"Le monde du sport, et en particulier du football, ne peut pas rester neutre. Je ne m'opposerai certainement pas à une exclusion de la Russie", a lancé Noël Le Graët, président de la fédération française (FFF), dans un entretien au quotidien Le Parisien dimanche.
Avec cette prise de position, le patron de la puissante fédération championne du monde 2018 - en Russie - prolonge les annonces de ses homologues polonais, suédois et tchèque: ceux-ci ont déjà prévenu qu'ils refuseraient d'affronter la Russie lors des barrages du Mondial-2022, prévus à la fin du mois de mars et pour le moment maintenus.
Le ballon est désormais dans le camp de la Fifa, fédération internationale organisatrice du plus grand événement sportif de l'année 2022, programmé du 21 novembre au 18 décembre au Qatar.
Le silence de la Fifa
Silencieuse depuis jeudi, l'organisation n'a pas encore pris la moindre mesure, se contentant de se dire "préoccupée" face à une situation "tragique et inquiétante", selon son président Gianni Infantino au premier jour de l'intervention militaire russe.
Sollicitée par l'AFP à plusieurs reprises ce week-end, la Fifa n'avait pas réagi à ces différentes annonces, dimanche en début d'après-midi.
La Fédération internationale se retrouve dans l'inconfort: suivra-t-elle la position française, quitte à priver les joueurs russes d'une chance de disputer la plus grande compétition de football ? Ou restera-t-elle fidèle à ses règlements en actant le forfait des sélections polonaise, suédoise et tchèque pour les barrages de mars et donc en qualifiant de facto la Russie ?
"Toutes les sélections nationales devraient suivre notre exemple, comme cela nous verrons si la Fifa a les couilles de donner une place au Mondial à la Russie par forfait. Je ne pense pas", a lancé samedi le gardien de la Pologne, Wojciech Szczesny, au micro de la chaîne DAZN.
Son capitaine Robert Lewandowski, star du Bayern Munich, avait déjà fait remarquer que "les footballeurs et fans russes ne sont pas responsables", mais que "nous ne pouvons pas prétendre que rien ne se passe", sur Twitter.
Appels au boycott
Les appels au boycott du monde du sport vis-à-vis de la Russie, et parfois du Bélarus, se multiplient ces dernières heures, alors que la bataille pour le contrôle de Kiev se poursuivait dimanche dans un contexte marqué par une nouvelle accentuation des pressions occidentales sur Moscou.
Le gouvernement suédois a notamment appelé, samedi, à "un boycott des liens sportifs" avec la Russie "tant que dure l'invasion de l'Ukraine", la ministre britannique de l'Intérieur a prévenu que les sélections des "pays complices" ne seront plus bienvenues au Royaume-Uni et la Fédération internationale de judo a suspendu dimanche Vladimir Poutine dans son statut de président honoraire.
La crise a aussi déjà eu de nombreuses répercussions dans l'écosystème du sport professionnel, entre compétitions annulées ou déplacées, sportifs russes déclarés persona non grata et sponsors remis en cause.
La prestigieuse finale de la Ligue des champions de football, prévue le 28 mai, a été rapidement retirée à Saint-Pétersbourg au profit du Stade de France, près de Paris, par l'UEFA, organisatrice de cette compétition de clubs majeure.
L'UEFA s'apprête par ailleurs a rompre son contrat avec le géant gazier russe Gazprom, détenu majoritairement par l'Etat russe, comme l'a confirmé samedi à l'AFP une source ayant connaissance des discussions.
LODJ avec AFP