Par Rachid Boufous
Je commence mon périple vers Edmond Dantès par la fin, la sortie de séance de cinéma du Megarama du city-center de l’Agdal, immense centre commercial conçu pour s’y perdre beaucoup plus que pour retrouver son chemin. C’est la première fois que je me perd d’ailleurs dans un parking de centre commercial. J’avais bien pris une photo de la place où j’avais garé ma voiture : E27, zone verte, niveau -1. Plus simple que ça, on ne fait pas.
Sauf que quand je règle mon ticket de garage et que je me dirige vers la zone en question, je ne retrouve plus ma place. Je suis les codes affichés sur les piliers peints en vert : E01, E02, E03… et tout d’un coup F01, F02… je tourne je ne vois que des A10, des B12, des C03 mais point de continuité de E, ni même le E27… Je tourne en bourrique en long et en large dans un immense parking vide.
Il faut dire qu’il est 1h45 du matin, le film que j’étais venu voir durant 3h et le Megarama a eu la fâcheuse idée de programmer la dernière séance à 22h30… un vigile sympathique finit par me guider. Je prends ma voiture, je suis les flèches de sortie, tout d’un coup ces flèches disparaissent et je me retrouve dans un cul-de-sac au fond dudit parking : pas de sortie en vue.
Il ne manquait plus que je passe la nuit, perdu dans un parking de centre commercial. Heureusement qu’un autre vigile accourt me montre enfin la vraie sortie et me dit qu’effectivement cela arrive souvent de ne pas retrouver son chemin de sortie dans ce parking, décidément bien fait mais manquant cruellement d’une signalisation aisée. J’ai honte pour le confrère qui n’a pas fait attention à cette touche finale de ce beau projet. Mais cela n’est pas la question.
Je sors dans l’avenue Ibn Khattab, que je connais fort bien. C’est là où ce trouve à l’angle sur la place Bourgogne le restaurant Ouazzani, célèbre pour ses douzaines de Kefta et qui me sert de troquet les jours de grosse faim…
À cette heure du matin Rabat est une ville quasi morte et déserte. On n’y rencontre que les taxis allant chercher des marcheuses bredouilles à la sortie des bars et pubs de la ville. Des mendiants mozambicains, bantous ou swahilis qui vous guettent aux feux rouges et qui vous parlent dans des langues que personne ne déchiffre ici, quémandant une obole, que personne ne s’aventure à leur verser à cette heure de la nuit.
Des motos glovos en perte de commande et d’itinéraires mais aussi les jardiniers du soir, arrosant à grandes eaux recyclées les magnifiques pelouses de la capitale. L’humanité s’arrête au bout des tuyaux de ces pauvres hères hirsutes qui n’ont d’autres choix de survie que ces pénibles boulots du soir…
Rabat est une ville qui se meurt chaque soir après 23h pour renaître tel un phœnix le lendemain aux aurores. Ça change grandement de Casablanca où la nuit est un jour inversé…
Revenons donc sur le film objet de la présente critique et tout d’abord voici un bref résumé du magistral du livre d’Alexandre Dumas père :
« Le roman raconte comment, au début du règne de Louis XVIII, le 24 février 1815, alors que Napoléon se prépare à quitter l'île d'Elbe pour les Cent Jours, Edmond Dantès, jeune marin de dix-neuf ans, second du navire Le Pharaon, débarque à Marseille pour s'y marier le lendemain avec la belle Catalane Mercédès. Trahi par des « amis » jaloux, il est dénoncé comme conspirateur bonapartiste et enfermé dans une geôle du château d'If, au large de Marseille. Après quatorze années, d'abord réduit à la solitude et au désespoir puis régénéré et instruit en secret par un compagnon de captivité qui lui donne une carte avec l'emplacement d'un trésor, l'abbé Faria, il réussit à s'évader et prend possession du trésor caché dans l'île de Montecristo. Rendu riche et puissant, Dantès se fait passer pour divers personnages, dont le comte de Monte-Cristo. Il entreprend de garantir le bonheur et la liberté aux rares qui lui sont restés fidèles et de se venger méthodiquement de ceux qui l'ont accusé à tort et fait emprisonner. »
Le roman du Comte de Montecristo fut écrit en épisodes dans la presse au milieu du 19eme siècle par Dumas avant de devenir un succès mondial comptant jusqu’à 2500 traductions, repris dans tous les langues et dialectes du globe.
Du jamais vu pour une œuvre romanesque qui dépeint le mieux ce que les humains cherchent à faire depuis la nuit des temps : la vengeance !
La vengeance contre l’injustice, le dol, la tromperie, le mal fait par autrui. La vengeance que l’on dit aveugle et sourde mais qui est aussi « un plat qui se mange froid » et qui n’est utilisée qu’avec violence pour rendre gorge à celles et ceux qui nous font du mal.
La notion « d’œil pour œil et dent pour dent » n’a pas été inventée par les hébreux, mais déjà codifiée sur la table de Hamou Rabi à Sumer en Mésopotamie il y’a plus de 4 mille ans…
On a tous voulu être ou été, un jour, Edmond Dantès, avec ou sans fortune, avec ou sans panache, juste pour porter l’estocade à ceux qui nous ont fait du mal. Il n’ya pas pire que d’être accusé de quelque crime que l’on n’a pas commis…
Et tant que l’humanité sera peuplée de gens malhonnêtes ou foncièrement mauvais , il y’aura toujours des Dantès pour les pourfendre.
La vengeance est souvent le moteur de la vie. On se venge contre une vie mal démarrée, conte la pauvreté, l’indigence, contre un sort malheureux ou contre un professeur condescendant. On se venge de tout, du moment que le mal qui nous a été fait nous ronge au plus profond de nous-mêmes…
Le film actuel est un chef-d’œuvre absolu, porté par un acteur exceptionnel : Pierre Niney.
J’ai vu presque tous les Montecristo portés à l’écran. Celui-ci est vraiment magistral car le plus fidèle à l’œuvre d’Alexandre Dumas. Même si le jeu des autres acteurs est assez moyen hormis celui tenu par Laurent Lafitte grimé en procureur retors et arriviste Gérard De Villefort. Les décors sont à couper le souffle et les costumes très proches de la réalité de l’époque, légèrement froissés et un peu mal taillés pour les acteurs et actrices. Pour le baron Danglars et Fernand de Morcerf, personnages perfides dans le roman, ils sont joués avec peu de conviction respectivement par Patrick Mille et Bastien Bouillon. Même Anais Demoustier qui joue Mercédès de Morcerf, finit par se lasser à la fin du très long film (3 heures) réalisé et co-scénarisé par Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte.
N’empêche que l’intrigue est très bien restituée, la photographie est magistrale. Cela faisait longtemps que le cinéma français ne nous avait pas gratifié d’une telle œuvre épique. Ce n’est que justice rendue à un très grand auteur qui dut subir à son époque moult remarques insidieuses et désobligeantes à cause de son teint mulâtre et de ses cheveux crépus, héritage de son père originaire de saint Domingue et général durant la révolution française.
Alexandre Dumas fut souvent en butte aux sarcasmes racistes de ses contemporains qui s'attirèrent des répliques cinglantes. Ainsi lors d'une discussion animée à propos de la récente théorie de l'évolution de Charles Darwin (qu'il défendait), un contradicteur lui dit : « Au fait, cher Maître, vous devez bien vous y connaître en nègres ?
Mais très certainement.
Mon père était un mulâtre, mon grand-père était un nègre et mon arrière-grand-père était un singe.
Vous voyez, Monsieur : ma famille commence où la vôtre finit.. ».
L’esprit français n’a pas de limite en effet…
Bref je ne vais pas vous spoiler comme on dit à présent et je vous invite vivement à aller voir ce très grand filma français.
Quant à Moi, je fais comme Rabat la Capitale des Lumières, je rentre mourir chez moi, en espérant renaître le lendemain de cet excellent rêve cinématographique que je viens de vivre avec le Comte de MonteCristo version 2024…
Rachid Boufous
Sauf que quand je règle mon ticket de garage et que je me dirige vers la zone en question, je ne retrouve plus ma place. Je suis les codes affichés sur les piliers peints en vert : E01, E02, E03… et tout d’un coup F01, F02… je tourne je ne vois que des A10, des B12, des C03 mais point de continuité de E, ni même le E27… Je tourne en bourrique en long et en large dans un immense parking vide.
Il faut dire qu’il est 1h45 du matin, le film que j’étais venu voir durant 3h et le Megarama a eu la fâcheuse idée de programmer la dernière séance à 22h30… un vigile sympathique finit par me guider. Je prends ma voiture, je suis les flèches de sortie, tout d’un coup ces flèches disparaissent et je me retrouve dans un cul-de-sac au fond dudit parking : pas de sortie en vue.
Il ne manquait plus que je passe la nuit, perdu dans un parking de centre commercial. Heureusement qu’un autre vigile accourt me montre enfin la vraie sortie et me dit qu’effectivement cela arrive souvent de ne pas retrouver son chemin de sortie dans ce parking, décidément bien fait mais manquant cruellement d’une signalisation aisée. J’ai honte pour le confrère qui n’a pas fait attention à cette touche finale de ce beau projet. Mais cela n’est pas la question.
Je sors dans l’avenue Ibn Khattab, que je connais fort bien. C’est là où ce trouve à l’angle sur la place Bourgogne le restaurant Ouazzani, célèbre pour ses douzaines de Kefta et qui me sert de troquet les jours de grosse faim…
À cette heure du matin Rabat est une ville quasi morte et déserte. On n’y rencontre que les taxis allant chercher des marcheuses bredouilles à la sortie des bars et pubs de la ville. Des mendiants mozambicains, bantous ou swahilis qui vous guettent aux feux rouges et qui vous parlent dans des langues que personne ne déchiffre ici, quémandant une obole, que personne ne s’aventure à leur verser à cette heure de la nuit.
Des motos glovos en perte de commande et d’itinéraires mais aussi les jardiniers du soir, arrosant à grandes eaux recyclées les magnifiques pelouses de la capitale. L’humanité s’arrête au bout des tuyaux de ces pauvres hères hirsutes qui n’ont d’autres choix de survie que ces pénibles boulots du soir…
Rabat est une ville qui se meurt chaque soir après 23h pour renaître tel un phœnix le lendemain aux aurores. Ça change grandement de Casablanca où la nuit est un jour inversé…
Revenons donc sur le film objet de la présente critique et tout d’abord voici un bref résumé du magistral du livre d’Alexandre Dumas père :
« Le roman raconte comment, au début du règne de Louis XVIII, le 24 février 1815, alors que Napoléon se prépare à quitter l'île d'Elbe pour les Cent Jours, Edmond Dantès, jeune marin de dix-neuf ans, second du navire Le Pharaon, débarque à Marseille pour s'y marier le lendemain avec la belle Catalane Mercédès. Trahi par des « amis » jaloux, il est dénoncé comme conspirateur bonapartiste et enfermé dans une geôle du château d'If, au large de Marseille. Après quatorze années, d'abord réduit à la solitude et au désespoir puis régénéré et instruit en secret par un compagnon de captivité qui lui donne une carte avec l'emplacement d'un trésor, l'abbé Faria, il réussit à s'évader et prend possession du trésor caché dans l'île de Montecristo. Rendu riche et puissant, Dantès se fait passer pour divers personnages, dont le comte de Monte-Cristo. Il entreprend de garantir le bonheur et la liberté aux rares qui lui sont restés fidèles et de se venger méthodiquement de ceux qui l'ont accusé à tort et fait emprisonner. »
Le roman du Comte de Montecristo fut écrit en épisodes dans la presse au milieu du 19eme siècle par Dumas avant de devenir un succès mondial comptant jusqu’à 2500 traductions, repris dans tous les langues et dialectes du globe.
Du jamais vu pour une œuvre romanesque qui dépeint le mieux ce que les humains cherchent à faire depuis la nuit des temps : la vengeance !
La vengeance contre l’injustice, le dol, la tromperie, le mal fait par autrui. La vengeance que l’on dit aveugle et sourde mais qui est aussi « un plat qui se mange froid » et qui n’est utilisée qu’avec violence pour rendre gorge à celles et ceux qui nous font du mal.
La notion « d’œil pour œil et dent pour dent » n’a pas été inventée par les hébreux, mais déjà codifiée sur la table de Hamou Rabi à Sumer en Mésopotamie il y’a plus de 4 mille ans…
On a tous voulu être ou été, un jour, Edmond Dantès, avec ou sans fortune, avec ou sans panache, juste pour porter l’estocade à ceux qui nous ont fait du mal. Il n’ya pas pire que d’être accusé de quelque crime que l’on n’a pas commis…
Et tant que l’humanité sera peuplée de gens malhonnêtes ou foncièrement mauvais , il y’aura toujours des Dantès pour les pourfendre.
La vengeance est souvent le moteur de la vie. On se venge contre une vie mal démarrée, conte la pauvreté, l’indigence, contre un sort malheureux ou contre un professeur condescendant. On se venge de tout, du moment que le mal qui nous a été fait nous ronge au plus profond de nous-mêmes…
Le film actuel est un chef-d’œuvre absolu, porté par un acteur exceptionnel : Pierre Niney.
J’ai vu presque tous les Montecristo portés à l’écran. Celui-ci est vraiment magistral car le plus fidèle à l’œuvre d’Alexandre Dumas. Même si le jeu des autres acteurs est assez moyen hormis celui tenu par Laurent Lafitte grimé en procureur retors et arriviste Gérard De Villefort. Les décors sont à couper le souffle et les costumes très proches de la réalité de l’époque, légèrement froissés et un peu mal taillés pour les acteurs et actrices. Pour le baron Danglars et Fernand de Morcerf, personnages perfides dans le roman, ils sont joués avec peu de conviction respectivement par Patrick Mille et Bastien Bouillon. Même Anais Demoustier qui joue Mercédès de Morcerf, finit par se lasser à la fin du très long film (3 heures) réalisé et co-scénarisé par Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte.
N’empêche que l’intrigue est très bien restituée, la photographie est magistrale. Cela faisait longtemps que le cinéma français ne nous avait pas gratifié d’une telle œuvre épique. Ce n’est que justice rendue à un très grand auteur qui dut subir à son époque moult remarques insidieuses et désobligeantes à cause de son teint mulâtre et de ses cheveux crépus, héritage de son père originaire de saint Domingue et général durant la révolution française.
Alexandre Dumas fut souvent en butte aux sarcasmes racistes de ses contemporains qui s'attirèrent des répliques cinglantes. Ainsi lors d'une discussion animée à propos de la récente théorie de l'évolution de Charles Darwin (qu'il défendait), un contradicteur lui dit : « Au fait, cher Maître, vous devez bien vous y connaître en nègres ?
Mais très certainement.
Mon père était un mulâtre, mon grand-père était un nègre et mon arrière-grand-père était un singe.
Vous voyez, Monsieur : ma famille commence où la vôtre finit.. ».
L’esprit français n’a pas de limite en effet…
Bref je ne vais pas vous spoiler comme on dit à présent et je vous invite vivement à aller voir ce très grand filma français.
Quant à Moi, je fais comme Rabat la Capitale des Lumières, je rentre mourir chez moi, en espérant renaître le lendemain de cet excellent rêve cinématographique que je viens de vivre avec le Comte de MonteCristo version 2024…
Rachid Boufous
Vive la culture pour les riches !
Film : Comte de Montecristo
Durée : 178 minutes
Cinéma : Megarama
Prix du ticket : 70 Dh
Pop corn maxi : 50 Dh
Coca zéro 33cl : 25 Dh
Parking : 15 Dh
Durée : 178 minutes
Cinéma : Megarama
Prix du ticket : 70 Dh
Pop corn maxi : 50 Dh
Coca zéro 33cl : 25 Dh
Parking : 15 Dh