En ces temps actuels, il est clair que l'une des principales préoccupations du gouvernement marocain est de favoriser l'implication de toutes les segments de la population, en particulier les femmes rurales, dans l'économie nationale, comme le met en évidence un rapport sur la Stratégie nationale d'inclusion financière (SNIF).

Dans le but de mieux appréhender les besoins de ce groupe social, Bank Al-Maghrib (BAM) a entrepris une évaluation du statut socio-économique des femmes rurales à travers une étude exploratoire et une enquête quantitative. Les résultats de cette recherche ont révélé les défis et les contraintes auxquels ce segment de la population est confronté, ainsi que ses aspirations à obtenir une autonomie financière et économique afin de contribuer à l'amélioration des conditions de vie au sein de leurs communautés.

Le rapport collaboratif de BAM et du ministère de l'Économie et des Finances met en évidence l'importance d'une approche globale en faveur de l'autonomisation économique des femmes rurales, englobant plusieurs aspects tels que :«la formation professionnelle pour le renforcement des capacités, le développement des compétences entrepreneuriales, la sensibilisation et la communication pour combattre les normes sociales et l’inclusion financière pour accompagner la création d’activités génératrices de revenu et leur développement».

BAM a réalisé une enquête auprès d'un échantillon de femmes rurales provenant de six régions différentes : Tanger-Tétouan-Al Hoceima, Fès-Meknès, Béni Mellal-Khénifra, Grand Casablanca-Settat, Marrakech-Safi et Souss Massa. Deux localités rurales ont été sélectionnées dans chaque région. Cette enquête visait à comprendre les besoins financiers de ces femmes. Les résultats ont montré que la majorité des répondantes étaient disposées à fréquenter des institutions financières si elles disposaient de revenus personnels suffisants et si elles avaient accès à davantage d'informations. «L’un des deux principaux services envisagés est le dépôt d’argent dans un objectif d’épargne. La banque est perçue comme un moyen de préserver l’argent en lieu sûr et d’éviter des dépenses peu réfléchies», indique-t-on. 

Une autre attente largement répandue concerne les conditions de remboursement qui doivent prendre en compte la situation précaire des clientes. Cela implique des démarches administratives simplifiées, des garanties adaptées à leur situation, une période de remboursement étendue ainsi que des taux d'intérêt et des frais réduits.

Cependant, cette aspiration à accéder à des prêts n'est pas exempte de contraintes. Parmi celles-ci, on trouve le risque de rencontrer des difficultés de remboursement, des taux d'intérêt trop élevés, ainsi que la nécessité d'obtenir l'autorisation du mari pour se déplacer et contracter un crédit.
  L'analyse des résultats de cette enquête a permis de classer les femmes rurales en cinq segments distincts. Parmi eux :
 

1. Les étudiantes et les jeunes actives représentent 23% des femmes rurales, parmi lesquelles seulement 26% disposent de revenus personnels.
2. Les mères au foyer constituent près de la moitié des femmes rurales (49%), et parmi elles, 26% déclarent être financièrement autonomes.
3. La jeune génération active représente 4% de l'échantillon.
4. Les maîtresses de maison actives représentent 16% de l'échantillon.
5. Les femmes chefs de ménage représentent 8% de l'échantillon, parmi lesquelles respectivement 63%, 69% et 87% sont financièrement autonomes.

Ces segments mettent en évidence la diversité des profils des femmes rurales et leurs différentes réalités socio-économiques.


Salma LABTAR