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Jeunesse algérienne : génération sacrifiée ou force économique ignorée ?

Spécial dossier sur l'économie algérienne


Rédigé par La Rédaction le Samedi 5 Avril 2025



Un capital humain sous-exploité

Avec plus de 65 % de sa population âgée de moins de 35 ans, l’Algérie possède un potentiel humain considérable. Dans d’autres contextes, une telle jeunesse serait un atout majeur pour la croissance, l’innovation et la résilience économique. Mais sur le terrain, cette majorité démographique apparaît marginalisée, frustrée et désabusée. Le mot qui revient dans tous les témoignages : hasra — la frustration d’un avenir bloqué.

Le taux de chômage des jeunes atteint 40 % dans certaines wilayas, et même 60 % chez les jeunes femmes diplômées. Chaque année, plus de 400 000 jeunes arrivent sur le marché du travail, sans que celui-ci puisse les absorber. Les offres d’emploi sont rares, souvent précaires, mal rémunérées ou réservées à des réseaux fermés.

Des formations déconnectées des besoins économiques

Le système éducatif algérien forme massivement des juristes, des économistes ou des linguistes, alors que le marché a besoin de techniciens, d’informaticiens, d’ingénieurs et de profils opérationnels. L’inadéquation entre formation et emploi est devenue structurelle, aggravée par le manque de coordination entre les ministères de l’Éducation, de l’Enseignement supérieur et du Travail.

Les diplômés des grandes écoles ou des universités finissent souvent au chômage, ou contraints d’accepter des postes sous-qualifiés. Beaucoup préfèrent prendre la mer, tenter l’exil, ou fuir vers le secteur informel, devenu un refuge pour une jeunesse désorientée.

Entrepreneuriat : un rêve brisé par la bureaucratie

Les dispositifs de soutien à l’entrepreneuriat, comme l’ANSEJ, devaient incarner la nouvelle politique d’autonomisation économique des jeunes. Mais ces programmes, minés par la corruption, la mauvaise gestion et l’absence d’accompagnement, ont souvent tourné au fiasco. De nombreux jeunes se sont endettés sans jamais pouvoir démarrer leur activité, tandis que d’autres ont vu leur projet échouer face aux lenteurs administratives.

Les jeunes porteurs d’idées innovantes sont confrontés à un mur de formalités, de refus de crédits bancaires, et d’obstacles réglementaires. La méfiance institutionnelle envers l’initiative privée freine l’émergence d’une génération d’entrepreneurs, pourtant capable de transformer le paysage économique.

La fuite des cerveaux : une hémorragie silencieuse

En 2023, plus de 18 000 médecins algériens exerçaient à l’étranger, selon les syndicats. Des milliers d’ingénieurs, d’informaticiens, de chercheurs et d’artistes ont quitté le pays pour des raisons professionnelles ou politiques. L’Algérie perd ainsi ses talents, formés à grands frais, sans mécanisme de retour ou de valorisation de la diaspora.

investir dans la jeunesse ou hypothéquer l’avenir

Le sort de la jeunesse algérienne est un test décisif pour l’avenir du pays. Tant que l’on considèrera les jeunes comme une variable sociale à gérer plutôt qu’une force économique à activer, la crise de confiance s’amplifiera. Investir dans leur formation, leur liberté d’entreprendre, leur accès au financement et leur participation politique est la seule voie pour sortir du piège rentier et renouer avec l’espoir. Autrement, c’est une génération entière que l’Algérie risque de perdre.

​Dossier spécial de "L'Eco Business" de ce week-end sur l'Algérie économiquement parlant :

1-L’illusion de la diversification économique en Algérie : entre annonces présidentielles et réalités structurelles
Focus sur les retards, blocages administratifs et dépendance persistante au pétrole malgré des projets emblématiques.
2-Hydrocarbures : le talon d’Achille de l’économie algérienne face aux enjeux de transition énergétique
Analyse des limites de Sonatrach, la faible part des renouvelables, et les conséquences des investissements insuffisants.
3-L’inflation algérienne vue du quotidien : quand un poulet coûte 10 % du SMIC
Témoignages et données sur l’impact de l’inflation sur les ménages, et le désajustement des salaires publics.
4-Les contradictions du modèle social algérien : subventions, chômage indemnisé et inactivité de masse
Enquête sur les effets pervers du système de redistribution, et l’incapacité à stimuler l’emploi productif.
5-Le pari raté de la politique industrielle : que reste-t-il de l’ambition d’un "Made in Algeria"?
Bilan des projets (automobile, sidérurgie, ciment), obstacles à l’intégration dans les chaînes de valeur mondiales.
6-Algérie-UE : vers une guerre commerciale larvée ?
Analyse des tensions autour des restrictions à l’exportation, les réactions de Bruxelles et les risques pour les IDE.
7-La transition énergétique algérienne : entre potentiel solaire et dépendance fossile
Algérie : le soleil brille, mais la transition énergétique reste dans l’ombre
8-Jeunesse algérienne : génération sacrifiée ou force économique ignorée ?
Un capital humain sous-exploité

A lire dans L'ECO Business de cette semaine






Samedi 5 Avril 2025

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