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JHA, Chez Sbaniols

Jha 4.0 en vacances en Espagne en 2024


Rédigé par le Vendredi 9 Août 2024



Par Adnane Benchakroun

Un été, Jha décida de partir à l’aventure en Espagne. Il avait entendu parler d’une ville magnifique appelée Bena el Madina, où les ruelles sinueuses et les bâtiments anciens semblaient tout droit sortis d’un conte de fées. Avant même de penser à organiser son voyage, Jha fut étonné d’obtenir aussi facilement son visa Schengen pour l’Espagne. Lui, qui s'attendait à une montagne de paperasse et à des complications interminables, se retrouva avec son visa en main en un rien de temps. "Ils ne sont finalement pas si méchants, les voisins ibériques," pensa-t-il, avec une pointe d'amusement. Après tout, il n'était qu'un vieux retraité aux ressources limitées, et il s'attendait à devoir justifier chaque centime.

Quant au billet d'avion, Jha eut la chance de bénéficier de l’aide inattendue de son cousin, un épicier établi à Bruxelles. Ce dernier, touché par l'envie de Jha de découvrir le monde, lui paya son billet en ligne pour un vol Rabat-Malaga sur une compagnie low-cost. "C’est comme si une fée s’était penchée sur moi," se dit Jha, émerveillé par tant de générosité.

Le vol étant très tôt le matin, Jha décida de passer la nuit à l’aéroport de Rabat pour être sûr de ne pas rater son avion. Assis sur un banc inconfortable, son baluchon posé à côté de lui, il ne put s’empêcher de douter de l’existence même de ce vol si bon marché. "Un vol à ce prix-là, est-ce vraiment possible?" se demandait-il, la tête pleine de questions. Les heures passaient lentement, et avec elles, de nouvelles inquiétudes surgissaient. Jha se mit à imaginer que l’avion serait peut-être un vieux cargo, un appareil à hélices d’un autre âge, ou pire encore, une vieille caravane déguisée en avion.

Ce n’est qu’au moment de l’embarquement, en voyant l’appareil moderne sur le tarmac, que Jha se sentit enfin rassuré. "Bon, ce n’est pas une caravane après tout," soupira-t-il, soulagé. Une fois dans les airs, Jha laissa ses inquiétudes s’évaporer, admirant le paysage qui défilait sous lui. Il était enfin en route pour l’Espagne, prêt à vivre une nouvelle aventure.

À son arrivée à l’aéroport de Malaga, Jha réalisa soudain un drame : son téléphone ne captait plus aucune connexion. Pas d’internet, pas de réseau, rien. Il se souvint alors que son ami à Rabat lui avait installé une puce eSIM avant son départ, une technologie nouvelle pour Jha, qui n’était pas très à l’aise avec ces gadgets modernes. Le téléphone en main, il se mit à chercher désespérément de l’aide parmi les voyageurs et le personnel de l’aéroport.

Il approcha un agent d’information, tentant de lui expliquer son problème avec son vocabulaire limité : "eSIM… no internet… ayuda, por favor?" L’agent, un peu perplexe, fit de son mieux pour comprendre. Après plusieurs minutes d’explications gestuelles, l’agent prit le téléphone de Jha et commença à vérifier les réglages. Pendant ce temps, Jha attendait patiemment, souriant, confiant que les choses allaient s’arranger, comme elles le faisaient toujours pour lui.

Après quelques ajustements, l’agent réussit à activer la puce eSIM et la connexion internet revint sur le téléphone de Jha. Soulagé, il remercia chaleureusement l’agent, utilisant tous les mots de gratitude qu’il connaissait : "Gracias, amigo! Muy bien, muy bien!"

Avec son téléphone de nouveau opérationnel, Jha se dirigea vers le contrôle des passeports pour sortir de l'aéroport. Tout semblait se dérouler normalement jusqu'à ce qu'il soit demandé de passer par la prise d'empreintes digitales. Jha plaça son pouce sur le scanner, mais rien ne se passa. L'agent de contrôle fronça les sourcils et lui demanda de recommencer. Jha s’exécuta, cette fois avec plus de précaution, mais le scanner restait silencieux.

La panique commença à monter en lui alors qu'il répétait la procédure encore et encore. Les autres voyageurs commençaient à le regarder avec curiosité, et Jha, bien qu'un peu stressé, garda son sourire malicieux. "C’est comme essayer de faire comprendre une blague à un mulet," pensa-t-il. Au bout de la cinquième tentative, le scanner émit enfin un bip satisfaisant. L'agent, soulagé autant que Jha, lui fit signe de passer.

"Dios mio," soupira Jha en sortant du contrôle des passeports. "Je ne pensais pas que mon voyage serait si mouvementé dès le départ!" Mais fidèle à lui-même, il rit de sa mésaventure et continua son chemin.

Il lui restait maintenant à récupérer son bagage, un simple baluchon qu'il avait noué avec soin avant de partir de Rabat. Contrairement aux voyageurs chargés de lourdes valises et de sacs à roulettes, Jha n'avait besoin que de l'essentiel, qu'il transportait dans ce modeste baluchon. Mais dès qu'il s'approcha du tapis roulant et saisit son sac, il sentit les regards des douaniers se poser sur lui.

Intrigués par ce bagage inhabituel, les douaniers espagnols l'invitèrent à passer par une fouille supplémentaire. Ils étaient sans doute peu habitués à voir un homme en djellaba, le baluchon sur l'épaule, au milieu des touristes en shorts et mini-jupes qui débarquaient habituellement dans la région. Avec sa courte et ample djellaba en laine, son turban soigneusement noué autour de la tête, et ses mules traditionnelles en cuir (belgha), Jha faisait un contraste saisissant avec la foule.

Les douaniers procédèrent à une fouille complète, dépliant le baluchon de Jha et inspectant chaque recoin. Mais bien sûr, ils ne trouvèrent rien d’autre que quelques vêtements simples, un peu de nourriture pour la route, et des objets personnels. Déconcertés par la simplicité du contenu, ils échangèrent des regards perplexes avant de rendre son baluchon à Jha.

Avec son habituel sourire malicieux, Jha remercia poliment les douaniers et se remit en marche. Bien qu'ils ne l'aient pas retenu, les douaniers restèrent intrigués par ce voyageur qui semblait tout droit sorti d'un autre temps, habillé d'une manière si différente des touristes qu'ils voyaient habituellement. Mais pour Jha, c'était simplement sa manière d'être : fidèle à ses racines, même dans un pays étranger.

Et ainsi, Jha quitta l'aéroport, son baluchon sur l'épaule, prêt à découvrir tout ce que Bena el Madina avait à offrir, toujours avec son air détendu et son cœur ouvert à toutes les aventures qui se présentaient à lui.

Une fois dehors, Jha décida de prendre un taxi pour se rendre à la gare routière de Malaga, afin de prendre un bus en direction de Bena el Madina. Mais, bien sûr, rien ne se passa comme prévu. Le chauffeur de taxi, un homme bavard, commença à discuter avec Jha en espagnol rapide. Ne comprenant que quelques mots, Jha répondit avec son mélange habituel de sourires et de gestes, ce qui conduisit à une série de malentendus. Au lieu de l’amener à la gare routière, le chauffeur le déposa à un arrêt de tramway.

"Ah, le tramway!" se dit Jha, tentant de se convaincre qu’il était toujours sur la bonne voie. Il monta à bord, confiant que le tramway le rapprocherait de son but. Mais après plusieurs arrêts, il se rendit compte qu’il s’éloignait de plus en plus de la ville. Les bâtiments devenaient de plus en plus rares, remplacés par des champs et des collines. Jha, un peu inquiet, tenta de demander de l’aide aux passagers, mais entre son espagnol limité et leur incompréhension, il n'obtint que des sourires polis et des regards perplexes.

Finalement, le tramway atteignit son terminus, un petit village en périphérie de Malaga. Jha descendit, se retrouvant dans un endroit qu’il n’avait jamais prévu de visiter. "Eh bien," se dit-il, "une aventure en vaut bien une autre." Mais il savait qu’il devait trouver un moyen de retourner à la ville.

Il chercha un bus qui pourrait le ramener à Malaga. Après quelques minutes d’attente, un vieux bus apparut au loin. Jha monta à bord, et cette fois, il fit bien attention à montrer l’adresse de Bena el Madina écrite sur un papier. Le conducteur, un homme âgé, hocha la tête et fit signe à Jha de s’asseoir.

Le bus l’emmena finalement à la gare routière de Malaga, d’où il put prendre un autocar en direction de Bena el Madina. Après une journée pleine de rebondissements, Jha était enfin sur la route de sa destination.

Dès qu’il posa le pied à Bena el Madina, il fut émerveillé par la beauté de la ville. Les ruelles pavées, les murs blanchis à la chaux, et les balcons fleuris semblaient tout droit sortis d’un tableau. Mais rapidement, il se rendit compte qu’il n’avait aucune idée de comment se rendre à son auberge.

Heureusement, un autre cousin du côté maternel, travaillant dans une grande société informatique à Paris, avait pensé à tout. Ce cousin, toujours au fait des dernières tendances technologiques, avait réservé et payé un hébergement pour Jha sur Airbnb. Connaissant le goût de Jha pour l’authenticité, il avait choisi un logement typiquement espagnol, niché au cœur de la médina de Bena el Madina. "Sur Booking, il n’y avait rien de disponible," lui avait expliqué le cousin dans un message, "mais ne t’inquiète pas, j’ai trouvé un petit bijou sur Airbnb qui te plaira sûrement."

Mais rapidement, il se rendit compte qu’il n’avait aucune idée de comment se rendre à son auberge. "Pas de problème," se dit-il. Il avait entendu parler d'un service appelé Uber, mais lorsqu'il essaya de le commander, il se retrouva sur une application nommée Glovo par erreur.

Confus mais toujours confiant, Jha navigua tant bien que mal dans l’application. "Je dois peut-être commander un Uber via Glovo," pensa-t-il, bien que cela ne fasse aucun sens. Il se mit alors à chercher "Uber" dans Glovo, sans succès. Le téléphone dans une main et son baluchon dans l'autre, il commença à demander aux passants, mélangeant quelques mots d’espagnol, de français, et d’arabe : "Uber... por favor? Glovo... taxi?".

Finalement, une jeune femme compatissante lui expliqua, en langage des signes et avec beaucoup de patience, que Glovo était pour la livraison de repas, pas pour les taxis. Jha, avec son sourire espiègle, fit semblant de comprendre tout de suite : "Ah! Claro, claro! Glovo... comida!".

Après plusieurs tentatives infructueuses, Jha réussit finalement à commander un Uber correctement. Le chauffeur arriva, et Jha monta dans la voiture, soulagé. Mais une nouvelle surprise l'attendait : il n’avait pas de monnaie locale pour payer. Heureusement, avant son départ, un ami lui avait ouvert un compte sur une néobanque moderne appelée N26, avec une carte qu’il avait glissée dans son baluchon.

Le chauffeur, un homme affable, lui demanda comment il comptait payer. Jha, ne comprenant pas grand-chose à ce qu'il disait, lui tendit sa carte N26, avec un sourire qui en disait long sur sa confiance en la situation. À sa grande surprise, la carte fonctionna, et le chauffeur le laissa au pied de son auberge.

Lorsqu'il descendit du taxi, Jha se retrouva devant une vieille porte en bois, usée par le temps. Derrière, l'auberge semblait être tout droit sortie d'un autre siècle. Jha savait qu’il était enfin arrivé à bon port.

Le soir venu, avant de penser à dormir, Jha réalisa qu'il avait une petite faim. Après une journée aussi mouvementée, il méritait bien un bon repas. En sortant de son auberge, il remarqua un chiringuito juste en face, un de ces petits restaurants en bord de mer où l'on sert les spécialités locales. "Pourquoi ne pas goûter à une vraie paella espagnole?" se dit-il, déjà excité par l'idée de découvrir de nouveaux goûts.

Mais avant de se rendre au chiringuito, Jha prit soin de mettre sa montre connectée, une montre que ses enfants lui avaient offerte pour surveiller son diabète et sa tension. "On n’est jamais trop prudent," murmura-t-il en ajustant le bracelet au poignet. La montre, en plus de lui donner l'heure, lui permettait de garder un œil sur sa santé, et c’était là un cadeau précieux qu’il ne quittait jamais.

Assis face à la mer, sous les lumières tamisées du chiringuito, Jha se régala d'une paella riche en saveurs, tout en jetant de temps en temps un coup d'œil à sa montre pour s'assurer que son taux de sucre restait sous contrôle. Entre deux bouchées, il se dit que la vie était belle, même dans ses petits détails. Ce premier dîner à Bena el Madina était un moment de pur bonheur, une belle récompense après une journée pleine d’aventures.

Après ce festin, Jha retourna à son auberge, le cœur léger et l’esprit apaisé. Ce soir-là, il s’endormit sous le ciel étoilé de Bena el Madina, rêvant de ses prochaines aventures, convaincu qu’avec un peu d'ingéniosité et beaucoup d'humour, il pourrait surmonter n'importe quel obstacle. Mais cette nuit-là, ses rêves se transformèrent en véritable cauchemar.

Dans son rêve, Jha se retrouva soudainement sans ses papiers. Son passeport, sa carte d'identité, tout avait disparu, volé ou perdu, il n’en savait rien. Pris de panique, il parcourut les ruelles de la médina à leur recherche, mais en vain. Pire encore, alors qu’il errait, désemparé, il fut arrêté par la police locale lors d'une rafle.

Les agents, voyant un homme aux traits bronzés, habillé simplement, et sans papiers sur lui, le confondirent avec un immigrant clandestin. Malgré ses protestations, son espagnol limité ne fit qu'empirer la situation. Jha tenta de leur expliquer qu'il était un simple voyageur marocain, mais ses explications tombèrent dans l’oreille d’un sourd.

Dans son cauchemar, les choses prirent une tournure encore plus absurde lorsqu’il se retrouva enchaîné avec un groupe d'Africains en situation irrégulière. Avant qu'il ne comprenne ce qui se passait, il fut expulsé… au Zimbabwe! Jha, complètement désorienté, se retrouva dans un pays qu'il n'avait jamais visité, sans parler un mot de la langue locale, et sans aucun moyen de prouver son identité.

Il erra, désespéré, à travers des paysages inconnus, se demandant comment il avait pu en arriver là. Les bruits de tambours lointains et les cris d’animaux sauvages rendaient l’atmosphère encore plus oppressante.

Le cauchemar devint si intense que Jha se réveilla en sursaut, le cœur battant la chamade.

Il se redressa dans son lit, le souffle court, et réalisa avec un immense soulagement qu’il n’était pas au Zimbabwe, mais toujours dans sa petite chambre à Bena el Madina. Il chercha immédiatement son sac et trouva ses papiers intacts, soigneusement rangés là où il les avait laissés.

"Quelle frayeur!" se dit-il, en essuyant son front moite. "Je crois que je vais éviter les épices trop fortes la prochaine fois que je mange une paella." Malgré l'angoisse qui avait accompagné son rêve, Jha se mit à sourire. Après tout, même dans ses pires cauchemars, il savait qu’il finirait toujours par trouver une issue, avec un peu de chance et beaucoup d'humour.

Ainsi, Jha se rendormit, cette fois bien décidé à ne plus laisser les cauchemars troubler son sommeil, convaincu que tant qu’il garderait son esprit vif et son sens de l’humour, il serait capable de surmonter n'importe quelle épreuve, même celles qui n'existent que dans ses rêves.

Ainsi se termine le conte de la première journée de vacances de Jha chez les Sbaniols, nous rappelant que parfois, même dans les moments de panique, il est essentiel de garder son calme et de ne jamais perdre de vue la réalité, car les plus grands cauchemars peuvent s'évaporer au réveil.

Non, Jha ne vous racontera pas la suite de ses vacances, car il est convaincu de l'adage « Ce qui se passe à Vegas, reste à Vegas ». Même s'il n'a jamais mis les pieds à Las Vegas, il comprend parfaitement l'esprit de cette maxime.

Ce qu'il a vécu à Bena el Madina, avec ses péripéties inattendues, ses rencontres surprenantes, et peut-être quelques situations trop embarrassantes pour être partagées, restera donc un mystère. Jha préfère garder pour lui ces souvenirs, souriant discrètement en se rappelant les moments mémorables de ce voyage.

Après tout, certaines histoires sont plus savoureuses lorsqu'elles sont laissées à l'imagination.

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Vendredi 9 Août 2024

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