procès engagés par les gouvernements, des deux côtés de la frontière, ne couvrent que la partie visible de l’iceberg. Cela n’a pas empêché des réformes qui vont dans le bon sens, au Maroc et en Algérie. La marocanisation de 1973, consentie par Feu Hassan II à sa gauche, a été un échec, corrigé vingt ans plus tard par la privatisation et l’ouverture économique du pays. La libéralisation sera boostée sous Mohammed VI avec la politique des grands travaux, autoroutes, ports etc., l’ouverture vers l’Afrique, réelle et concrète avec le développement d’un réseau bancaire marocain efficace. Il participe à la bancarisation des pays de présence, au financement de leurs PME et des particuliers à travers des crédits à la consommation, des crédits immobiliers et la bancassurance. Le déploiement d’un hub aérien à Casablanca et les prix compétitifs proposés par la compagnie nationale a servi au désenclavement d’un certain nombre de régions. Le tout au bénéfice de la coopération sud-sud.
La faillite de la politique de nationalisation, de la politique de l’industrie lourde en Algérie, de la réforme agraire et de la politique des milles villages, va obliger le régime algérien à revoir sa copie et ouvrir son économie. Une ouverture, accélérée sous Tebboune, qui commencent à produire des résultats. Ce dernier a aussi lutté contre l’affairisme de l’époque Bouteflika, même si le pays reste sous la menace de l’arrivée d’une nouvelle caste de profiteurs. Ce n’est pas le sujet. Quel que soit la conclusion à laquelle on arrive, l’attitude adolescente qui consiste à comparer les deux pays est puérile et improductive, chacun doit travailler sur ses propres lacunes.
L’impact, au moins au cours des premières années, de la guerre au Sahara et la crise du pétrole explique les écarts qui se sont creusés ici ou là. Les deux pays sont très sensibles à la conjoncture, évolution des cours des hydrocarbures, mauvaise année agricole, tout concoure à la formation du PIB et des recettes fiscales.
Il est bon de se souvenir qu’en 1973 Maroc et Algérie étaient au même niveau de PIB : 15 milliards de dollars chacun. En 1974, soit une année plus tard, avec le quadruplement du cours du pétrole, l’Algérie a vu son PIB passer à 45 milliards de dollars soit le triple de son PIB précédent. Le Maroc s’est maintenu à 15, avec des charges nouvelles inattendues. Depuis les écarts se sont creusés au rythme des crises, dont la plus importante a été celle de 1979.
L’Algérie a été pénalisée, par la suite par les conséquences de la décennie noire et la fin cafouilleuse des années Bouteflika. Elle est aujourd’hui en plein rebond, pas au niveau stratosphérique des excès de langage d’un président en campagne, mais le rebond est réel, reconnu par les instances internationales. Il est vrai que M. Tebboune est définitivement en guerre déclarée avec les chiffres.
Rien ne justifie à priori la haine qui se développe actuellement, notamment sur les réseaux sociaux, et sur les médias algériens. Les médias officiels marocains ne répondent quasiment jamais. Il n’est pas permis au Maroc de publier, sur un média lié au pouvoir, des caricatures offensantes ou des fake news attentatoires sur les médias marocains. Pourtant la propagation de contenus haineux, chez les voisins, se développe à grande vitesse. Le Sahara pèse sur la balance. Il a obligé le Maroc à augmenter son budget militaire et abandonner, pendant longtemps un grand nombre de projets sociaux pour financer une guerre imposée. Il a bénéficié à ce titre du soutien de pays amis, notamment parmi les pays du golfe.
Du monde occidental aussi, mais les alliances avec l’occident manquent de fiabilité. L’Algérie aussi a dépensé sans compter pour la RASD, émanation du Polisario. Cette république, créée de toutes pièces, un héritage du président Boumediene, oblige le gouvernement algérien à dégager un budget annuel conséquent pour financer ses activités. Un gouvernement, des ambassades, une armée et le train de vie des dirigeants du mouvement indépendantiste et leurs enfants, ça coûte cher. D’autant qu’il faut maintenir la motivation des dirigeants du Polisario que l’on peut qualifier de mercenaires. Ils défendent une cause qui n’est pas la leur c’est le principe même du mercenaire. Les véritables indépendantistes, il y en a comme dans toutes les régions de tous les pays du monde, se font discrets et se sont pour la plupart ralliés à la proposition marocaine d’autonomie. Ils ont rejoint la mère patrie et occupent aujourd’hui des postes importants, en fonction de leurs compétences, et du vote des sahraouis, au sein de la gouvernance de la région.
Le président Boumediene n’a pas été à l’origine de la création du Polisario. C’est la Mauritanie qui a abrité les premières rencontres des chefs du mouvement et la Libye qui a tout financé. Alger, sous Boumediene a longtemps empêché toute livraison d’armes au Polisario. Elle ne s’est impliquée dans ce dossier qu’après le lancement de la Marche Verte.
Hassan II avait prévenu Boumediene et Mokhtar Ould Daddah, le président mauritanien, de son projet de soumettre le dossier du Sahara à la Cour Internationale de Justice. C’était à Agadir en 1973, lors d’un sommet tripartite. Il n’a pas ressenti l’adhésion qu’il était en droit d’espérer de deux partenaires avec lesquels il avait développé des liens précieux depuis 4 ans. L’activisme de l’algérien Bedjaoui, juriste influent au sein de la CIJ l’a confirmé dans ses doutes.
C’est, selon toute vraisemblance, lui qui a imposé le rajout de la clause d’un référendum d’autodétermination dans l’arrêt de la Cour. La Cour devait se prononcer sur deux questions : le Sahara était-il une terre sans maître à l’arrivée des espagnols ? Une affirmation du gouvernement Franco. Et en cas de réponse négative, quels étaient les liens des tribus qui l’occupaient avec le Maroc. La réponse de la Cour était claire, la terre avait un maitre avant la conquête espagnole, compte tenu des liens d’allégeances qui unissaient les tribus qui occupaient la terre au sultan de l’Empire Chérifien du Maroc.
Le rajout d’un avis supplémentaire, hors questions posées au CIJ, permettait au dossier de continuer à exister à l’ONU. Le Maroc fort de la réponse de la CIJ aux questions posées a organisé la Marche Verte, signé les accords de Madrid, récupéré Sakia El Hamra et plus tard Oued Eddahab, abandonné un premier temps à la Mauritanie pour ne pas rater le coche d’une volonté espagnole de résoudre rapidement la question sahraouie.
La réaction algérienne a été violente, on l’a vu, création d’une République, déplacement de trois à quatre mille sahraouis (pas plus) vers Tindouf et expulsion et dépouillement de 45.000 marocains, résidents en Algérie, le jour de la fête du mouton. Des images satellites existent sur le déplacement des 350.000 marcheurs marocains et de l’expulsion des 45.000 marocains d’Algérie, il n’y en a pas pour le déplacement massif de sahraouis vers l’Algérie. Les soi-disant réfugiés présentés aux associations des droits de l’homme par le régime algérien, sont tous des transfuges mauritaniens, maliens, tchadiens, algériens et mêmes cubains. De nombreux cadavres de « combattants » sahraouis non circoncis ont été découvert par les FAR.
Depuis les différents gouvernements algériens ont tout fait pour imposer une république au sud du Maroc. Ils l’ont fait reconnaitre par plus de 80 pays, 50 ont depuis retiré leur reconnaissance. Ils l’ont imposé à l’OUA et en ont fait un pays fondateur de l’Union Africaine, une organisation continentale que le Maroc vient de réintégrer. Ils ont déployé toute leur énergie pour s’opposer au développement de la région sous prétexte que le Maroc serait en train de piller ses ressources naturelles. Ils ont réussi à trouver des alliés aux Etats Unis, auprès des Républicains, James Baker, Christopher Ross quasi recruté de l’administration américaine. Il a été ambassadeur des Usa à Alger.
Auprès des démocrates aussi avec la fondation Kennedy. Pendant que le Maroc sécurisait l’ensemble de son territoire, l’Algérie mettait toutes ses forces et ses moyens pour l’en priver à travers un lobbying très efficace. Depuis décembre 2020, l’affaire a basculée. Le soutien de Trump à la marocanité du Sahara a changé la donne. Le coût politique de cette reconnaissance est connu. Il n’a rien changé à la position du Maroc sur la question palestinienne. Le Maroc est toujours dans la droite ligne des décisions de la Ligue Arabe et du plan de paix du Roi Fahd. C’est la même position que celle du gouvernement algérien. M. Tebboune l’a confirmée officiellement au secrétaire d’état américain Blinken, lors d’une visite à Alger. L’enregistrement de son entretien a été publié.
Le Maroc, pour souligner sa position et s’inscrire dans une position de futur médiateur, le cas échéant, a reçu, dans la foulée, l’ancien responsable du Hamas, quelques semaines après la reconnaissance de M. Trump. Cette décision américaine aura eu le mérite de mettre la lumière sur la réalité du conflit et de faciliter certaines reconversions, l’Allemagne, l’Espagne et la France, récemment, ont sont les principales figures.
La diplomatie algérienne, sentant le vent tourner, jette ses dernières forces dans la bataille. Mais au lieu de collaborer avec l’ONU et s’adapter aux nouvelles dispositions contenues dans les dernières résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU, elle tente un retour en arrière improbable.
Elle relance le projet d’autodétermination et feint ignorer les raisons de son échec, essentiellement le corps électoral. Elle n’abandonne pas l’option militaire, le budget consacré à l’armement avait battu un record en atteignant la somme pharaonique de 20 milliards de dollars, il passe à 24 pour l’exercice 2025, selon la presse algérienne. Mais c’est surtout au niveau de la communication que l’Algérie a mis le paquet. Une communication destinée à l’interne. Elle consiste à dénigrer toutes les réalisations du Maroc. Le montage des automobiles au Maroc est réduit au gonflage des pneus, la remarquable percée de la RAM dans le continent, c’est pour le trafic de drogue, le tourisme des 14 millions de pax, c’est pour le sexe, les banques marocaines 1er réseau de l’Afrique de l’ouest, c’est pour blanchir l’argent de la drogue etc. On comprend pourquoi les frontières terrestres sont fermées et l’espace aérien aussi. Il faut absolument éviter que les algériens découvrent la réalité des mensonges de leurs gouvernants.
Une communication destinée à l’externe. Elle s’attaque essentiellement au Maroc en diffusant des fakes news, bien construites, basées sur des faits divers qu’ils tentent d’institutionaliser.
La guerre à Gaza est instrumentalisée à outrance. Le chroniqueur algérien Mehdi Guezzar a même tenté d’inverser la réalité en disant que le Maroc interdisait toute manifestation pro palestinienne. C’est absolument faux et au contraire l’Algérie qui interdit le moindre rassemblement pro palestinien. La peur d’un retour du Hirak sans doute. Ils utilisent également son pendant israélien. Ils oublient que si les marocains sont à 100% contre l’occupation israélienne et dénoncent le génocide en cours, ils sont contre toute forme de racisme. L’antisémitisme n’a pas sa place dans ce pays. Le racisme anti noir non plus. Ce n’est pas le cas de nos voisins où ce racisme est toléré sinon encouragé.
D’autres angles d’attaques sont utilisés, ils sont vulgaires, abjectes et témoigne d’un régime aux abois. Les dirigeants algériens sont loin d’être idiots, ils savent que la dynamique a changé de camp. Leurs victoires diplomatiques passées maintenaient l’espoir de voir un jour leurs thèses aboutir. Pendant ce temps le Maroc investissait dans la consolidation de sa souveraineté. Il a, depuis vingt, accéléré le rythme de ses investissements : Routes, Ports, modernisations de la distribution, avec l’implantation de grandes surfaces, le tourisme, la santé, l’éducation. Il a développé la démocratie locale et permis l’éclosion de jeunes talents issus de la région dont ils ont pris la commande. Autant de projets rendant crédibles sa proposition d’autonomie.
La dynamique a complétement changé avec l’ouverture de consulats, la subtilité de la rédaction des nouvelles résolutions de l’ONU qui empêchent la possibilité d’envisager autre chose que la souveraineté du Maroc sur ses provinces du sud
L’Algérie ne baissera pas les bras. Elle a créé un monstre et lui a cédé une partie de son territoire. Le Maroc n’acceptera le retour que des sahraouis en mesure de prouver des relations familiales avec des habitants de Laayoune, Dakhla, Smara etc. Les autres il faudra bien les caser quelque part. Les présidents algériens, avant de prendre le pouvoir, ont des propos très avenant envers le Maroc. Ils changent d’avis dès qu’ils prennent connaissance de la réalité du dossier. Il faudra l’élection d’un président légitime pour trouver en lui le courage des décisions difficiles. Ce n’est pas pour demain
Bargach Larbi