Dans cette perspective, un rituel reste inhérent à la préparation et à la consommation du thé, dont nombre d’ouvrages ont décrit et évoqué les principes spécifiques à chaque catégorie sociale, suivant les habitudes qui vont jusqu’à la dépendance totale.
Dans ce contexte, l’enseignant universitaire et chercheur en études littéraires et culturelles, Ahmed Tayii, a indiqué, dans une déclaration à la MAP, que le rituel de préparation et de consommation du thé est une question de longue date pour les Marocains.
Le thé occupe en effet une place de choix dans la culture marocaine, a-t-il dit, notant que cette boisson appréciée par tous, a un rituel bien particulier, sur le plan national en général et au niveau des régions sud-est en particulier.
Sa consommation est restée intimement liée à la population locale depuis belle lurette. Comme le thé l’accompagnait dans ses moments de prospérité et de diversité, elle s’aventurait à aller le chercher et à l’acheter, aussi loin et aussi cher soit-il, pourvu qu’il soit de bonne qualité.
Parmi les importants rituels locaux des régions du sud et du sud-est est de s’asseoir autour d’un plateau de thé (siniya) dans le dessein d’aborder différents sujets, échanger les points de vue et discuter de tout et de rien, des préoccupations et des soucis de chacun.
Pour la préparation du thé, a-t-il expliqué, il est nécessaire de la présence d’un expert en la matière à qui l’on offre au préalable un ustensile pour se laver les mains et les sécher ensuite, conformément aux habitudes de la population du sud-est du royaume.
La fête ne sera au complet qu’avec la présence notamment du brasero, du charbon, du souffleur, de la théière, de la bonne qualité du thé et du sucre, autant d’éléments indispensables pour la préparation d’un bon thé qui convient aux rencontres familiales et aux convives.
Si le thé accompagne différentes saisons de l’année à travers l’utilisation de la menthe en été ou de l’absinthe en hiver, ainsi que d’autres plantes aromatiques, notamment le thym, la verveine et la menthe sauvage, lors de la phase de préparation, la distribution des verres de thé aux personnes présentes et aux convives a sa propre spécificité, qui se fait suivant les tranches d’âge ou la position sociale de chaque individu, avant de les retourner au plateau, une fois vidés, mais de manière organisée.
Tous ces rituels n’existent plus comme au bon vieux temps, avec le changement du mode de vie des gens et les contraintes de cette nouvelle époque, excepté dans certains ménages qui s’y attachent encore.
Historiquement parlant, le thé a fait son apparition au Maroc au début du 18ème siècle sous l’ère du Sultan Moulay Ismail, dans le cadre des cadeaux offerts aux Sultans du Royaume et aux grands hommes d’Etat, alors qu’entre les années trente et soixante du 19ème siècle, le thé a proliféré en milieu urbain mais qui n’est devenu à la portée de tout le monde qu’à partir des années quarante du 20ème siècle.
Les retrouvailles autour d’un thé sont avant tout une occasion de rencontre et de communication propre à tous les Marocains fidèles à sa consommation, de manière régulière, en particulier par les habitants des régions sahariennes et montagneuses qui pour faire preuve d’hospitalité tiennent à accueillir leurs visiteurs par un bon verre de thé préparé à la marocaine. En tout état de cause, le thé reste un bon compagnon de l’ensemble des Marocains dans leurs moments de joie, de détente et de plaisir.
Lodj (avec MAP).
L'ONU parle aussi du thé / un.org/fr/observances/tea-day
Le thé est une boisson faite à partir des feuilles du théier. Il s’agit de la boisson la plus consommée au monde, après l'eau. On pense que le thé est originaire du nord-est de l'Inde, du nord du Myanmar et du sud-ouest de la Chine, mais l'endroit exact où la plante est apparue n'est à ce jour pas connu. Nous savons toutefois que le thé nous accompagne depuis des millénaires : il était déjà consommé en Chine il y a 5000 ans !
La production et la transformation du thé constituent l’une des principales sources de revenus pour des millions de familles dans les pays en développement, ainsi que le principal moyen de subsistance pour les familles les plus pauvres des pays les moins avancés.
L’industrie du thé est en effet une source majeure de revenus et de recettes d’exportation pour certains des pays les plus pauvres et, grâce à son fort besoin de main-d’œuvre, elle génère de nombreux emplois, notamment dans les zones reculées et défavorisées sur le plan économique. Elle peut ainsi jouer un rôle important dans le développement rural, la réduction de la pauvreté et la réalisation de la sécurité alimentaire dans ces pays.
La consommation de thé est également bénéfique pour la santé, grâce à ses propriétés antioxydantes et anti-inflammatoires. Le thé occupe aussi une place importante dans les cultures de certains pays.
La Journée internationale du thé
Consciente de l’importance que revêt le thé pour permettre le développement rural et assurer des moyens de subsistance durables, l’Assemblée générale des Nations Unies a décidé de proclamer le 21 mars Journée internationale du thé, afin de sensibiliser le public à cet enjeu et d’encourager la mise en place d’actions collectives et de mesures favorables à une production et une consommation durables de thé.
Le thé et les objectifs de développement durable
Le thé joue un rôle considérable dans la réalisation des objectifs de développement durable. La production et la transformation du thé contribuent en effet à la réduction de l'extrême pauvreté (objectif 1), à la lutte contre la faim (objectif 2), à l'autonomisation des femmes (objectif 5) et à l'utilisation durable des écosystèmes terrestres (objectif 15).
En améliorant la chaîne de valeur du thé, à travers une production et consommation durables, il sera ainsi possible d’apporter une importante contribution au Programme de développement durable à l'horizon 2030.
Le thé et les changements climatiques
La production de thé est étroitement liée aux modifications des conditions de culture. Le thé, nécessitant des conditions agro-écologiques spécifiques, ne peut par conséquent être produit que dans un certain nombre de pays. Or, la plupart de ces pays sont aujourd’hui fortement affectés par les changements climatiques.
Les changements de température et les régimes de pluies, avec davantage d'inondations et de sécheresses, affectent déjà les rendements, la qualité du thé et ses prix et contribuent donc à faire baisser les revenus et à menacer les moyens d'existence ruraux. Il devient donc crucial pour les pays producteurs de thé d’intégrer des mesures d’adaptation aux changements climatiques et d’atténuation de ses effets dans leurs stratégies de développement national.