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Par Dr Kherrati Bouazza
Les raisons présentées par tous les acteurs politiques pour expliquer ces hausses n’arrivent plus à convaincre et à tranquilliser le consommateur. Ce dernier, qui met sa main dans la poche pour régler un produit ou un service, réfléchit plusieurs fois pour la faire sortir et payer. En effet, les prix des matières premières à l’internationale ont beaucoup chutés par rapport aux prix pratiqués au moment de l’apogée de l’inflation (2022-02023). Sauf que, cette dernière, bien qu’importée au Maroc, a continué à sévir malgré les mesures prises par le gouvernement.
De ces importantes mesures prises pour la baisse des prix, le Gouvernement a jugé opportun l’ouverture du marché extérieur pour permettre l’importation des besoins en viandes rouges en animaux vifs et en viandes congelées ou fraiches. Cette extension aux produits congelés et halals dénote l’échec de l’expérience de la subvention des moutons importés pour la fête de l’Eid el Adha adoptée précédemment. En fait, ne fallait- il pas faire une évaluation des importations permises depuis la fin de Covid19 ?
La viande rouge est indispensable à l’alimentation humaine. Sa disponibilité et son accessibilité sur le marché dénote la souveraineté alimentaire du pays. Et tous les efforts consentis pour en assurer l’approvisionnement du marché par l’import ne devraient être que provisoires. En effet, la restructuration du secteur de l’élevage est devenue une priorité pour le Gouvernement. Car, le prix des viandes rouges a été et reste le prix référentiel des hausses des prix.
La décision de cette ouverture des frontières avec l’exonération de la TVA et des taxes douanières aura-t-elle un impact sur les circuits des viandes rouges pour voir leurs prix baisser ?
Examinons les faits :
Importation
Importation des bovins dans la limite de 150.000 têtes
Importation des ovins dans la limite de 700.000 têtes
Importation des caprins dans la limite de 20.000 têtes
Importation des camélidés dans la limite de 15.000 tête
Viandes congelées et fraiches dans la limite de 40.000 tonnes.
Soit :
Le poids moyen pour une carcasse de :
Bovin : 200 kg
Ovin : 16 kg
Caprin : 14 kg
Dromadaire : 200 kg
Il sera importé donc :
-200 x150.000 = 30.000.000 kg = 30.000 tonnes
-16x 700.000=11.200.000 kg = 11.200 tonnes
- 14 x 20.000= 280.000 kg = 280 tonnes
- 200 x 15000=3.000.000 kg =3.000 tonnes
Un total de 44.480 tonnes de viandes issues du vivant et 40.000 tonnes (congelé+ frais)
Total importé de 84.480 tonnes
Consommation nationale
Nombre de ménages au Maroc : 14.000.000
Consommation moyenne par ménage et par an : 56 kg
Consommation annuelle par an : 784.000 tonnes
Les importations vont couvrir uniquement 11% des besoins en viandes rouges et leur impact sur la baisse des prix sera très faible et même imperceptible pour le consommateur.
De ce fait, des mesures d’accompagnement devraient être entamées en même temps que la mise sur le marché de ces viandes. Tout d’abord :
Renforcer le contrôle pour l’affichage des prix ;
Renforcer le contrôle sanitaire tout le long de la chaine des valeurs ;
Un suivi doit être instauré pour l’évolution de la structure des prix ;
Création de circuits directs pour les animaux importés : des fermes lazarets aux abattoirs. Le passage par les souks devraient être interdits pour les animaux importés ;
Etude de la possibilité de plafonner les prix des produits subventionnés à l’instar du sucre, de la farine blé tendre subventionné et le gaz butane. Car tout produit subventionné devrait être plafonné ou encadré par le gouvernement*.
Cette nouvelle notion « encadré par le gouvernement » devrait être défendue pour la stabilité sociale du pays.
Rédigé par Par Dr Kherrati Bouazza FMDC