Faut-il sacrifier ou s’adapter ? L’Aïd Al Adha face à la sécheresse et à la crise économique


Rédigé par La Rédaction le Lundi 6 Janvier 2025



L’Aïd Al Adha, célébration incontournable au Maroc, mobilise chaque année un cheptel de plus de 3 millions de têtes de bétail. Pourtant, la sécheresse persistante et ses répercussions alarmantes sur le secteur agricole imposent une réflexion profonde. Faut-il cette année annuler ou alléger ce rituel pour préserver l’équilibre économique, social et environnemental ?

Le Maroc traverse une des pires sécheresses de son histoire, entraînant une perte significative du cheptel national. Bien que le gouvernement ait tenté de compenser ce déficit par des importations, les prix des viandes rouges continuent de grimper, exacerbant les inégalités sociales. Selon les derniers chiffres, ces hausses rendent la viande inabordable pour de nombreux foyers marocains. La spéculation sur le marché aggrave davantage la situation, alors que des familles entières peinent à accéder à cette denrée essentielle.

Face à ces défis, une piste soulignée par des experts et historiens religieux serait de réinterpréter la Sunna.

La tradition musulmane met en avant l’importance de la charité et de la solidarité. Le Calife Omar avait, dans des circonstances similaires, renoncé à ce rite pour préserver les ressources et favoriser la justice sociale. Une telle approche pourrait permettre de suspendre temporairement le sacrifice tout en respectant l’esprit religieux de l’Aïd.

En adoptant une telle mesure, plusieurs objectifs pourraient être atteints :
Reconstitution du cheptel national : Réduire la demande soulagerait les éleveurs et les ressources naturelles, créant ainsi une base solide pour les prochaines années.
Stabilisation des prix : Moins de pression sur le marché pourrait freiner l’inflation des viandes rouges et alléger les dépenses des familles.
Promotion de la solidarité : En mettant en avant des actes de charité alternatifs, cette décision valoriserait les valeurs de partage et de soutien envers les plus vulnérables.


Malgré les efforts gouvernementaux, dont l’importation massive de bétail, la situation reste critique. Le ministre du Budget, Fouzi Lekjaa, a reconnu l’impact limité de ces mesures, qui n’ont ni réduit les prix ni facilité l’accès à la viande pour les foyers modestes. Ce constat révèle un besoin urgent de repenser les solutions.

L’histoire récente du Maroc montre que des décisions similaires ont été prises, notamment en 1981 et 1996, où le sacrifice avait été suspendu en raison de circonstances exceptionnelles. Ces exemples démontrent qu’une telle mesure est non seulement envisageable, mais qu’elle peut également être acceptée par la population lorsqu’elle est bien expliquée.

Aujourd’hui, il est crucial de sensibiliser les citoyens à l’importance de préserver les ressources du pays et de favoriser des alternatives solidaires. Les oulémas, en tant qu’autorités religieuses, pourraient jouer un rôle clé dans cette mobilisation, en promouvant un discours adapté aux défis contemporains.

Dans un Maroc confronté à une crise climatique et économique sans précédent, la gestion des rituels religieux doit s’adapter pour préserver l’avenir. L’annulation du sacrifice de l’Aïd Al Adha pourrait devenir un exemple de pragmatisme et de résilience collective.

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Lundi 6 Janvier 2025
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