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François, le pape des paradoxes : progressiste… mais autoritaire ?


Rédigé par La Rédaction le Mardi 22 Avril 2025

Il dénonçait la rigidité, prônait la tendresse, voulait une Église "pauvre pour les pauvres". Pourtant, derrière cette image de pape proche du peuple, François a gouverné l’Église avec une main de fer sous un gant de velours. Alors, pape progressiste ou chef autoritaire ? Et si c'était les deux à la fois…



Un pape ouvert, engagé, dérangeant

Dès son élection en 2013, le cardinal argentin Jorge Mario Bergoglio a pris le contre-pied de ses prédécesseurs. Pas de chaussures rouges ni d’appartement pontifical, mais une chambre simple et des déplacements en Fiat. Il voulait bousculer les symboles, et il l’a fait.

Il s’est attaqué à de nombreux tabous : l’accueil des personnes homosexuelles, les migrants, la pauvreté, la crise écologique, le cléricalisme, ou encore la corruption interne au Vatican. En 2015, il publie Laudato si’, une encyclique écologique saluée même par l’ONU. En 2023, Laudate Deum sonne comme un cri de désespoir face à l’inaction climatique. Sur l’immigration, il martèle que "les migrants ne sont pas des numéros mais des visages". Sur l’homosexualité, il déclare : "Qui suis-je pour juger ?"

Ces prises de position, à la fois audacieuses et humaines, l’ont fait adorer par les progressistes… et redouter par les conservateurs.

Un chef jésuite, centralisateur et redouté
Mais cette ouverture affichée ne doit pas faire oublier un mode de gouvernance jugé par beaucoup comme… autoritaire. Le pape François est un jésuite. Et chez les jésuites, la discipline est sacrée. Sous son pontificat, le Vatican a connu une centralisation croissante du pouvoir autour de sa personne.

Il n’a pas hésité à contourner les organes collégiaux en imposant ses réformes par décrets. Il a limogé, déplacé ou mis à l’écart plusieurs figures critiques. Il a réorganisé de fond en comble la Curie, recentrant la stratégie du Vatican, et renforcé son contrôle sur les finances pontificales.

Certains cardinaux, y compris ceux qui l’avaient soutenu, ont fini par dénoncer un style autoritaire, peu enclin au dialogue quand il s’agit d’opinions divergentes. La synodalité tant prônée — cette idée de marche collective de l’Église — est restée, selon eux, plus théorique que réelle.

Il aura été un pape des marges… mais sans marge de négociation.
Un pape du dialogue… mais peu bavard en interne.
Un pape pour demain… mais qui a gouverné à l’ancienne.

Ce paradoxe n’est pas une faiblesse, mais peut-être la clé de lecture d’un pontificat qui aura tenté de concilier la miséricorde et l’autorité, l’écoute et la décision, la tendresse et la réforme. Une chose est sûre : il ne laisse personne indifférent.

Le pontificat du pape François a été marqué par une volonté de réforme et d'ouverture, n'hésitant pas à aborder des sujets sensibles et à bousculer les traditions pour répondre aux défis contemporains.​

Le pape François, décédé ce lundi 21 avril 2025 à l'âge de 88 ans des suites d'un AVC, laisse derrière lui un pontificat marqué par des déclarations audacieuses qui ont souvent surpris, voire dérouté, tant les fidèles que les observateurs du monde entier. Voici un retour sur certaines de ses prises de position les plus marquantes :​

Sur l'homosexualité : « Qui suis-je pour juger ? »
Dès 2013, lors de son retour des Journées mondiales de la jeunesse à Rio, le pape François a surpris en déclarant : « Si une personne est gay et cherche le Seigneur avec bonne volonté, qui suis-je pour la juger ? » Cette phrase a marqué une rupture dans le ton de l'Église catholique envers les personnes homosexuelles. ​

Sur l'avortement : des propos tranchants
En septembre 2024, lors d'une visite en Belgique, le pape a ravivé la polémique sur l'avortement en annonçant la béatification de l'ex-roi Baudouin, décédé en 1993, qui avait refusé de signer une loi dépénalisant l'IVG en 1990. Le pape a salué le "courage" du roi et comparé l'avortement à un homicide, déclarant que les médecins pratiquant des avortements sont, "si vous me permettez l'expression, des tueurs à gages". ​

Sur l'écologie : un cri d'alarme
Dans son exhortation apostolique Laudate Deum publiée en octobre 2023, le pape François a lancé un avertissement sévère sur la crise climatique, affirmant que "le monde s'écroule" et dénonçant le paradigme technocratique qui place la technologie au-dessus de l'humain. Il a appelé à une action urgente pour préserver notre "maison commune". ​

Sur la pauvreté : une Église pour les pauvres
Peu après son élection en 2013, le pape François a exprimé son désir d'une "Église pauvre, pour les pauvres", mettant l'accent sur l'humilité et la simplicité, et critiquant les excès matériels au sein de l'Église.

Sur la littérature : une ouverture inédite
En août 2024, le pape François a surpris en encourageant la lecture de toute forme de littérature, même celle pouvant susciter des émotions négatives ou choquer les croyants, pour éveiller la sensibilité morale et favoriser l'empathie. Cette position va à l'encontre de la tradition de censure de l'Église et a été qualifiée de "révolutionnaire" par des intellectuels.

Sur la guerre : une condamnation sans équivoque
Dans son message "Urbi et Orbi" de Pâques 2024, le pape François a rappelé que "la guerre est toujours une absurdité et une défaite", appelant à un cessez-le-feu immédiat dans la bande de Gaza et plaidant pour un échange général de prisonniers entre la Russie et l'Ukraine.
 





Mardi 22 Avril 2025


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