C’est un moment historique et empreint d’émotion au Japon : Iwao Hakamada, un ancien boxeur professionnel âgé aujourd’hui de 87 ans, a été acquitté après avoir passé 46 ans dans le couloir de la mort. Ce verdict, qui marque un tournant dans le système judiciaire japonais, s’accompagne de l’octroi de 1,2 million d’euros de dommages et intérêts pour les années d’injustice qu’il a endurées.

L’affaire Hakamada remonte à 1966, lorsqu’il avait été accusé du meurtre de quatre membres d’une même famille. À l’époque, il avait avoué les faits sous la contrainte, après des interrogatoires particulièrement longs et éprouvants. Ces aveux, obtenus dans des conditions jugées inhumaines, avaient constitué la base principale de sa condamnation. Cependant, Hakamada avait toujours clamé son innocence, affirmant que ses aveux avaient été extorqués.

Ce n’est qu’en 2014, après des décennies de mobilisation de ses avocats et de groupes de défense des droits humains, que l’affaire a été rouverte. De nouvelles analyses ADN ont révélé que les preuves matérielles utilisées pour le condamner ne correspondaient pas à son profil. Cette découverte a mis en lumière les failles du système judiciaire japonais, souvent critiqué pour son taux de condamnation extrêmement élevé et sa dépendance excessive aux aveux des accusés.

L’acquittement d’Iwao Hakamada en 2024 est une victoire pour la justice, mais il soulève également des questions profondes sur l’utilisation de la peine de mort au Japon. Ce pays, l’un des rares démocratiques à maintenir cette pratique, est régulièrement critiqué par les organisations internationales pour les conditions dans lesquelles les condamnés à mort sont détenus, souvent dans un isolement prolongé.

Pour Hakamada, cette décision tardive ne peut effacer les décennies perdues. À 87 ans, il est aujourd’hui un symbole de la lutte contre les erreurs judiciaires et de la nécessité de réformer le système pénal japonais. Les dommages et intérêts qu’il a reçus, bien qu’importants, ne suffiront jamais à compenser les souffrances qu’il a endurées.

Cette affaire a également ravivé le débat sur l’abolition de la peine de mort au Japon. De nombreux militants espèrent que le cas Hakamada incitera les autorités à revoir leur position sur cette pratique controversée. En attendant, ce verdict restera gravé dans l’histoire comme un exemple poignant de résilience face à l’injustice.