Par Abdeslam Seddiki
D’abord, de par le contexte dans lequel elles se déroulent. Un contexte marqué par la pandémie covid-19 avec ses conséquences économiques, sociales voire psychologiques. Ce qui impactera forcément la prochaine campagne électorale sachant que des incertitudes planent toujours sur l’issue de la pandémie à tel point que toutes les hypothèses sont envisageables en fonction de l’efficacité des vaccins, de l’évolution des différents variants et du niveau de la relance économique.
Ensuite, c’est pour la première fois que les campagnes électorales pour les locales, les régionales et les nationales se dérouleront au cours de la même période.
En effet, les électeurs seront appelés à s’exprimer le même jour par deux bulletins séparés, à déposer dans deux urnes différentes : un premier bulletin est relatif aux consultations locales et régionales. Un deuxième bulletin est relatif au scrutin législatif dans lequel il faut cocher la liste de la circonscription électorale et la liste régionale conduite par des femmes. Si ce système nous permet de faire l’économie du temps et des moyens, il faut reconnaitre, toutefois, qu’il présente une complexité certaine pour l’électeur lambda.
Quant à l’électeur averti, il se donne rarement la peine de se déplacer aux urnes. Et c’est bien regrettable !
Ces difficultés « techniques » ne sont pas insurmontables. Elles nécessitent un effort pédagogique d’explication comme cela a été fait auparavant avec les différents changements apportés au mode de scrutin et au bulletin de vote : passage d’un système de couleurs à un système de sigles, d’un scrutin uninominal à un scrutin de liste, d’un bulletin à scrutin unique à un bulletin à scrutin double.
Nonobstant ces changements techniques, les enjeux de ces consultations électorales sont essentiellement politiques. Il s’agira pour notre pays de marquer un véritable tournant lui permettant de passer à une étape qualitativement supérieure dans son édification démocratique. Cela dépend de tous les acteurs en présence et du comportement des citoyens en général.
La démocratie, faut-il le rappeler, est une affaire de tout un chacun et une responsabilité partagée entre différents intervenants.
Ainsi, quand un candidat n’observe pas les règles de jeu, il contribue à polluer la démocratie. De même, quand un électeur procède à la « vente » de sa voix, non seulement il contribue à vider l’acte électoral, qui est par essence un acte conscient et réfléchi, de son contenu, mais qui plus est, il se met en position de vassalisation en mettant son honneur et sa dignité en question. Et quand un parti politique exprime sa préférence pour un candidat disposant d’un compte bancaire garni à un militant fut-il chevronné, il porte atteinte à la crédibilité des élections en sacralisant l’argent au détriment des valeurs démocratiques et de la militance. Dans le même sens, quand l’administration et la justice se mettent dans une position de « neutralité négative » en laissant faire pourvu que ça ne déborde pas, elles cautionnent toutes ces pratiques malsaines qui ne font en définitive que décrédibiliser davantage le politique.
Sommes-nous disposés à tourner cette page pour enfin réhabiliter le politique et donner à l’acte électoral du sens ? Ou allons-nous toujours reproduire les mêmes pratiques qui ne déboucheront, dans le « meilleur » des cas que sur les mêmes résultats ?
Bien sûr, toute personne sensée ne pourra qu’opter pour la première hypothèse. Celle qui s’inscrit dans le droit fil des accumulations réalisées par notre pays depuis le lancement du processus démocratique dans le sillage de la Marche Verte rétablissant ainsi un lien dialectique entre le parachèvement de notre intégrité territoriale et la démocratisation de notre pays.
C’est cette dialectique créatrice qu’il convient aujourd’hui de renforcer « coûte que coûte ». Les défis qu’affronte notre pays, à la fois internes et externes, nous y obligent. SM Le Roi vient de donner à l’occasion de la célébration de la fête de Aid Al Fitr, un signal fort en accordant Sa Grâce à un groupe de 17 détenus du Hirak du Rif. C’est fait dans la perspective de créer un climat favorable au déroulement des prochaines élections, de redonner confiance aux citoyens, et d’envoyer aux différents observateurs qui scrutent le Maroc au quotidien, l’image d’un pays apaisé qui sait parfaitement là où il va.
Il appartient désormais à la classe politique et à l’ensemble des acteurs d’être à la hauteur de cette ambition. D’où la nécessité impérieuse d’un débat national serein, décomplexé et démocratique sur les enjeux du Maroc actuels et futurs tout en procédant à un examen critique et sans concession du bilan gouvernemental.
Les partis politiques qui sont des acteurs de premier plan, sont appelés sérieusement à assumer pleinement leurs responsabilités. A commencer, s’il le faut, du moins pour certains, par procéder à leur mea culpa. Point de démocratie sans démocrates. Pas de démocratie, non plus, sans partis démocrates, des partis jouissant d’une crédibilité à toute épreuve, disposant d’un programme traduisant effectivement leur identité et rompant définitivement avec toutes formes d’opportunisme, de démagogie et de populisme.
Les partis doivent se tenir à une culture démocratique de débat sans recourir à l’invective, au dénigrement et aux « fake news ». De leur côté, les médias nationaux, en premier lieu les médias publics, ont un rôle de premier plan à jouer à cet égard. Nous avons besoin, plus que jamais, d’une presse professionnelle et réellement indépendante pour jouer effectivement son rôle de quatrième pouvoir au lieu d’être un instrument de propagande et une simple courroie de transmission au bénéfice de telle ou telle formation politique.
En outre, le citoyen a besoin d’une clarification du champ politique afin de parvenir à faire la différence entre la gauche et la droite, entre le moderniste et le conservateur. En revanche, ces mêmes partis doivent respecter leurs engagements électoraux tels qu’ils sont définis dans leurs programmes. Il faut éviter les amalgames et les « copiés collés » qu’on relève dans des « programmes » de certains partis politiques à tel point que l’électeur se perd dans cette jungle électorale où les promesses mielleuses pleuvent de toutes parts.
Par Abdeslam Seddiki
Ensuite, c’est pour la première fois que les campagnes électorales pour les locales, les régionales et les nationales se dérouleront au cours de la même période.
En effet, les électeurs seront appelés à s’exprimer le même jour par deux bulletins séparés, à déposer dans deux urnes différentes : un premier bulletin est relatif aux consultations locales et régionales. Un deuxième bulletin est relatif au scrutin législatif dans lequel il faut cocher la liste de la circonscription électorale et la liste régionale conduite par des femmes. Si ce système nous permet de faire l’économie du temps et des moyens, il faut reconnaitre, toutefois, qu’il présente une complexité certaine pour l’électeur lambda.
Quant à l’électeur averti, il se donne rarement la peine de se déplacer aux urnes. Et c’est bien regrettable !
Ces difficultés « techniques » ne sont pas insurmontables. Elles nécessitent un effort pédagogique d’explication comme cela a été fait auparavant avec les différents changements apportés au mode de scrutin et au bulletin de vote : passage d’un système de couleurs à un système de sigles, d’un scrutin uninominal à un scrutin de liste, d’un bulletin à scrutin unique à un bulletin à scrutin double.
Nonobstant ces changements techniques, les enjeux de ces consultations électorales sont essentiellement politiques. Il s’agira pour notre pays de marquer un véritable tournant lui permettant de passer à une étape qualitativement supérieure dans son édification démocratique. Cela dépend de tous les acteurs en présence et du comportement des citoyens en général.
La démocratie, faut-il le rappeler, est une affaire de tout un chacun et une responsabilité partagée entre différents intervenants.
Ainsi, quand un candidat n’observe pas les règles de jeu, il contribue à polluer la démocratie. De même, quand un électeur procède à la « vente » de sa voix, non seulement il contribue à vider l’acte électoral, qui est par essence un acte conscient et réfléchi, de son contenu, mais qui plus est, il se met en position de vassalisation en mettant son honneur et sa dignité en question. Et quand un parti politique exprime sa préférence pour un candidat disposant d’un compte bancaire garni à un militant fut-il chevronné, il porte atteinte à la crédibilité des élections en sacralisant l’argent au détriment des valeurs démocratiques et de la militance. Dans le même sens, quand l’administration et la justice se mettent dans une position de « neutralité négative » en laissant faire pourvu que ça ne déborde pas, elles cautionnent toutes ces pratiques malsaines qui ne font en définitive que décrédibiliser davantage le politique.
Sommes-nous disposés à tourner cette page pour enfin réhabiliter le politique et donner à l’acte électoral du sens ? Ou allons-nous toujours reproduire les mêmes pratiques qui ne déboucheront, dans le « meilleur » des cas que sur les mêmes résultats ?
Bien sûr, toute personne sensée ne pourra qu’opter pour la première hypothèse. Celle qui s’inscrit dans le droit fil des accumulations réalisées par notre pays depuis le lancement du processus démocratique dans le sillage de la Marche Verte rétablissant ainsi un lien dialectique entre le parachèvement de notre intégrité territoriale et la démocratisation de notre pays.
C’est cette dialectique créatrice qu’il convient aujourd’hui de renforcer « coûte que coûte ». Les défis qu’affronte notre pays, à la fois internes et externes, nous y obligent. SM Le Roi vient de donner à l’occasion de la célébration de la fête de Aid Al Fitr, un signal fort en accordant Sa Grâce à un groupe de 17 détenus du Hirak du Rif. C’est fait dans la perspective de créer un climat favorable au déroulement des prochaines élections, de redonner confiance aux citoyens, et d’envoyer aux différents observateurs qui scrutent le Maroc au quotidien, l’image d’un pays apaisé qui sait parfaitement là où il va.
Il appartient désormais à la classe politique et à l’ensemble des acteurs d’être à la hauteur de cette ambition. D’où la nécessité impérieuse d’un débat national serein, décomplexé et démocratique sur les enjeux du Maroc actuels et futurs tout en procédant à un examen critique et sans concession du bilan gouvernemental.
Les partis politiques qui sont des acteurs de premier plan, sont appelés sérieusement à assumer pleinement leurs responsabilités. A commencer, s’il le faut, du moins pour certains, par procéder à leur mea culpa. Point de démocratie sans démocrates. Pas de démocratie, non plus, sans partis démocrates, des partis jouissant d’une crédibilité à toute épreuve, disposant d’un programme traduisant effectivement leur identité et rompant définitivement avec toutes formes d’opportunisme, de démagogie et de populisme.
Les partis doivent se tenir à une culture démocratique de débat sans recourir à l’invective, au dénigrement et aux « fake news ». De leur côté, les médias nationaux, en premier lieu les médias publics, ont un rôle de premier plan à jouer à cet égard. Nous avons besoin, plus que jamais, d’une presse professionnelle et réellement indépendante pour jouer effectivement son rôle de quatrième pouvoir au lieu d’être un instrument de propagande et une simple courroie de transmission au bénéfice de telle ou telle formation politique.
En outre, le citoyen a besoin d’une clarification du champ politique afin de parvenir à faire la différence entre la gauche et la droite, entre le moderniste et le conservateur. En revanche, ces mêmes partis doivent respecter leurs engagements électoraux tels qu’ils sont définis dans leurs programmes. Il faut éviter les amalgames et les « copiés collés » qu’on relève dans des « programmes » de certains partis politiques à tel point que l’électeur se perd dans cette jungle électorale où les promesses mielleuses pleuvent de toutes parts.
Par Abdeslam Seddiki