Grâces royales : Comment le Maroc compte transformer le défi du cannabis en opportunité ?


Rédigé par le Jeudi 22 Aout 2024

La grâce royale accordée lundi par SM le Roi Mohammed VI à plus de 4 800 cultivateurs de cannabis au Maroc ne se limite pas à un simple geste de clémence. Elle s'inscrit dans une stratégie bien plus vaste visant à repositionner le royaume sur la scène économique mondiale, tout en apportant des solutions concrètes aux défis sociaux et économiques du pays.



En juillet dernier, le Maroc a franchi un cap historique en exportant ses premiers kilos de cannabis légalement produits sur son sol, vendus entre 1 400 et 1 800 euros le kilo. Cette démarche s'inscrit dans l'ambition du royaume de se faire une place sur le marché européen du cannabis thérapeutique, où 21 des 27 pays membres de l'Union européenne en autorisent l'usage dans un cadre médical. En légalisant partiellement la production du cannabis, le Maroc cherche non seulement à se positionner comme un acteur clé sur ce marché en pleine expansion, mais aussi à offrir une alternative au trafic de drogue, qui a longtemps prospéré dans l'ombre.
 
Selon Mohammed El Guerouj, le directeur de l'Agence nationale de réglementation des activités relatives au cannabis, qui a délivré 200 autorisations en moins de trois ans, ces grâces vont : 
Permettre à ces agriculteurs et leurs familles de vivre dans la sérénité et la quiétude. Cette grâce est une étape importante pour l'élimination progressive de la culture illicite à travers la légalisation ou l'introduction de cultures alternatives .

La pertinence de la grâce royale réside dans sa capacité à désenclaver économiquement la région du Rif, où le cannabis est cultivé depuis des siècles. En 2019, entre 80 000 et 120 000 familles dépendaient de cette culture pour leur subsistance, souvent dans l'illégalité. Ces cultivateurs, dont l'activité était tolérée mais qui risquaient toujours d'être poursuivis, voient dans cette grâce une porte ouverte vers la légalisation et la régularisation de leur travail.

Un avenir prometteur pour la production du canabis légal

La Fédération marocaine de l’industrie et de l’innovation pharmaceutiques (FMIIP) entrevoit un avenir prometteur pour cette nouvelle filière. Elle anticipe des revenus annuels compris entre 4,2 et 6,3 milliards de dirhams dans les quatre prochaines années. Ce pari repose en grande partie sur l'objectif ambitieux d'accaparer entre 10 % et 15 % du marché européen du cannabis médical.

En permettant à ces producteurs de sortir de la clandestinité, le gouvernement marocain ne se contente pas d'encadrer une économie informelle ; il intègre des milliers de familles dans un secteur désormais régulé, contribuant ainsi à une meilleure répartition des richesses et à la réduction des inégalités. Le Maroc, premier producteur mondial de cannabis selon l'ONU, transforme ainsi un défi en opportunité, en intégrant les populations locales dans un processus de transition vers une économie légale.
 
Depuis l'adoption en 2021 de la loi régissant l'usage du cannabis à des fins médicales, pharmaceutiques et industrielles, le Maroc est devenu une terre fertile pour les investisseurs. En seulement quelques années, près de 200 opérateurs se sont lancés dans ce secteur en plein essor. Cette législation positionne le royaume comme un acteur émergent sur le marché mondial du cannabis, dont la valeur, pour le seul segment thérapeutique, est estimée à plus de 50 milliards de dollars d'ici 2028, selon les projections du fonds d'investissement américain Insight Partners.

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Journaliste et étudiant malien en stage, passionné par la géopolitique, l'histoire et le sport.… En savoir plus sur cet auteur
Jeudi 22 Aout 2024
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