Israël vs Hezbollah : à ne point en finir !


Rédigé par le Dimanche 22 Septembre 2024

L’échange de frappes entre Israël et le Hezbollah libanais, après la cyber-attaque du 17 septembre, reflète le piège dans lequel se retrouvent coincés les deux belligérants.



Le Hezbollah libanais a annoncé avoir tiré des missiles, le 21 septembre, sur quatre sites militaires israéliens, dont une base aérienne située à 20 kms au Sud-est de la ville de Haïfa. L’armée israélienne a parlé de plus d’une centaine de roquettes qui se sont abattus sur le Nord d’Israël. 

Le même jour, ce sont 18 cibles qui ont été bombardées au Liban par l’armée israélienne. Yoav Gallant, ministre israélien de la défense, a déclaré, le 18 septembre, que le « centre de gravité de la guerre » s’est déplacé vers le Nord d’Israël.

Pour rappel, quelques 60.000 israéliens habitants les villes et villages situées aux frontières avec le Liban ont été déplacés, depuis près d’un an, vers le Sud d’Israël.

Le gouvernement de Benjamine Netanyahou, qui doit assumer les frais de logement et de nourriture des personnes déplacées, outre les pertes dues à leur arrêt de toute activité productive, s’est engagé à les ramener chez eux.

Sauf que pour y parvenir, Israël doit contraindre le Hezbollah de cesser ses tirs quasi-quotidiens sur le Nord d’Israël, alors que la milice libanaise a clairement indiqué que l’arrêt des hostilités aux frontières libano-israéliennes est lié au cessez-le-feu à Gaza.

Autant dire que les échanges de tirs de part et d’autre desdites frontières ne sont pas prêts de prendre fin.

L’improbable invasion du Sud du Liban

La cyber-attaque israélienne du 17 septembre contre le Liban a laissé croire aux observateurs de la scène géopolitique moyen-orientale que Tel-Aviv allait franchir le pas de la guerre ouverte contre le Hezbollah et se lancer dans une invasion terrestre, au moins jusqu’au fleuve Litanie.

C’est-à-dire une opération similaire à celle qui a lamentablement échoué durant l’été 2006. 
L’état-major israélien semble, en effet, convaincu qu’il peut obtenir un résultat différent en répétant la même expérience. 

Les Etats-Unis, dont le soutien est nécessaire à Israël pour l’exécution d’une opération militaire de grande envergure au Sud du Liban, sont, toutefois, en pleine période électorale, avec un duel qui s’annonce très serré entre la vice-présidente, Kamala Harris, et l’ex-président, Donald Trump.

L’administration démocrate sortante n’est pas prête de s’engager dans une guerre au Moyen Orient, que l’on sait déjà peu populaire auprès de l’opinion publique américaine, dans le seul but de s’aligner sur l’agenda politique de Netanyahou.

Les craintes et contraintes du Hezbollah

Pour sa part, le Hezbollah libanais ne se trouve pas dans une meilleure posture. Non seulement une bonne partie de son commandement militaire et de son réseau de communication ne sont plus opérationnel, du moins pendant quelques temps, mais en outre, sa vision du conflit commence à diverger quelque peu de celle de son allié et protecteur iranien. 

Le nouveau président iranien, Massoud Pezeshkian, qui n’a toujours pas réagi à l’assassinat du leader du Hamas palestinien, Ismaël Hanyeh, sur le sol iranien, le jour même de son investiture, cherche plutôt à améliorer les relations de son pays avec l’Occident et pouvoir, ainsi, se débarrasser enfin des lourdes sanctions qui entravent son développement.

Le Hezbollah ne peut pas se permettre de ne pas réagir à la cyber-attaque israélienne, car il en va de son image de marque auprès de ses membres et de ses alliés régionaux. Il ne peut pas, non plus, déclencher une guerre de grande ampleur contre Israël, les destructions que celle-ci ne va pas manquer d’entraîner au Liban lui seront immanquablement reprochées par ses adversaires politiques.

Une seule guerre sur plusieurs fronts

Ni Israël n’est apte à envahir, avec succès, le Sud du Liban, ni le Hezbollah ne peut déclencher une pluie de missiles sur Israël sans voir le Liban réduit à feu et à sang.

Les deux belligérants vont, donc, continuer dans l’actuelle guerre d’usure, chacun attendant une erreur stratégique de la part de l’autre pour lui porter un coup décisif. 

Surtout que Tel-Aviv a un nouveau sujet de préoccupation. Le missile tiré depuis le Yémen, le 15 septembre, qui a franchi plus de deux mille kilomètres en 11 minutes avant de s’abattre dans le centre d’Israël, selon le porte-parole de la milice Houthi, infligeant des dégâts à l’oléoduc reliant Ashkélon à Eilat, a nécessité un guidage satellitaire, dont le mouvement yéménite des Ansar Allah est loin de disposer.

Quelle puissance a, donc, fourni les données satellitaires de la cible à atteindre en Israël aux miliciens houthis ?

Dans le monde actuel, en profonde recomposition géopolitique, deux camps aux contours vaguement définis s’affrontent en une seule guerre menée sur plusieurs fronts.




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Dimanche 22 Septembre 2024
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