Fragilisé par des luttes intestines et une perte manifeste de soutien, tant sur la scène internationale que parmi ses propres adhérents, l’organisation peine à maintenir une cohésion minimum. Des rapports font état d’un mécontentement croissant dans les camps de Tindouf, où les populations, confrontées à des conditions de vie difficiles et à une absence de perspectives claires, expriment de plus en plus leur colère contre une direction perçue comme déconnectée et inefficace.

Ibrahim Ghali, figure contestée à la tête du mouvement, semble chercher à temporiser en multipliant les discours et en capitalisant sur des alliances traditionnelles avec Alger. Cependant, cette stratégie semble s’éroder, d’autant plus que l’Algérie traverse elle-même une période de turbulences internes, affaiblissant ainsi sa capacité à soutenir indéfiniment un mouvement dont l’influence s’amenuise.

Le désintérêt croissant de l’Algérie pour la cause indépendandiste du Polisario reflète un changement stratégique majeur. Pour Alger, incapable de juguler ses propres crises économiques, sociales et politiques, l’équation devient trop coûteuse. Ce soutien, qui était jadis un pilier de la diplomatie algérienne, apparaît désormais comme un fardeau dans un contexte géopolitique où les alliances se redéfinissent. L’émergence du Maroc comme acteur stratégique majeur en Afrique et dans la région méditerranéenne exacerbe cette dynamique.

Le royaume chérifien, s’appuyant sur une diplomatie proactive et un modèle de développement ambitieux pour les provinces du Sud, investit lourdement dans les infrastructures, attirant des partenaires internationaux de poids. Des projets dans le port de Dakhla et la promotion du Sahara marocain comme un hub économique africain repositionnent la région comme un atout clé. Ce pragmatisme marocain s’oppose à l’immobilisme du Polisario, dont le rêve initial d’un État sahraoui semble désormais relégué à une utopie.

En outre, ce changement impacte l’équilibre des forces dans la région. Avec cette montée en puissance du Maroc, combinée au désengagement progressif de l’Algérie, l’avenir du Front Polisario apparaît de plus en plus compromis. La vision d’Alger d’un accès géographique à l’Atlantique via ce territoire semble s’évaporer dans une réalité où le Maroc consolide son contrôle et son influence. À mesure que le soutien international se réoriente, les principales puissances, y compris certains alliés historiques du Polisario, semblent adopter une posture plus favorable à l’intégrité territoriale du Maroc.

Au final, cette conjoncture laisse présager une recomposition géopolitique majeure dans la région, où l’émergence de nouveaux paradigmes risque de précipiter l’effondrement d’un mouvement naguère symbole d’une ambition géostratégique régionale.