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Par Naim Kamal
Même si j’ai une réponse plus simple : on va à l’école pour ne pas mourir idiot, quoi que à ça ne dépend pas que de l’école, il est évident qu’on s’instruit pour prendre l’ascenseur social, même si de nos temps il faut jouer des coudes et de quelques coups de pouce pour s’y glisser. Les places ce n’est plus ce qui court les escaliers et les temps sont plus durs.
Un vrai-faux Master
On va donc à l’école, puis au collège, ensuite au lycée si entre temps on n’a pas rejoint les contingents de la déperdition scolaire, et avec un peu de chance on se retrouve à la faculté. Pour la plupart jusqu’à la licence ou le bachelor, on ne sait plus comment ça s’appelle, et quand on y tient vraiment et qu’on a des parents qui soutiennent - ce qui n’est pas le cas de tout le monde, nullement faute de désir ou de bonne volonté -, on pousse jusqu’au Master, alias DES, diplôme des études supérieurs, à mi-chemin du baccalauréat et du doctorat.
A cet étage, l’ascenseur social se rétrécit encore plus. Les places y sont comptées et il faut un concours pour y accéder. Si à l’examen, le prétendant ‘’n’a pas’’ les ‘’aptitudes’’ requises ou n’est pas dans son jour, il n’a plus qu’à aller pointer chez les chômeurs diplômés, sachant d’avance qu’il y croisera aussi des titulaires de Masters et de doctorats.
Mais si en dépit de cette voie sans issue, l’étudiant, ou ses parents, ou les trois ensemble, tiennent absolument à ce que sur son CV figure un Master, l’université marocaine, dans son immense ingéniosité, a trouvé la solution : le Master Spécialisé d’Université.
C’est un Master sans être un Master. Un Master qui n’est pas un faux Master, sans avoir la qualité d’un vrai Master. Un vrai-faux Master. Pour autant il ne faut pas le bouder. Car, s’il ne sert à rien pour accéder à un poste à une échelle équivalente dans la fonction publique, l’Etat, à en croire les recruteurs du service public, ne reconnaissant pas ce diplôme délivré par ses propres universités, il peut toujours se révéler utile, sait-on jamais, dans le secteur privé.
Pour un site comme le Quid.ma qui croit que l’école est destinée à apprendre à apprendre, aide à se cultiver, à s’épanouir, participe à l’éducation, il faut bien concéder que cette porte ouverte à la dérobée aux étudiants désireux de persévérer sur le sentier du savoir, est une bonne chose. N’eut été un hic. Ou plutôt trois hic (nom invariable signifiant selon Larousse Nœud de la question, difficulté essentielle).
Un vrai-faux Master
On va donc à l’école, puis au collège, ensuite au lycée si entre temps on n’a pas rejoint les contingents de la déperdition scolaire, et avec un peu de chance on se retrouve à la faculté. Pour la plupart jusqu’à la licence ou le bachelor, on ne sait plus comment ça s’appelle, et quand on y tient vraiment et qu’on a des parents qui soutiennent - ce qui n’est pas le cas de tout le monde, nullement faute de désir ou de bonne volonté -, on pousse jusqu’au Master, alias DES, diplôme des études supérieurs, à mi-chemin du baccalauréat et du doctorat.
A cet étage, l’ascenseur social se rétrécit encore plus. Les places y sont comptées et il faut un concours pour y accéder. Si à l’examen, le prétendant ‘’n’a pas’’ les ‘’aptitudes’’ requises ou n’est pas dans son jour, il n’a plus qu’à aller pointer chez les chômeurs diplômés, sachant d’avance qu’il y croisera aussi des titulaires de Masters et de doctorats.
Mais si en dépit de cette voie sans issue, l’étudiant, ou ses parents, ou les trois ensemble, tiennent absolument à ce que sur son CV figure un Master, l’université marocaine, dans son immense ingéniosité, a trouvé la solution : le Master Spécialisé d’Université.
C’est un Master sans être un Master. Un Master qui n’est pas un faux Master, sans avoir la qualité d’un vrai Master. Un vrai-faux Master. Pour autant il ne faut pas le bouder. Car, s’il ne sert à rien pour accéder à un poste à une échelle équivalente dans la fonction publique, l’Etat, à en croire les recruteurs du service public, ne reconnaissant pas ce diplôme délivré par ses propres universités, il peut toujours se révéler utile, sait-on jamais, dans le secteur privé.
Pour un site comme le Quid.ma qui croit que l’école est destinée à apprendre à apprendre, aide à se cultiver, à s’épanouir, participe à l’éducation, il faut bien concéder que cette porte ouverte à la dérobée aux étudiants désireux de persévérer sur le sentier du savoir, est une bonne chose. N’eut été un hic. Ou plutôt trois hic (nom invariable signifiant selon Larousse Nœud de la question, difficulté essentielle).
Les finasseries de la loi
Le premier hic est la loi 01-00 portant Organisation de l’Enseignement supérieur qui, si elle donne aux universités la possibilité d’« instaurer des diplômes d'université dans le domaine de la formation initiale et dans celui de la formation continue […] », n’oblige pas l’Etat à les reconnaitre comme équivalents aux diplômes dits nationaux, se contentant de stipuler que « Les diplômes accrédités peuvent être reconnus équivalents aux diplômes nationaux ».
C’est ce ‘’peuvent’’ que la plupart, sinon toutes les administrations, par pouvoir discrétionnaire qui frôle l’arbitraire, n’actionnent pas. Et si nul n’est censé ignorer la loi, peu de parent font attention à cette rouerie de la loi.
Le deuxième hic est qu’un diplôme délivré par une université d’Etat, que l’Etat n’est pas astreint de reconnaitre, est de fait dévalorisé pour ne pas dire totalement démonétisé. Ce qu’il est dans les actes et les paroles quand un impétrant est candidat à un poste dans une administration publique.
Le troisième hic est que les études pour ce Master sont, elles, bien monnayées, l’étudiant devant débourser selon les facultés, d’après les informations que nous avons recueillies à Casablanca, Mohammedia et Kénitra, entre six mille dh et quatorze mille dh le semestre à multiplier par quatre. C’est une rente dont 70% vont à l’université hôte et 30% aux enseignants pour arrondir leurs fins de mois.
On n’ose pas appeler ce système ‘’d’escroquerie d’Etat’’, escroquerie étant définie par les dictionnaires comme une ‘’tromperie consistant en l'obtention d'un bien ou la fourniture d'un service au moyen de l'usage d'un faux nom, d'une fausse qualité’’.
Le premier hic est la loi 01-00 portant Organisation de l’Enseignement supérieur qui, si elle donne aux universités la possibilité d’« instaurer des diplômes d'université dans le domaine de la formation initiale et dans celui de la formation continue […] », n’oblige pas l’Etat à les reconnaitre comme équivalents aux diplômes dits nationaux, se contentant de stipuler que « Les diplômes accrédités peuvent être reconnus équivalents aux diplômes nationaux ».
C’est ce ‘’peuvent’’ que la plupart, sinon toutes les administrations, par pouvoir discrétionnaire qui frôle l’arbitraire, n’actionnent pas. Et si nul n’est censé ignorer la loi, peu de parent font attention à cette rouerie de la loi.
Le deuxième hic est qu’un diplôme délivré par une université d’Etat, que l’Etat n’est pas astreint de reconnaitre, est de fait dévalorisé pour ne pas dire totalement démonétisé. Ce qu’il est dans les actes et les paroles quand un impétrant est candidat à un poste dans une administration publique.
Le troisième hic est que les études pour ce Master sont, elles, bien monnayées, l’étudiant devant débourser selon les facultés, d’après les informations que nous avons recueillies à Casablanca, Mohammedia et Kénitra, entre six mille dh et quatorze mille dh le semestre à multiplier par quatre. C’est une rente dont 70% vont à l’université hôte et 30% aux enseignants pour arrondir leurs fins de mois.
On n’ose pas appeler ce système ‘’d’escroquerie d’Etat’’, escroquerie étant définie par les dictionnaires comme une ‘’tromperie consistant en l'obtention d'un bien ou la fourniture d'un service au moyen de l'usage d'un faux nom, d'une fausse qualité’’.
Rédigé par Naim Kamal sur Quid