La rupture entre les pays membres de la Confédération des Etats du Sahel (AES), à savoir le Mali, le Niger et le Burkina Faso, et l’Algérie est désormais consommée, après des mois de relations diplomatiques tendus entre Alger et Bamako, une brouille que l’on croyait pourtant récemment dépassée.

Le Mali avait, en effet, nommé, le 28 mars, Mohamed Amaga Dolo comme son nouvel ambassadeur à Alger. La veille, le président Abdemajid Tebboune se félicitait, dans un entretien accordé à des médias algériens, de la normalisation des relations entre les deux pays. 

Le Collège des chefs d’État de l’AES a publié, le 6 avril, un communiqué incendiaire où il condamne avec véhémence la destruction d’un drone de l’armée malienne, dans la nuit du 31 mars au 1 avril à Tinzaouatène, aux frontières entre le Mali et l’Algérie.

Les pays de l’AES ont, par ailleurs, décidé de rappeler leurs ambassadeurs à Alger, qui a également rappelé, le jour même, son ambassadeur à Bamako.

Il est à souligner que le ministère de la défense algérien avait, effectivement, officiellement annoncé avoir abattu le drone malien de fabrication turque, un Akinci rentré en service en novembre 2024. 

Le survol des frontières algéro-maliennes par des drones de l’armée malienne n’est pourtant pas chose rare dans le contexte de la guerre menée par Bamako contre les groupes terroristes qui sévissent au Nord du pays.

Alger, pour sa part, prétend avoir abattu un drone d’observation armé qui aurait pénétré dans son espace aérien. Les débris du drone abattu ont, cependant, été retrouvés en territoire malien, dans une zone inhabitée, sans faire de victimes, ni de dégâts matériels.

Les Maliens affirment que le drone a été abattu au moment où il traquait un groupe armé appartenant au Front de libération de l’Azawad, une organisation séparatiste touareg classée par Bamako comme terroriste. 

L’intervention de l’armée algérienne a empêché le drone malien de cibler le groupe terroriste, ce qui revient, pour Bamako et ses alliés de l’AES, à le protéger.

Cet incident semble, toutefois, avoir encore plus renforcé la détermination de l’armée malienne. 

Le Général Oumar Diarra, chef d'État-major général des armées maliennes n’a pas caché sa fureur : « Nous allons poursuivre nos missions de recherche et de destruction des terroristes sur l’ensemble du territoire national. Toute personne ou toute organisation qui se mettra en travers de la sécurité et de la stabilité du Mali, nous allons vous combattre ». Un message adressé à qui de droit qui a le mérite de la clarté.

En réaction au drone abattu, l’armée malienne a mené de violentes frappes aériennes sur les bases arrière des groupes terroristes, en territoire algérien.

Un simple coup d’œil sur une carte géographique montre à quel point l’Algérie est désormais quasi-isolée sur le plan régional. 

Son soutien au groupe terroriste séparatiste du polisario a pourri ses relations avec le Maroc depuis un demi-siècle. Le Mali est en train d’affronter exactement le même problème, cette fois avec les groupes terroristes séparatistes se réclamant de l’Azawad.

Et comme tous les groupes terroristes du Sahel interagissent sur les plans logistique et opérationnel, ce sont tous les pays du Sahel qui se sentent, à juste titre, menacés par les agissements hostiles de l’Algérie.

Le Maroc, pour sa part, profite pleinement de la prise de conscience des pays de l’AES de la toxicité du voisinage avec l’Algérie, en particulier le Mali.

La commission mixte maroco-malienne a tenu sa toute première réunion, du 17 au 19 février 2025 à Bamako. Les discussions ont porté sur la formation, la logistique et la coopération sécuritaire.

Par ailleurs, 165 soldats des Forces armées maliennes ont bénéficié, à la base de Benguerir, d’une session de formation en parachutisme, sous l’encadrement de la 2ème brigade d’infanterie parachutiste des Forces armées royales (FAR).

500 autres soldats maliens devraient également bénéficier de stages de formations au Maroc, parmi lesquels des opérateurs de drones…

Malgré quelques récentes difficultés rencontrées, dues à des manœuvres syndicales plus que douteuses, les grandes entreprises marocaines actives au Mali font, d’autre part, bonne figure. 

Deux d’entre elles, la BIM-sa, filiale du groupe Attijari Wafa Bank, et Malitel, filiale du groupe Maroc Télécom, ont été respectivement primée, le 15 mars, la « Banque la plus dynamique du Mali » et l’« Entreprise la plus dynamique dans le secteur des télécommunications » lors d’un gala à Bamako, organisé par le cabinet sénégalais « Eco Finance », en partenariat avec le magazine économique « AZ Solutions Entreprises », cérémonie à laquelle a pris part le ministre malien des affaires foncières.

La détérioration des relations entre l’Algérie et le Mali pourrait, par ailleurs, constituer une opportunité pour les exportateurs marocains de produits alimentaires au Nord du marché malien, fourni jusqu’alors en produits algériens.

Il est à rappeler que le Roi Mohammed VI a proposé aux pays de l’AES, le 6 novembre 2023, l’Initiative Atlantique en faveur des pays du Sahel, permettant de les désenclaver par un accès au port de Dakhla.