Par Aziz Boucetta
Nous vivons aujourd’hui, à plus d’un égard, une période exceptionnelle … Entre pandémie et diplomatie, élections et grands projets, nouveaux partenariats et anciennes alliances, le Maroc se trouve à une croisée des chemins, et cela influera sur les prochaines années. Ce qui est et sera demandé aux Marocains, c’est de faire montre de forte patience et de grande mobilisation pour affronter les défis à venir… Un bon coup de ciment national serait bienvenu.
Ils sont rappeurs ou simplement hâbleurs, activistes ou simples journalistes, braves militants ou youtubeurs impénitents, ados en mal d’amour, jeunes abrutis amateurs de vidéos et de « buzz », détenus en préventive pour de menus forfaits… Ils sont nombreux, nos jeunes et moins jeunes à être en prison, jugés et condamnés, ou en attente de jugement et enfermés, ou encore anciens détenus libérés mais traînant un casier judiciaire lourd comme un boulet de bagne.
Des familles entières sont en attente d’une remise de peine, d’une libération, d’un pardon pour leurs proches ayant commis quelque bévue plus ou moins grave et toujours regrettable. Qui n’a jamais commis d’erreur, dans ses mœurs ou à cause d’une passagère mauvaise humeur ? La Nation n’est-elle pas clémente et miséricordieuse ? Ne pourrait-elle pas passer un grand coup d’éponge pour une grande réconciliation… qui rendrait le sourire à tous.
Les Marocains, dans leur ensemble, globalement, ont affiché une belle tenue dans cette crise Covid, les uns s’appauvrissant, les autres stressant par crainte de lendemains incertains. Beaucoup ont perdu leur emploi et nombreux ont fermé leur entreprise, attendant des jours meilleurs que les variants de l’alphabet grec éloignent de jour en jour. Des gens sont bloqués à l’étranger sans pouvoir venir, pour moult raisons, visiter leurs proches, et plusieurs parmi eux ont perdu des membres de leur famille sans faire leur deuil…
Mais le Maroc, à travers son Etat, a montré sa bonne tenue en anticipant ici, organisant là, indemnisant à gros débit. Nous avons été précurseurs en tant de choses, l’avant-dernière étant pour la vaccination et la dernière, cet immense projet de fabrication de vaccins (oui, sous licence, et c’est tout aussi bien !). L’Etat, aujourd’hui, à travers sa classe politique, sa justice, ses institutions, devrait penser à lancer une grande réconciliation générale et œuvrer à convaincre les différentes parties civiles pour accorder leur pardon.
Face aux bouleversements géopolitiques dans la région, et dans lesquels le Maroc se trouve en position centrale, le royaume réagit comme l’ancien grand empire chérifien qu’il fut et l’Etat moderne qu’il est aujourd’hui. Il a pour cela besoin d’être fort, et un Etat est fort de son économie et de sa cohésion sociale. Or, si la puissance économique requiert du temps, à partir du moment où on entreprend de la bâtir, la concorde civile et la paix sociale peuvent se construire très rapidement, à partir du moment où on le décide.
Nous autres Marocains avons besoin de croire en notre pays et en sa grandeur, et c’est de cette foi que naîtra le véritable sentiment d’appartenance dont nous avons besoin pour faire front face aux défis qui nous attendent, voire affronter ceux qui, dans notre voisinage proche, se montrent hostiles ou au moins peu amicaux.
Se frayer un chemin, se faire respecter dans le monde incertain qui est devenu nôtre ne peut se faire de nos jours qu’avec la force militaire, la puissance économique ou la mobilisation de la société. Mobilisons-nous donc, en cette veille de fête du Trône, en cette période préélectorale, par l’amnistie, par la grâce, par le pardon. Il serait tellement beau et bon que la nation se montre encore plus clémente et davantage miséricordieuse, ramenant la joie dans les cœurs et le bonheur dans les chaumières.
Le Maroc est grand de ses citoyens ; il serait bien plus grandi par son indulgence envers quelques-uns de ces citoyens.
Rédigé par Aziz Boucetta sur https://panorapost.com