Gaza : La déclaration de Bahreïn, pour des forces arabes de maintien de la paix ?


Rédigé par le Mercredi 22 Mai 2024

Les pays arabes appellent à déployer des forces de paix sous mandat de l’ONU dans les territoires palestiniens occupés



Des Casques bleus à Gaza et en Cisjordanie ?

Un plan arabe très crédible , qui rencontre l'opposition de Washington et de Tel -Aviv !

Réunis au Bahreïn, les 22 Etats de la Ligue arabe demandent la reconnaissance de l’Etat palestinien et l’organisation d’une conférence de paix sous l’égide des Nations unies, conditions qui se heurtent aux positions américaine et israélienne. 

  Lors d’un sommet dominé par la guerre dans la bande de Gaza, les vingt-deux pays de la Ligue arabe ont adopté, à Manama, au Bahreïn, jeudi 16 mai, une position unifiée sur un règlement politique du conflit. I

Ils font de l’instauration immédiate d’un cessez-le-feu, du retrait des forces israéliennes et de la levée du siège sur l’enclave palestinienne un préalable alors qu’Israël dit son intention d’« intensifier ses opérations à Rafah. 

La « déclaration de Bahreïn » appelle à l’organisation d’une conférence de paix internationale sous l’égide des Nations unies, à la reconnaissance internationale d’un Etat palestinien et au déploiement de forces internationales de protection et de maintien de la paix sous mandat onusien dans les territoires palestiniens occupés jusqu’à la mise en œuvre de la solution des deux Etats.

Le consensus trouvé entre les chefs d’Etat arabes reprend les grandes lignes du plan élaboré par le groupe de contact arabe (Arabie saoudite, Egypte, Emirats arabes unis, Jordanie et Qatar).

Il s’écarte toutefois de l’impératif qu’il posait de renverser la logique d’Oslo, en faisant de la reconnaissance d’un Etat palestinien dans les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale, un prérequis à des négociations de paix. Alors que l'on pensait que le plan arabe pour le « jour d’après » dans l’impasse , suite aux manœuvres américaines  

Le rejet du plan arabe par les Etats-Unis et son double veto à la reconnaissance de la Palestine comme Etat membre des Nations unies – devant le Conseil de sécurité, le 18 avril, puis lors de l’Assemblée générale, le 10 mai – les poussent au compromis.

Comme geste de bonne volonté Riyad ne veut pas contrarier son projet de normalisation avec Israël ,  mais  en échange , Washington promet à Riyad un pacte de défense et son soutien au développement du nucléaire civil dans le royaume.

Le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, est attendu à Riyad et à Tel-Aviv ces prochains jours pour faire avancer le dossier, en dépit du refus du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, d’accepter la création d’un Etat palestinien – une condition posée par l’Arabie saoudite.

Pour rappel,  l' Autorité palestinienne vient tout juste de reçevoir un large soutien à l’ONU, lors d’un vote symbolique en faveur de l'adhésion de la Palestine 

Dans le communiqué final du sommet, les dirigeants arabes évoquent aussi le déploiement de "forces internationales de protection et de maintien de la paix de l'ONU dans les territoires palestiniens occupés", le temps que cette solution à deux Etats soit mise en œuvre.

En novembre, le ministre des Affaires étrangères italien, Antonio Tajani, avait déjà soulevé l'idée. "Je pense que l'ONU peut jouer un rôle comme elle est en train de le faire, avec la Finul, entre le Hezbollah et Israël", avait-il affirmé.

Forte de 10 000 hommes, la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) est chargée, depuis 1978, de contribuer au maintien de la paix à la frontière entre Israël et son voisin. Une présence qui n'a  toutefois pas empêché les affrontements armés presque quotidiens entre le Hezbollah et Tsahal ces derniers mois.

"En ce moment, nous sommes presque dans une impasse", a déploré le Premier ministre qatari , mardi 14 mai.

Famine , catastrophe humanitaire sans précédent et un conflit dans une inextricable impasse !
 "Il faudrait déjà qu'il y ait une paix à maintenir. Nous n'intervenons pas dans les combats", rappelle le porte-parole de l'ONU, Farhan Haq, auprès du New York Times.

Les Casques bleus ne peuvent pas "imposer la paix !  
 
Les Casques bleus "ne font pas d'imposition de la paix", expliquait déjà leur chef à l'AFP en novembre. Ils interviennent pour protéger les civils, si un accord de cessez-le-feu a été trouvé, afin de "créer les conditions pour qu'un processus politique avance et mène à une paix durable", expliquait Jean-Pierre Lacroix.

La fin des combats est d'ailleurs la première étape du plan mis sur la table par la Ligue arabe, relève Romuald Sciora, essayiste et directeur de l'observatoire politique et géostratégique des Etats-Unis à l'Iris.

"Elle appelle en premier lieu à un cessez-le-feu immédiat, puis au retrait des forces israéliennes de la bande de Gaza, à la fin du siège imposé au territoire palestinien, à l'organisation d'une conférence internationale sous l'égide de l'ONU, à la reconnaissance d'un Etat palestinien et enfin, si toutes ces conditions sont réunies, au déploiement des Casques bleus jusqu'à ce que la solution à deux Etats soit effective", liste le chercheur.

Or, la perspective d'un cessez-le-feu à Gaza s'est à nouveau éloignée après le rejet d'un projet d'accord par Israël, début mai. L'offensive israélienne sur Rafah, lancée au même moment, a "fait reculer" les discussions avec le Hamas, a constaté le Qatar, l'un des trois médiateurs avec l'Egypte et les Etats-Unis.

"En ce moment, nous sommes presque dans une impasse", a déploré le Premier ministre qatari , mardi 14 mai.

A ce stade, le plan de la Ligue arabe n'a aucune chance d'être mis en œuvre. Il est hautement improbable qu'Israël accepte un cessez-le-feu immédiat et, même si c'était le cas, il refusera à court terme de retirer ses troupes et de mettre un terme au siège de Gaza.

Une opération des Casques bleus nécessiterait par ailleurs l'aval du Conseil de sécurité de l'ONU, où les Etats-Unis ont déjà plusieurs fois mis leur veto à des projets de résolution condamnant l'offensive menée par Tel-Aviv.

Selon le New York Times, un porte-parole du Département d'Etat a déjà laissé entendre que la Maison Blanche ne soutiendrait pas le déploiement des forces onusiennes, déclarant à la presse que "l'envoi de forces de sécurité supplémentaires" pourrait mettre en péril l'objectif israélien de démanteler le Hamas.

Israël a une attitude très négative envers l'ONU !

"Une intervention des Nations unies ne peut de toute façon s'organiser qu'avec l'accord d'Israël. "Les parties prenantes au conflit doivent accepter la présence des forces de maintien de la paix", souligne le porte-parole de l'ONU, Farhan Haq, auprès du New York Times.

"Nous n'intervenons pas comme force ennemie ou d'occupation." Difficile d'imaginer le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, fervent opposant à la création d'un Etat palestinien, accepter une mission censée maintenir la paix jusqu'à la mise œuvre de la solution à deux Etats.

"Israël a actuellement une attitude très négative envers l'ONU", remarque aussi Richard Gowan, spécialiste des Nations unies au sein de l'ONG Crisis Group.

Ces derniers mois, Tel-Aviv avait accusé des employés de l'UNRWA, l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens, d'avoir collaboré avec le Hamas, sans fournir de preuves étayant ses dires.

"Les Israéliens se sont aussi montrés très critiques au sujet de la Finul , dont ils estiment qu'elle ne fait pas assez pour contrôler le Hezbollah dans le sud du Liban", rapporte-t-il."Il n'est pas certain que les Israéliens feraient confiance à l'ONU pour assurer le maintien de la paix dans la bande de Gaza." rajoute Richard Gowan, spécialiste de l'ONU .


Même si la communauté internationale donnait son feu vert, le déploiement des Casques bleus poserait des questions logistiques. "Une fois que le Conseil de sécurité a voté en faveur d'une opération de maintien de la paix, le secrétaire général de l'ONU est chargé de consulter différents Etats membres pour réunir un contingent de militaires", détaille Romuald Sciora.

Le mode de financement et la mission de cette force doivent aussi être définis avec l'accord du Conseil. Un processus qui prend généralement "beaucoup de temps"."Si toutes les conditions étaient réunies, le déploiement d'une force de maintien de la paix pourrait aller très vite, car ce serait une priorité de l'ONU", croit au contraire savoir Richard Gowan.

Cependant, "l'exemple du Mali a montré que les forces onusiennes sont mal équipées pour faire face aux groupes terroristes, met-il en garde. Si le Hamas était vaincu militairement mais que des combattants restaient en capacité de mener des attaques, les Casques bleus pourraient être très vulnérables.

"Un plan "crédible", mais pas à court terme !

A ce stade, les conditions préalables à une opération des Casques bleus dans les territoires palestiniens sont loin d'être réunies. Alors pourquoi les pays arabes ont-ils mis ce plan sur la table ? Il "leur permet de signaler qu'ils feraient partie des principaux contributeurs de troupes" en cas de déploiement, analyse Richard Gowan.Cette proposition marque aussi un "compromis important" de la part de la Ligue arabe, argue Romuald Sciora. "C'est la première fois qu'elle ne fait pas de la reconnaissance d'un Etat palestinien le préalable à toute discussion, note le chercheur. Ce plan est crédible, mais dans plusieurs années, avec un autre gouvernement à la tête d'Israël.""Il y a un peu d'hypocrisie dans ce plan. Il n'est pas réalisable dans l'immédiat, mais c'est un geste des dirigeants arabes envers leurs populations, très remontées contre la guerre à Gaza, pour montrer qu'ils peuvent être unis."Romuald Sciora, chercheur associé à l'Iris

Cette proposition permet aussi aux pays arabes de "challenger le plan israélien pour le futur de Gaza Avec ce plan, la Ligue arabe offre effectivement une alternative. ".

"Benyamin Nétanyahou a déclaré qu'il souhaitait qu'Israël conserve une forme de contrôle militaire sur l'enclave, avec la possibilité d'y mener des opérations quand il le souhaite, décrypte l'expert. "
Alors que des mandats d'arrêts pour crimes de guerres ont été requis par le procureur de la Cour Pénale internationale contre Benyamin Netanyahou, cela pose désormais la question de la normalisation de certains pays arabes avec Israël ou de celle d'autres qui sont en cours de négociation !
 
Ce jeudi 22 mai , l'Espagne , l'Irlande et la Norvège ont déclaré leur reconnaissance d'un Etat palestinien et ont aussitôt été accusés par Netanyahou d' encourager et de soutenir le terrorisme !
Et bien entendu , la Maison Blanche s'est dite opposée à toute reconnaissance unilatérale !

On est franchement et carrément dans une situation où les deux Etats terroristes par excellence veulent imposer par la pire des terreurs leur volonte tout en accusant ceux qui s' y opposent de soutenir le terrorisme !
Affligeant et scandaleux !

Avec France-info
 




Hafid Fassi Fihri est un journaliste atypique , un personnage hors-normes . Ce qu'il affectionne, le… En savoir plus sur cet auteur
Mercredi 22 Mai 2024
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