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Emploi & Chômage : Entretien avec le vice-président de l'AEI


Rédigé par La Rédaction le Lundi 15 Juillet 2024

L’Alliance des Economistes Istiqlaliens (AEI), force de proposition du Parti de l’Istiqlal, a listé une vingtaine de recommandations à caractère transversal, territorial et sectoriel, pour réduire le chômage à court terme et créer massivement des emplois à moyen terme.



Dans ce cadre, nos confrères de lopinion.ma ont posé 3 questions à Adnane Benchakroun vice-président de l'AEI

L’AEI a listé une série de recommandations pour stimuler l’emploi, lesquelles requièrent un engagement du secteur privé. Comment peut-on y faire adhérer les patrons à un niveau institutionnel ?

Permettez-moi, avant de répondre à votre question, de ne préciser que le document publié par l'alliance n'est que la synthèse d'un document de 70 pages avec beaucoup plus des propositions, des mesures avec niveau un chiffrage significatif. Le contenu détaillé de ce travail, de trois mois, sera rendu public lors d'un événement dédié au sujet en septembre prochain. Fidèle à son ADN, l'alliance s'autosaisie d'un sujet d'actualité économique, le traite pour faire des propositions et des alternatives à valeur ajoutée. L'alliance propose, parti, majorité et gouvernement disposent comme en dit.

Pour votre question ! Pour faire adhérer les patrons à un niveau institutionnel aux recommandations de l’Alliance des Économistes Istiqlaliens (AEI) pour stimuler l’emploi, je pense que plusieurs approches peuvent être mises en œuvre sachant que le gouvernement a déjà pris beaucoup d’initiatives pro entreprise : Baisse de l'IS , nouvelle charte d’investissement , nouvelle génération de zone industrielle, el la liste est longue. 

Mais il est évident que cette adhésion des patrons à ces recommandations nécessite un effort concerté pour créer un environnement favorable à l’investissement et à l’innovation, tout en offrant des avantages tangibles et des opportunités de collaboration étroite entre le secteur public et privé.

Alors, sans être exhaustif, il y a lieu de :   
 
  • Proposer des réductions de charges sociales et fiscales pour les entreprises qui créent de nouveaux emplois, particulièrement dans les secteurs prioritaires identifiés par l'AEI.
  • Introduire des crédits d’impôt pour les entreprises qui investissent dans la formation de leurs employés, l’innovation et la R&D.
  • Offrir des subventions aux entreprises qui participent activement à des programmes de formation et d'insertion professionnelle pour les jeunes et les femmes.
  • Encourager les projets conjoints entre le secteur public et privé, notamment dans les secteurs des énergies renouvelables, du tourisme et de la technologie. Les PPP peuvent bénéficier d'un soutien financier et logistique de l'État.
  • Créer des incubateurs et des accélérateurs régionaux pour soutenir les startups et les PME, avec la participation active des grandes entreprises.
  • Organiser des forums réguliers et des conférences sectorielles réunissant les dirigeants d’entreprises, les représentants du gouvernement et les experts économiques pour discuter des recommandations et des mesures à prendre.
  • Mettre en place des conseils consultatifs composés de leaders du secteur privé pour suivre l’implémentation des recommandations et proposer des ajustements en fonction des retours du terrain.
  • Travailler en étroite collaboration avec les organisations patronales et les chambres de commerce pour promouvoir les recommandations de l'AEI et mobiliser les entreprises autour des objectifs communs.
  • Introduire un label ou une certification de responsabilité sociale pour les entreprises qui s'engagent activement dans la création d'emplois et la formation des jeunes.
  • Mettre en place des programmes de formation et de reconversion professionnelle en partenariat avec le secteur privé, ciblant les compétences demandées sur le marché du travail.
  • Créer un fonds national pour soutenir les initiatives de développement des compétences, financé par des contributions publiques et privées.
  • Établir des indicateurs de performance pour mesurer l’impact des recommandations sur la création d’emplois et la croissance économique.
  • Publier des rapports réguliers sur les progrès réalisés et les défis rencontrés, en impliquant le secteur privé dans l’évaluation des résultats.
Comment peut-on concrétiser certaines propositions adressées au gouvernement, notamment les exonérations fiscales, alors que les chantiers sociaux engagés par le gouvernement pèsent lourdement sur les trésoreries de l’Etat ?

Pour concrétiser les propositions de l'AEI, notamment certaines exonérations fiscales, malgré les contraintes budgétaires dues aux chantiers sociaux engagés par le gouvernement, plusieurs stratégies peuvent être mises en place.

Premièrement, il me paraît essentiel que la Priorisation et le Phasage des Réformes doit être absolument faire l’objet d’une planification stratégique et partagée.
Deuxièmement, respecter une règle d’Or en restant dans un volume constant des niches fiscales actuel mais en procédant aux aménagements nécessaires. 

Et encore une fois et sans être exhaustif, il y a lieu de : 
 
  • Échelonner les exonérations fiscales et les autres incitations sur plusieurs années pour lisser l’impact financier sur le budget de l’État.
  • Cibler les exonérations fiscales sur les secteurs à fort potentiel de création d’emplois et de croissance économique, tels que les énergies renouvelables, la technologie et le tourisme.
  • Renforcer l’administration fiscale pour réduire l’évasion fiscale et augmenter les recettes sans augmenter les taux d’imposition.Intégrer progressivement les unités informelles dans l’économie formelle pour élargir l’assiette fiscale et augmenter les recettes.
  • Augmenter les recours aux PPP pour financer les projets d’infrastructures et les grands chantiers, allégeant ainsi la pression sur les finances publiques.
  • Solliciter des financements auprès des institutions financières internationales et des bailleurs de fonds pour des projets spécifiques liés à la création d’emplois et au développement économique.
  • Optimiser les dépenses publiques en améliorant l’efficacité et la transparence des investissements dans les chantiers sociaux.
  • Réaffecter les ressources publiques des secteurs moins prioritaires vers des initiatives à fort impact économique et social.
  • Accorder des exonérations fiscales sous condition de création d’emplois et de formations spécifiques. Les entreprises bénéficiaires devront démontrer leur contribution à l’emploi et au développement économique.
  • Mettre en place des Contrats de croissance emploi (CCE) où les exonérations fiscales sont liées à des objectifs précis de création d’emplois et d’investissements en R&D.
  • Envisager des privatisations partielles ou des concessions d’actifs publics non stratégiques pour générer des revenus exceptionnels qui pourraient être réinvestis dans les programmes de création d’emplois.
  • Utiliser les propriétés et les terrains appartenant à l’État pour développer des zones industrielles et des parcs technologiques en partenariat avec le secteur privé.
  • Créer des fonds d’investissement régionaux pour soutenir les projets locaux et favoriser la création d’emplois dans les régions moins développées, avec un financement mixte public-privé.
  • Mettre en place des fonds dédiés, tels que le FSG : Fonds de solidarité des générations proposé, pour financer des programmes de formation et d’insertion professionnelle des jeunes, en mobilisant des ressources additionnelles et en impliquant le secteur privé.
  • Mettre en place des mécanismes de suivi et d’évaluation rigoureux pour mesurer l’efficacité des exonérations fiscales et ajuster les politiques en fonction des résultats obtenus.
  • Calculer et communiquer clairement les retours sur investissement des exonérations fiscales, en termes de création d’emplois et de croissance économique, pour justifier et légitimer les mesures auprès des parties prenantes et de l’opinion publique.
  • En combinant ces stratégies, le gouvernement peut trouver un équilibre entre la nécessité de soutenir les chantiers sociaux et celle de stimuler l’emploi et la croissance économique à travers des exonérations fiscales et d’autres incitations.
Quels sont les prérequis pour réussir le challenge de l’adaptation des compétences au marché de l’emploi ?

Pour réussir le challenge de l’adaptation des compétences au marché de l’emploi, plusieurs prérequis doivent être mis en place. Voici les principaux auxquels je pense :

 
  • Mener des études régulières pour identifier les secteurs en croissance et les compétences requises.
  • Travailler en étroite collaboration avec les entreprises pour anticiper les besoins en compétences et adapter les programmes de formation en conséquence.
  • Adapter les curriculums scolaires et universitaires pour inclure les compétences techniques et numériques nécessaires.Intégrer davantage de stages, d’apprentissages et de formations pratiques dans les parcours éducatifs.Encourager les étudiants à se diriger vers les filières scientifiques, technologiques, d’ingénierie et de mathématiques (STEM).
  • Offrir des programmes de formation continue pour permettre aux travailleurs d’actualiser leurs compétences tout au long de leur carrière.Mettre en place des programmes de reconversion pour les travailleurs des secteurs en déclin vers des secteurs en croissance.
  • Développer des plateformes d’apprentissage en ligne pour rendre la formation accessible à un plus grand nombre.Utiliser des logiciels et des plateformes pour le suivi et la gestion des compétences des employés.
  • Créer et soutenir des incubateurs et des accélérateurs pour aider les startups et favoriser l’innovation. Offrir des formations et des ressources pour les entrepreneurs, en mettant l’accent sur les compétences en gestion et en innovation.
  • Fournir des subventions et des aides financières pour encourager la formation et la requalification.Offrir des incitations fiscales aux entreprises qui investissent dans la formation et le développement des compétences de leurs employés.
  • Établir des partenariats solides avec le secteur privé pour co-concevoir et co-financer des programmes de formation. Impliquer les associations professionnelles et les chambres de commerce dans l’identification des besoins en compétences et le développement des programmes de formation.
  • Encourager la mobilité des travailleurs entre les régions et les secteurs pour répondre aux besoins changeants du marché du travail. Favoriser des formes de travail flexibles, telles que le télétravail et le travail à temps partiel, pour s’adapter aux nouvelles exigences du marché.
  • Mettre en place des indicateurs de performance pour suivre l’efficacité des programmes de formation et de requalification.Réaliser des évaluations régulières pour ajuster les stratégies et les programmes en fonction des résultats obtenus.

 
En mettant en œuvre ces prérequis, je pense que le Maroc peut améliorer significativement l’adaptation des compétences au marché de l’emploi, contribuant ainsi à une croissance économique soutenue et à une réduction du chômage.

Découvrir les 20 recommandations de L'AEI dans ce spécial IWEEK






Lundi 15 Juillet 2024

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