Plongez dans cette interview qui nous offre un aperçu fascinant de l'art engagé de Camelia Ryane et de son engagement à promouvoir une société plus inclusive, où la beauté et la force des femmes marocaines sont célébrées sans restriction ni stigmatisation.
Pouvez-vous vous présenter en quelques lignes ? Je suis Camelia Ryane, une artiste multidisciplinaire dont la peinture constitue l'essence de mon identité artistique. Je suis Née à Casablanca en 1997, vivant actuellement à Madrid. Mon travail est fortement influencé par les normes sociales qui se sont ancrées en moi lors de mon enfance. Mes œuvres sont une projection de mon être intérieur. Elles mettent l'accent sur ma relation avec le corps féminin ainsi que le statut de la femme au Maroc et ailleurs .
Qu'est-ce qui vous a inspiré à représenter les jeux de cartes traditionnels marocains, tels que le Ronda, dans votre art ? Les jeux de cartes traditionnels marocains, comme le Ronda, ont toujours fait partie de mon environnement culturel et de mon héritage. C’est un jeu qui occupe une place importante dans la mémoire collective ainsi que dans l’espace public au Maroc. J'ai été inspirée par la symbolique des cartes ainsi que de leur passé historique issu de la colonisation. A travers mon art, je réinvente un jeu de cartes qui s'imprègne des aspects clés de la culture marocaine, tout en lui donnant une nouvelle perspective dans un contexte de modernité. Ma visée est de donner une place centrale à la femme marocaine. Cette omniprésence confronte la réalité où la femme, souvent oubliée, joue un rôle secondaire.
Comment utilisez-vous l'art pour mettre en valeur la beauté et la force des femmes marocaines dans vos peintures ? Dans mes peintures, je cherche à mettre en valeur la femme marocaine en leur donnant une présence visuelle puissante. Toutes mes œuvres sont explicitement ou implicitement liées au thème de la féminité. J'utilise la peinture comme moyen de communication pour permettre aux autres femmes d'exprimer leurs propres expériences, créant ainsi une sorte de sororité et d'espace d’échange. Dans ma peinture, je crée une réalité propre aux femmes qui vivent dans une société où la honte et le tabou l'emportent souvent sur la liberté, la vie privée et les droits des femmes en tant qu'individus. Je puise dans mon processus de création une force et des outils qui n'ont pas été enseignés, pour créer ainsi une base solide et un « safe space » pour dissiper les croyances ancestrales d'une société nord-africaine.
Pouvez-vous nous parler des défis que vous avez rencontrés en essayant de briser les normes sociétales qui sexualisent et stigmatisent le corps féminin à travers votre art ? Tout d'abord, il y a une résistance profondément enracinée dans la société à remettre en question les normes existantes. Certaines personnes peuvent percevoir ma démarche comme provocatrice ou menaçante, ce qui peut entraîner du rejet et des critiques. De plus, la sexualisation et la stigmatisation du corps féminin sont des problèmes profondément enracinés dans de nombreuses cultures, y compris la société marocaine, ce qui rend le changement difficile. En tant qu'artiste, faire face à ces obstacles fait partie intégrale de mon travail. Je reste fidèle à ma vision tout en continuant à élever ma voix à travers mon art.
Quels messages ou idées souhaitez-vous transmettre aux spectateurs de vos œuvres concernant les femmes marocaines et la remise en question des stéréotypes ?
À travers mes œuvres, je souhaite créer des espaces de dialogue et de réflexion. Sensibiliser le public et briser les tabous. Je cherche aussi à offrir des outils et un socle de transfert permettant l’auto guérison et l’acceptance de soi en tant que femme. Je cherche à remettre en question les idées préconçues et les stéréotypes en offrant une représentation alternative, authentique et puissante qui est souvent dérangeante.
Qu'est-ce qui vous a inspiré à représenter les jeux de cartes traditionnels marocains, tels que le Ronda, dans votre art ? Les jeux de cartes traditionnels marocains, comme le Ronda, ont toujours fait partie de mon environnement culturel et de mon héritage. C’est un jeu qui occupe une place importante dans la mémoire collective ainsi que dans l’espace public au Maroc. J'ai été inspirée par la symbolique des cartes ainsi que de leur passé historique issu de la colonisation. A travers mon art, je réinvente un jeu de cartes qui s'imprègne des aspects clés de la culture marocaine, tout en lui donnant une nouvelle perspective dans un contexte de modernité. Ma visée est de donner une place centrale à la femme marocaine. Cette omniprésence confronte la réalité où la femme, souvent oubliée, joue un rôle secondaire.
Comment utilisez-vous l'art pour mettre en valeur la beauté et la force des femmes marocaines dans vos peintures ? Dans mes peintures, je cherche à mettre en valeur la femme marocaine en leur donnant une présence visuelle puissante. Toutes mes œuvres sont explicitement ou implicitement liées au thème de la féminité. J'utilise la peinture comme moyen de communication pour permettre aux autres femmes d'exprimer leurs propres expériences, créant ainsi une sorte de sororité et d'espace d’échange. Dans ma peinture, je crée une réalité propre aux femmes qui vivent dans une société où la honte et le tabou l'emportent souvent sur la liberté, la vie privée et les droits des femmes en tant qu'individus. Je puise dans mon processus de création une force et des outils qui n'ont pas été enseignés, pour créer ainsi une base solide et un « safe space » pour dissiper les croyances ancestrales d'une société nord-africaine.
Pouvez-vous nous parler des défis que vous avez rencontrés en essayant de briser les normes sociétales qui sexualisent et stigmatisent le corps féminin à travers votre art ? Tout d'abord, il y a une résistance profondément enracinée dans la société à remettre en question les normes existantes. Certaines personnes peuvent percevoir ma démarche comme provocatrice ou menaçante, ce qui peut entraîner du rejet et des critiques. De plus, la sexualisation et la stigmatisation du corps féminin sont des problèmes profondément enracinés dans de nombreuses cultures, y compris la société marocaine, ce qui rend le changement difficile. En tant qu'artiste, faire face à ces obstacles fait partie intégrale de mon travail. Je reste fidèle à ma vision tout en continuant à élever ma voix à travers mon art.
Quels messages ou idées souhaitez-vous transmettre aux spectateurs de vos œuvres concernant les femmes marocaines et la remise en question des stéréotypes ?
À travers mes œuvres, je souhaite créer des espaces de dialogue et de réflexion. Sensibiliser le public et briser les tabous. Je cherche aussi à offrir des outils et un socle de transfert permettant l’auto guérison et l’acceptance de soi en tant que femme. Je cherche à remettre en question les idées préconçues et les stéréotypes en offrant une représentation alternative, authentique et puissante qui est souvent dérangeante.
Comment l'art peut-il jouer un rôle dans la transformation des perceptions et la promotion de l'égalité des genres ?
L'art a un pouvoir transformateur lorsqu'il s'agit de changer les perceptions et d'inciter à la réflexion . En tant qu'artiste, je crois que l'art a le potentiel de remettre en question les normes existantes, d'ouvrir des espaces de réflexion et de favoriser le dialogue. L'art permet de représenter différentes perspectives, de donner une voix aux marginalisés et d'aborder des questions complexes de manière visuelle. L’art a aussi la fascinante capacité d’alléger certaines questions sensibles. Par exemple, dans mon art je traite souvent des organes génitaux féminins a travers les fleurs et l’aquarelle. L’art me permet donc d’aborder ce sujet jugé « 7chouma » ou « 3ayb », tout en les désensibilisant.
Comment utilisez-vous votre page Instagram pour partager votre art et transmettre vos messages de remise en question des normes sociétales et des stéréotypes liés au corps féminin ? Ma page Instagram joue un rôle essentiel dans la diffusion de mon art et la transmission de mes messages. C'est un espace numérique où je peux présenter mes œuvres, partager mes réflexions et interagir directement avec mon public. Je collabore également avec de nombreuses pages qui partagent les mêmes valeurs, tant au Maroc qu’à l’étranger.
Avez-vous reçu des réactions ou des retours significatifs de la part du public concernant votre approche artistique visant à briser les barrières et les stéréotypes ? Oui, des avis très mitigés. Beaucoup de personnes ont exprimé leur appréciation pour mon travail et ont souligné son impact émotionnel. Certaines femmes ont trouvé du réconfort et de l'inspiration en voyant mes peintures, car elles se sont senties représentées et validées dans leur propre expérience.
Je fais face à de nombreuses critiques, notamment des commentaires haineux et violents, allant jusqu’au signalements de mon compte. Je dis toujours que toute réaction est bonne réaction. Si cela suscite une telle réaction, cela signifie que ça a touché un point sensible qui reste à travailler.
Quels sont vos projets futurs ou les sujets que vous souhaitez explorer dans votre art en lien avec la lutte contre la sexualisation et la stigmatisation du corps féminin ? Dans mes projets futurs, je souhaite continuer à explorer le thème des cartes « Ronda ». Je travaille sur une exposition à ce sujet et souhaite pouvoir faire cette exposition au Maroc pour les raisons citées plus tôt au cours de notre interview. Je travaille également sur des ateliers de prise de conscience féminine à travers l’art que je souhaite également animer au maroc pour les mêmes raisons.
Je prévois d'expérimenter différentes techniques artistiques notamment issues de l’artisanat marocain ainsi que de collaborer avec d'autres artistes et activistes marocains pour enrichir ma démarche. Mon objectif ultime est de créer une prise de conscience collective et de contribuer à une société plus inclusive, qui célèbre la diversité et respecte le corps féminin dans toutes ses formes.
L'art a un pouvoir transformateur lorsqu'il s'agit de changer les perceptions et d'inciter à la réflexion . En tant qu'artiste, je crois que l'art a le potentiel de remettre en question les normes existantes, d'ouvrir des espaces de réflexion et de favoriser le dialogue. L'art permet de représenter différentes perspectives, de donner une voix aux marginalisés et d'aborder des questions complexes de manière visuelle. L’art a aussi la fascinante capacité d’alléger certaines questions sensibles. Par exemple, dans mon art je traite souvent des organes génitaux féminins a travers les fleurs et l’aquarelle. L’art me permet donc d’aborder ce sujet jugé « 7chouma » ou « 3ayb », tout en les désensibilisant.
Comment utilisez-vous votre page Instagram pour partager votre art et transmettre vos messages de remise en question des normes sociétales et des stéréotypes liés au corps féminin ? Ma page Instagram joue un rôle essentiel dans la diffusion de mon art et la transmission de mes messages. C'est un espace numérique où je peux présenter mes œuvres, partager mes réflexions et interagir directement avec mon public. Je collabore également avec de nombreuses pages qui partagent les mêmes valeurs, tant au Maroc qu’à l’étranger.
Avez-vous reçu des réactions ou des retours significatifs de la part du public concernant votre approche artistique visant à briser les barrières et les stéréotypes ? Oui, des avis très mitigés. Beaucoup de personnes ont exprimé leur appréciation pour mon travail et ont souligné son impact émotionnel. Certaines femmes ont trouvé du réconfort et de l'inspiration en voyant mes peintures, car elles se sont senties représentées et validées dans leur propre expérience.
Je fais face à de nombreuses critiques, notamment des commentaires haineux et violents, allant jusqu’au signalements de mon compte. Je dis toujours que toute réaction est bonne réaction. Si cela suscite une telle réaction, cela signifie que ça a touché un point sensible qui reste à travailler.
Quels sont vos projets futurs ou les sujets que vous souhaitez explorer dans votre art en lien avec la lutte contre la sexualisation et la stigmatisation du corps féminin ? Dans mes projets futurs, je souhaite continuer à explorer le thème des cartes « Ronda ». Je travaille sur une exposition à ce sujet et souhaite pouvoir faire cette exposition au Maroc pour les raisons citées plus tôt au cours de notre interview. Je travaille également sur des ateliers de prise de conscience féminine à travers l’art que je souhaite également animer au maroc pour les mêmes raisons.
Je prévois d'expérimenter différentes techniques artistiques notamment issues de l’artisanat marocain ainsi que de collaborer avec d'autres artistes et activistes marocains pour enrichir ma démarche. Mon objectif ultime est de créer une prise de conscience collective et de contribuer à une société plus inclusive, qui célèbre la diversité et respecte le corps féminin dans toutes ses formes.
En conclusion, l'interview avec Camelia Ryane nous a permis de plonger dans l'univers profondément révélateur de son art. À travers ses peintures, elle redéfinit la place de la femme marocaine dans la société et brise les normes sociétales qui sexualisent et stigmatisent le corps féminin. Son approche artistique audacieuse et provocatrice suscite à la fois l'admiration et la controverse, témoignant de l'importance cruciale de l'art pour la remise en question des perceptions et la promotion de l'égalité des genres.
Camelia Ryane nous rappelle que l'art est bien plus qu'un simple moyen d'expression ; c'est une plateforme puissante pour sensibiliser le public, encourager le dialogue et provoquer des changements sociaux significatifs. En mettant en lumière des sujets sensibles et tabous, elle ouvre la voie à une prise de conscience collective et à une célébration authentique de la diversité féminine.
Enfin, nous souhaitons exprimer notre profonde gratitude à Camelia pour avoir partagé sa vision artistique unique et sa passion pour la défense des droits des femmes. Son engagement indéfectible envers l'art engagé et sa volonté de bousculer les normes établies nous inspirent et nous encouragent à voir l'art comme une véritable force du changement.
Nous espérons que son travail continuera d'éclairer les esprits, de susciter des débats fructueux et de contribuer à un avenir où les femmes marocaines et du monde entier seront célébrées pour leur beauté, leur force et leur pouvoir de transformer le monde.
Merci infiniment, Camelia, pour cette interview enrichissante et pour votre contribution précieuse à la promotion de l'égalité des genres à travers l'art. Votre voix artistique et engagée résonne avec force et nous laisse un héritage marquant dans le monde de l'art et de l'activisme. Nous attendons avec impatience de découvrir vos futurs projets qui continueront, sans aucun doute, à inspirer et à nourrir les esprits du public.
Salma LABTAR
Camelia Ryane nous rappelle que l'art est bien plus qu'un simple moyen d'expression ; c'est une plateforme puissante pour sensibiliser le public, encourager le dialogue et provoquer des changements sociaux significatifs. En mettant en lumière des sujets sensibles et tabous, elle ouvre la voie à une prise de conscience collective et à une célébration authentique de la diversité féminine.
Enfin, nous souhaitons exprimer notre profonde gratitude à Camelia pour avoir partagé sa vision artistique unique et sa passion pour la défense des droits des femmes. Son engagement indéfectible envers l'art engagé et sa volonté de bousculer les normes établies nous inspirent et nous encouragent à voir l'art comme une véritable force du changement.
Nous espérons que son travail continuera d'éclairer les esprits, de susciter des débats fructueux et de contribuer à un avenir où les femmes marocaines et du monde entier seront célébrées pour leur beauté, leur force et leur pouvoir de transformer le monde.
Merci infiniment, Camelia, pour cette interview enrichissante et pour votre contribution précieuse à la promotion de l'égalité des genres à travers l'art. Votre voix artistique et engagée résonne avec force et nous laisse un héritage marquant dans le monde de l'art et de l'activisme. Nous attendons avec impatience de découvrir vos futurs projets qui continueront, sans aucun doute, à inspirer et à nourrir les esprits du public.
Salma LABTAR