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Injuste parce que celui qui est devenu en 2017 secrétaire général de l’Istiqlal, est partie prenante, sur une durée de sept ans, à des portefeuilles importants de deux gouvernements (2007 - 2013) qu’il quitte à cette date pour revenir en 2021 en ministre de l’Equipement et de l’eau.
Vrai parce que le Maroc vit depuis longtemps dans le stress hydrique et n’en est pas à sa première longue sécheresse. On est donc en présence d’une situation fortement prévisible et visiblement on n’a pas été très adroit dans la prévention de la crise grande de l’eau qui se profilait pointait. En 2016 (M. Baraka était au gouvernement, il est vrai pas pour longtemps) et surtout en 2020 (il n’y était plus), on n’a pas tenu compte de cette situation en laçant des programmes donnant la priorité à l’augmentation de l’offre de réalisation de barrages dont toutes les études sur le changement climatique, la baisse de la pluviométrie et l'augmentation des températures, permettaient de savoir à l'avance que qu’ils ne seraient pas remplis.
Un expert du domaine, consulté par Quid.ma explique qu’il suffit de revenir sur les statistiques de remplissage des barrages pour savoir que depuis 20 ans, ils n'ont jamais dépassé les 55/60%. Les études de simulation de la situation des apports d'eau aux barrages, précise l’expert, ont montré que ces apports seraient de 15/16 milliards de m3 à l'horizon 2030 contre une capacité existante de 18 mds (moins 1,6/1,8 m3 d'envasement). Ce qui montre qu'il n'y a aucune justification à augmenter la capacité de stockage en réalisant de nouveaux barrages. Nizar Baraka n’est pas d’accord : on le verra en détail dans ses réponses, les ouvrages en cours d’édification étant destinés principalement à la récupération des eaux qui se perdaient dans la mer.
Malgré le stress hydrique permanent qui se transformait en rareté de l’eau pour ne pas parler de pénurie, ‘’on’’ a présenté au Roi Mohammed VI le programme de 2020 qui prévoit de porter la capacité à 27 mds en 2027 (pour des crédits de 118 mds de DH portés l'année dernière à plus de 250) et le Plan National de l'eau qui prévoit de porter la capacité à 38 mds de m3 pour des crédits de plus de 500 mds de DH. Le programme de 2020 porte la capacité de retenue à 1,7 fois les volumes d'eau apportés et celui du plan national à 2,5 fois ! Reste à se demander où allons-nous puiser toutes ces eaux ?
Le transfert des eaux des zones excédentaires vers les zones déficitaires, on en parle au moins depuis les année quatre-vingt-dix du siècle dernier. Il n’y a pas donc lieu de bouder notre plaisir à goûter à l’eau de l'autoroute éponyme, construite dans l’urgence et en un temps record pour un investissement de 6 milliards de DH. Ce qui n’empêche pas notre expert de s’interroger le caractère durable de cette solution et la durée de sécurisation de l'approvisionnement en eau de Rabat et Casa.
Pour lui et pour l’instant, sauf à dire que la situation aurait pu être pire, elle n’a pas été probante et la situation risque d’être dramatique cet été. Eh bien c’est précisément ce que répond le ministre de l’Equipement et de l’Eau : La situation aurait pu être pire. Mais pas seulement. Il évoque aussi la stratégie nationale de l’eau présentée devant le Souverain à Fès en 2009, par le ministre istiqlalien Avdelkébir Zahoud et indique que Maroc dispose actuellement de 17 infrastructures de transfert d'eau couvrant diverses régions du pays.
La fin des travaux pour la 2ème tranche est pour « bientôt », mais déjà ce qu’au Quid on pensait être le plus 2ème grand barrage du Maroc, risque de présenter le même aspect que celui d'El Massira, à sec depuis l'année dernière. En attendant, la parole est au Ministre.
Naim kamal
Vrai parce que le Maroc vit depuis longtemps dans le stress hydrique et n’en est pas à sa première longue sécheresse. On est donc en présence d’une situation fortement prévisible et visiblement on n’a pas été très adroit dans la prévention de la crise grande de l’eau qui se profilait pointait. En 2016 (M. Baraka était au gouvernement, il est vrai pas pour longtemps) et surtout en 2020 (il n’y était plus), on n’a pas tenu compte de cette situation en laçant des programmes donnant la priorité à l’augmentation de l’offre de réalisation de barrages dont toutes les études sur le changement climatique, la baisse de la pluviométrie et l'augmentation des températures, permettaient de savoir à l'avance que qu’ils ne seraient pas remplis.
Un expert du domaine, consulté par Quid.ma explique qu’il suffit de revenir sur les statistiques de remplissage des barrages pour savoir que depuis 20 ans, ils n'ont jamais dépassé les 55/60%. Les études de simulation de la situation des apports d'eau aux barrages, précise l’expert, ont montré que ces apports seraient de 15/16 milliards de m3 à l'horizon 2030 contre une capacité existante de 18 mds (moins 1,6/1,8 m3 d'envasement). Ce qui montre qu'il n'y a aucune justification à augmenter la capacité de stockage en réalisant de nouveaux barrages. Nizar Baraka n’est pas d’accord : on le verra en détail dans ses réponses, les ouvrages en cours d’édification étant destinés principalement à la récupération des eaux qui se perdaient dans la mer.
Malgré le stress hydrique permanent qui se transformait en rareté de l’eau pour ne pas parler de pénurie, ‘’on’’ a présenté au Roi Mohammed VI le programme de 2020 qui prévoit de porter la capacité à 27 mds en 2027 (pour des crédits de 118 mds de DH portés l'année dernière à plus de 250) et le Plan National de l'eau qui prévoit de porter la capacité à 38 mds de m3 pour des crédits de plus de 500 mds de DH. Le programme de 2020 porte la capacité de retenue à 1,7 fois les volumes d'eau apportés et celui du plan national à 2,5 fois ! Reste à se demander où allons-nous puiser toutes ces eaux ?
Le transfert des eaux des zones excédentaires vers les zones déficitaires, on en parle au moins depuis les année quatre-vingt-dix du siècle dernier. Il n’y a pas donc lieu de bouder notre plaisir à goûter à l’eau de l'autoroute éponyme, construite dans l’urgence et en un temps record pour un investissement de 6 milliards de DH. Ce qui n’empêche pas notre expert de s’interroger le caractère durable de cette solution et la durée de sécurisation de l'approvisionnement en eau de Rabat et Casa.
Pour lui et pour l’instant, sauf à dire que la situation aurait pu être pire, elle n’a pas été probante et la situation risque d’être dramatique cet été. Eh bien c’est précisément ce que répond le ministre de l’Equipement et de l’Eau : La situation aurait pu être pire. Mais pas seulement. Il évoque aussi la stratégie nationale de l’eau présentée devant le Souverain à Fès en 2009, par le ministre istiqlalien Avdelkébir Zahoud et indique que Maroc dispose actuellement de 17 infrastructures de transfert d'eau couvrant diverses régions du pays.
La fin des travaux pour la 2ème tranche est pour « bientôt », mais déjà ce qu’au Quid on pensait être le plus 2ème grand barrage du Maroc, risque de présenter le même aspect que celui d'El Massira, à sec depuis l'année dernière. En attendant, la parole est au Ministre.
Naim kamal
Quid : Lors d’une intervention à l’École nationale supérieure de l’Administration, rapportent des médias, vous avez as attribué la responsabilité de la crise de l'eau que traverse le Maroc aux gouvernements précédents. Il semble que ce n’est pas juste. Il suffirait de revenir sur les statistiques de remplissage des barrages pour savoir que depuis 20 ans, ils n'ont jamais dépassé les 55/60%.
Nizar Baraka : Il y a d’abord lieu de préciser qu’au cours de ces deux dernières décennies, le remplissage des barrages a dépassé largement ce taux. En effet, il a atteint 100% en 2010 et 85% en 2008, 92% en 2012, 83% en 2014 et 70% en 2017. Justement cette situation réconfortante a peut-être fait penser aux responsables de l’époque que la situation d’une crise probable est à exclure.
Alors que la stratégie Nationale de l’eau de 2009 a bien tenu compte des années d’apports d’eau moyennes, abondantes et d’épisodes secs pour faire les bilans ressources en eau et besoins en eau à différents horizons jusqu’à 2030 et a programmé en conséquence les ouvrages hydrauliques de mobilisation des eaux conventionnelles et non conventionnelles pour avoir un équilibre entre l’offre de l’eau et les besoins en eau des divers usagers selon les critères de gestion convenus avec les différents utilisateurs, tout en donnant la priorité à l’eau potable et industrielle, puis à l’irrigation et après à la production hydroélectrique.
Le choix qui a été fait, de retarder la réalisation des barrages, des transferts d’eau, du dessalement de l’eau de mer, de réutilisation des eaux usées, de gestion efficiente des ressources en eau souterraine… pose actuellement le problème que nous vivons durant ces six dernières années de sécheresse ou nous faisons tous ce qui est possible de faire dans des temps record pour satisfaire les besoins en eau potable des populations urbaines et rurales et fournir de l’eau d’irrigation selon les apports aux barrages.
Quid : Les études de simulation de la situation des apports d'eau aux barrages ont montré qu'il n'y a aucune justification (Cf ; l’introduction) à augmenter la capacité de stockage en réalisant de nouveaux barrages. Pourtant, en 2016 et surtout en 2020, on n’a pas tenu compte de cette situation en laçant des programmes de réalisation de barrages dont toutes les études sur le changement climatique, la baisse de la pluviométrie, et l'augmentation des températures, permettaient de savoir à l'avance qu’ils ne seraient pas remplis.
Le programme de 2020 porte la capacité de retenue à 1,7 fois les volumes d'eau apportés et celui du plan national à 2,5 fois ! Aussi on se demande si les programmes de réalisation des barrages et d'augmentation des capacités des retenues sont-ils compatibles avec la baisse générale de la pluviométrie, la disparition de l'enneigement et l'augmentation des températures ?
N Baraka : Tout d'abord il n'existe aucune étude confirmant que les apports d'eau superficielle au Maroc seront de 15 ou 16 Milliards de m3 à l’horizon de 2030. En analysant la série chronologique sur une période étendue de 1945 à 2023, la moyenne des apports annuels est évaluée à 18 Mdm3.
Cette moyenne diminue à 14,6 Mdm3 en se basant sur la série des apports de 1980 à 2023. Que l'on considère le chiffre de 18 Mdm3 ou 14,6 Mdm3, ce sont des moyennes déterminées par des ajustements statistiques appropriées avec un écart type significatif. Le maximum observé est de 48 Md m3 et le minimum est de moins de 3 Mdm3.
Ces données statistiques soulignent l'irrégularité marquée du régime hydrologique du pays, soulignant ainsi l'importance cruciale des barrages en tant que régulateurs de ce régime. La capacité de stockage des barrages est essentielle pour gérer cette variabilité. Plus la capacité de stockage est élevée, plus il est possible de stocker des quantités d'eau importantes pendant les années humides, afin de les utiliser durant les périodes sèches et de minimiser les pertes en mer. Bien que les études sur les changements climatiques prévoient une diminution globale des apports d'eau, elles mettent également en évidence une accentuation des phénomènes extrêmes, incluant des années de fortes pluies sur des périodes courtes, d’où la nécessité d’avoir des capacités de stockage adéquates des apports pour les régulariser à des fins d’eau potable, d’irrigation et d’hydroélectricité.
Face à cette irrégularité hydrologique, les études évaluant les performances et le dimensionnement des barrages indiquent que les capacités optimales doivent être entre 1,5 et 2,5 fois les apports moyens.
Et il est essentiel de rappeler que la politique des barrages initiée depuis 1967, a permis de sécuriser l'Approvisionnement en Eau du pays lors de périodes de sécheresses grâce à la régularisation interannuelle des apports d'eau. En effet, face à l'accentuation des effets des changements climatiques, caractérisés par des phénomènes extrêmes tels que la sécheresse actuelle et les inondations, la réalisation des infrastructures de mobilisation des eaux par les barrages, avec une augmentation de la capacité de stockage, permettra de faire face aux inondations tout en contribuant efficacement avec les autres ressources en eau non conventionnelles à garantir les besoins en eau futurs. Ces barrages permettent ainsi de diminuer les pertes en mer des apports d’eau et leur gestion inter annuelle.
Les 18 grands barrages en cours de réalisation dans le cadre du Programme National d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation 2020-2027 (PNAEPI 20-27) vont permettre d’accroitre la capacité des barrages de 5,7 Mdm3. A noter que notre pays dispose grâce aux efforts déployés en matière de construction de ces ouvrages de 153 grands barrages avec une capacité de 20 Mdm3.
Pour l’enneigement, Il y a lieu de signaler que malgré les sécheresses, notre pays connait toujours des périodes de neige annuellement. En effet, les surfaces maximales de la neige enregistrées depuis les années calendaires 2015 à 2023 sont respectivement de 56067, 74451, 38583, 114237, 36377, 39059, 54887, 26117 et 36116 km2 permettant de contribuer aux écoulements d’eau dans les oueds et aux infiltrations d’eau dans les nappes. La température moyenne annuelle au niveau national a connu certes une évolution en hausse jusqu’à atteindre +1,8°C par rapport à la moyenne normale de 1981 à 2010 de 30 ans considéré par l’OMM, mais les statistiques des apports ont montré comme cité plus haut, varient selon les années et par conséquent ceux des retenues des barrages. Mais la conséquence de la hausse de la température est l’évaporation d’eau jusqu’à 1,5 Mm3/jour.
Quid : L'autoroute de l'eau, un investissement de 6 mds de DH sans que l’on soit sûr que la durée de sécurisation de l'approvisionnement en eau de Rabat et Casa est garantie. Et pour l’instant, sauf à dire que la situation aurait pu être pire, elle n’aurait pas été probante.
Le sort de Rabat et de Casa se trouve scellé par ce grand projet, mais la situation risque d’être dramatique cet été.
N. Baraka : En ce qui concerne l’interconnexion entre les bassins hydrauliques, cette solution s’inscrit dans le cadre de la solidarité régionale et concerne le transfert des eaux perdues en mer des régions excédentaires vers les régions connaissant une pénurie de ressources hydriques, pour divers usages tels que l'eau potable, l'industrie et l'irrigation. Cette interconnexion a été prévue et programmée dans le cadre de la planification antérieure des ressources en eau et dans le cadre de la stratégie nationale de l’eau présentée devant SA MAJESTE LE ROI MOHAMMED VI, que Dieu l’assiste, à Fès en 2009.
Actuellement, le Maroc dispose de 17 infrastructures de transfert d'eau couvrant diverses régions du pays. D’autres projets de transfert des eaux interbassins sont en cours et programmés à court et moyens terme. Ces projets sont considérés dans les schémas de développement des ressources en eau des bassins hydrauliques avec les autres solutions pour répondre aux besoins en eau de notre pays à différents horizons.
Suite à l'évolution de la situation hydrologique au niveau des bassins hydrauliques et des données relatives à la demande en eau d'une part, et à l'avancement des études techniques liées au projet de transfert d’eau du bassin du Sebou vers le bassin du Bouregreg et puis de l’Oum Er Rbia, la formulation initiale de ce projet a été révisée pour subvenir aux besoins en eau de la population de la zone côtière Rabat-Casablanca en urgence. Le projet révisé appelé tranche urgente du transfert des eaux du bassin du Sebou vers le bassin du Bouregreg consiste à transférer l’eau du Barrage du Garde Sebou vers le Barrage Sidi Mohammed Ben Abdallah pour un débit de 15 m3/s et sur une longueur de près de 67 km pour un investissement de 6 Md DH. Il est important de noter que ce projet qui constitue la première opération de cette envergure, a été réalisé dans un délai record de 10 mois et a permis la garantie de la desserte actuelle en eau potable de l’axe Rabat – Casablanca. Sans ce projet la capitale du Royaume et la grande ville économique du pays Casablanca auraient été dépourvue d’eau potable depuis Décembre 2023.
La réalisation de cette tranche urgente considérée dans la vision de diversification des solutions de mobilisation des ressources en eau, a permis non seulement la sécurisation de l’approvisionnement en eau potable de la zone côtière Rabat-Casablanca mais aussi elle permettra de soulager la pression sur le système Al Massira avec les deux stations de dessalement de l’eau de mer réalisées par l’OCP à Jorf Lasfar et Safi, et par conséquent l’allocation des eaux aux périmètres aménagés des Doukkala et des Béni Amir et Béni Moussa irrigués respectivement des barrages Al Hansali et Bin El Ouidane qui renforcent l’AEP du Grand Casablanca, Settat, Berrechid, El Jadida, Safi et centres avoisinants.
Quid : En attendant, la presse annonce la fin des travaux pour le 2 ème plus grand barrage du Maroc, qui risque de présenter le même aspect que celui d'El Massira, à sec depuis l'année dernière. Le Bouregreg annoncé presque à sec, quelles perspectives peut-on retenir pour les apports du bassin du Sebou à partir duquel arrivé "l'eau de l'autoroute" ?
N. Braka Tout d'abord, il y a lieu de souligner que le deuxième grand barrage du Royaume est celui d’Al Massira avec une capacité de plus de 2,6 Md m3 après le Barrage AlWahda qui a une capacité de plus de 3,5 Md m3.
Pour les perspectives des apports du bassin du Sebou qui permettent le transfert de l’eau au bassin du Bouregreg, il y a lieu de souligner que ce projet de transfert a été élaboré en se basant sur des simulations hydrauliques, prenant en compte les changements climatiques, et démontrant qu'il est possible de transférer en moyenne un volume d’eau de 800 millions de m3 sur une période de 70 ans. Selon les résultats de ces simulations, les volumes transférés du Sebou, peuvent varier en fonction de l'hydraulicité de l'année et peuvent même atteindre 1400 Mm3. Le rôle de l'interconnexion, est similaire à celui des barrages, en renforçant la régularisation des apports de notre pays, cette fois-ci sur le plan spatial, tout en évitant les pertes en mer dans les bassins du nord pendant les années humides.
Quid :- La gestion par la demande préconisée par le Roi en 2001 a-t-elle été appliquée ?
N. Baraka : La gestion de la demande en eau fait partie des axes importants de la planification des ressources en eau au niveau de la stratégie nationale de l’eau de 2009, des plans directeurs d’aménagement intégré des ressources en eau des bassins hydrauliques, du PNAEPI 2020-2027, du projet du Plan National de l’Eau 2020-2050 et d’autres plans sectoriels comme le plan Maroc vert ou un axe important concernant l’économie de l’eau en irrigation a été considéré et mis en œuvre pour reconvertir l’irrigation en mode localisé (goutte à goutte) sur plus d’un million d'hectares à l’horizon 2030. Aussi des projets de l’économie de l’eau sont réalisés, en cours de réalisation et programmés par l’ONEE et les autres opérateurs de l’eau potable pour améliorer le rendement des réseaux de distribution à 80% en 2030 et 85% à l’horizon 2040.
Nizar Baraka : Il y a d’abord lieu de préciser qu’au cours de ces deux dernières décennies, le remplissage des barrages a dépassé largement ce taux. En effet, il a atteint 100% en 2010 et 85% en 2008, 92% en 2012, 83% en 2014 et 70% en 2017. Justement cette situation réconfortante a peut-être fait penser aux responsables de l’époque que la situation d’une crise probable est à exclure.
Alors que la stratégie Nationale de l’eau de 2009 a bien tenu compte des années d’apports d’eau moyennes, abondantes et d’épisodes secs pour faire les bilans ressources en eau et besoins en eau à différents horizons jusqu’à 2030 et a programmé en conséquence les ouvrages hydrauliques de mobilisation des eaux conventionnelles et non conventionnelles pour avoir un équilibre entre l’offre de l’eau et les besoins en eau des divers usagers selon les critères de gestion convenus avec les différents utilisateurs, tout en donnant la priorité à l’eau potable et industrielle, puis à l’irrigation et après à la production hydroélectrique.
Le choix qui a été fait, de retarder la réalisation des barrages, des transferts d’eau, du dessalement de l’eau de mer, de réutilisation des eaux usées, de gestion efficiente des ressources en eau souterraine… pose actuellement le problème que nous vivons durant ces six dernières années de sécheresse ou nous faisons tous ce qui est possible de faire dans des temps record pour satisfaire les besoins en eau potable des populations urbaines et rurales et fournir de l’eau d’irrigation selon les apports aux barrages.
Quid : Les études de simulation de la situation des apports d'eau aux barrages ont montré qu'il n'y a aucune justification (Cf ; l’introduction) à augmenter la capacité de stockage en réalisant de nouveaux barrages. Pourtant, en 2016 et surtout en 2020, on n’a pas tenu compte de cette situation en laçant des programmes de réalisation de barrages dont toutes les études sur le changement climatique, la baisse de la pluviométrie, et l'augmentation des températures, permettaient de savoir à l'avance qu’ils ne seraient pas remplis.
Le programme de 2020 porte la capacité de retenue à 1,7 fois les volumes d'eau apportés et celui du plan national à 2,5 fois ! Aussi on se demande si les programmes de réalisation des barrages et d'augmentation des capacités des retenues sont-ils compatibles avec la baisse générale de la pluviométrie, la disparition de l'enneigement et l'augmentation des températures ?
N Baraka : Tout d'abord il n'existe aucune étude confirmant que les apports d'eau superficielle au Maroc seront de 15 ou 16 Milliards de m3 à l’horizon de 2030. En analysant la série chronologique sur une période étendue de 1945 à 2023, la moyenne des apports annuels est évaluée à 18 Mdm3.
Cette moyenne diminue à 14,6 Mdm3 en se basant sur la série des apports de 1980 à 2023. Que l'on considère le chiffre de 18 Mdm3 ou 14,6 Mdm3, ce sont des moyennes déterminées par des ajustements statistiques appropriées avec un écart type significatif. Le maximum observé est de 48 Md m3 et le minimum est de moins de 3 Mdm3.
Ces données statistiques soulignent l'irrégularité marquée du régime hydrologique du pays, soulignant ainsi l'importance cruciale des barrages en tant que régulateurs de ce régime. La capacité de stockage des barrages est essentielle pour gérer cette variabilité. Plus la capacité de stockage est élevée, plus il est possible de stocker des quantités d'eau importantes pendant les années humides, afin de les utiliser durant les périodes sèches et de minimiser les pertes en mer. Bien que les études sur les changements climatiques prévoient une diminution globale des apports d'eau, elles mettent également en évidence une accentuation des phénomènes extrêmes, incluant des années de fortes pluies sur des périodes courtes, d’où la nécessité d’avoir des capacités de stockage adéquates des apports pour les régulariser à des fins d’eau potable, d’irrigation et d’hydroélectricité.
Face à cette irrégularité hydrologique, les études évaluant les performances et le dimensionnement des barrages indiquent que les capacités optimales doivent être entre 1,5 et 2,5 fois les apports moyens.
Et il est essentiel de rappeler que la politique des barrages initiée depuis 1967, a permis de sécuriser l'Approvisionnement en Eau du pays lors de périodes de sécheresses grâce à la régularisation interannuelle des apports d'eau. En effet, face à l'accentuation des effets des changements climatiques, caractérisés par des phénomènes extrêmes tels que la sécheresse actuelle et les inondations, la réalisation des infrastructures de mobilisation des eaux par les barrages, avec une augmentation de la capacité de stockage, permettra de faire face aux inondations tout en contribuant efficacement avec les autres ressources en eau non conventionnelles à garantir les besoins en eau futurs. Ces barrages permettent ainsi de diminuer les pertes en mer des apports d’eau et leur gestion inter annuelle.
Les 18 grands barrages en cours de réalisation dans le cadre du Programme National d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation 2020-2027 (PNAEPI 20-27) vont permettre d’accroitre la capacité des barrages de 5,7 Mdm3. A noter que notre pays dispose grâce aux efforts déployés en matière de construction de ces ouvrages de 153 grands barrages avec une capacité de 20 Mdm3.
Pour l’enneigement, Il y a lieu de signaler que malgré les sécheresses, notre pays connait toujours des périodes de neige annuellement. En effet, les surfaces maximales de la neige enregistrées depuis les années calendaires 2015 à 2023 sont respectivement de 56067, 74451, 38583, 114237, 36377, 39059, 54887, 26117 et 36116 km2 permettant de contribuer aux écoulements d’eau dans les oueds et aux infiltrations d’eau dans les nappes. La température moyenne annuelle au niveau national a connu certes une évolution en hausse jusqu’à atteindre +1,8°C par rapport à la moyenne normale de 1981 à 2010 de 30 ans considéré par l’OMM, mais les statistiques des apports ont montré comme cité plus haut, varient selon les années et par conséquent ceux des retenues des barrages. Mais la conséquence de la hausse de la température est l’évaporation d’eau jusqu’à 1,5 Mm3/jour.
Quid : L'autoroute de l'eau, un investissement de 6 mds de DH sans que l’on soit sûr que la durée de sécurisation de l'approvisionnement en eau de Rabat et Casa est garantie. Et pour l’instant, sauf à dire que la situation aurait pu être pire, elle n’aurait pas été probante.
Le sort de Rabat et de Casa se trouve scellé par ce grand projet, mais la situation risque d’être dramatique cet été.
N. Baraka : En ce qui concerne l’interconnexion entre les bassins hydrauliques, cette solution s’inscrit dans le cadre de la solidarité régionale et concerne le transfert des eaux perdues en mer des régions excédentaires vers les régions connaissant une pénurie de ressources hydriques, pour divers usages tels que l'eau potable, l'industrie et l'irrigation. Cette interconnexion a été prévue et programmée dans le cadre de la planification antérieure des ressources en eau et dans le cadre de la stratégie nationale de l’eau présentée devant SA MAJESTE LE ROI MOHAMMED VI, que Dieu l’assiste, à Fès en 2009.
Actuellement, le Maroc dispose de 17 infrastructures de transfert d'eau couvrant diverses régions du pays. D’autres projets de transfert des eaux interbassins sont en cours et programmés à court et moyens terme. Ces projets sont considérés dans les schémas de développement des ressources en eau des bassins hydrauliques avec les autres solutions pour répondre aux besoins en eau de notre pays à différents horizons.
Suite à l'évolution de la situation hydrologique au niveau des bassins hydrauliques et des données relatives à la demande en eau d'une part, et à l'avancement des études techniques liées au projet de transfert d’eau du bassin du Sebou vers le bassin du Bouregreg et puis de l’Oum Er Rbia, la formulation initiale de ce projet a été révisée pour subvenir aux besoins en eau de la population de la zone côtière Rabat-Casablanca en urgence. Le projet révisé appelé tranche urgente du transfert des eaux du bassin du Sebou vers le bassin du Bouregreg consiste à transférer l’eau du Barrage du Garde Sebou vers le Barrage Sidi Mohammed Ben Abdallah pour un débit de 15 m3/s et sur une longueur de près de 67 km pour un investissement de 6 Md DH. Il est important de noter que ce projet qui constitue la première opération de cette envergure, a été réalisé dans un délai record de 10 mois et a permis la garantie de la desserte actuelle en eau potable de l’axe Rabat – Casablanca. Sans ce projet la capitale du Royaume et la grande ville économique du pays Casablanca auraient été dépourvue d’eau potable depuis Décembre 2023.
La réalisation de cette tranche urgente considérée dans la vision de diversification des solutions de mobilisation des ressources en eau, a permis non seulement la sécurisation de l’approvisionnement en eau potable de la zone côtière Rabat-Casablanca mais aussi elle permettra de soulager la pression sur le système Al Massira avec les deux stations de dessalement de l’eau de mer réalisées par l’OCP à Jorf Lasfar et Safi, et par conséquent l’allocation des eaux aux périmètres aménagés des Doukkala et des Béni Amir et Béni Moussa irrigués respectivement des barrages Al Hansali et Bin El Ouidane qui renforcent l’AEP du Grand Casablanca, Settat, Berrechid, El Jadida, Safi et centres avoisinants.
Quid : En attendant, la presse annonce la fin des travaux pour le 2 ème plus grand barrage du Maroc, qui risque de présenter le même aspect que celui d'El Massira, à sec depuis l'année dernière. Le Bouregreg annoncé presque à sec, quelles perspectives peut-on retenir pour les apports du bassin du Sebou à partir duquel arrivé "l'eau de l'autoroute" ?
N. Braka Tout d'abord, il y a lieu de souligner que le deuxième grand barrage du Royaume est celui d’Al Massira avec une capacité de plus de 2,6 Md m3 après le Barrage AlWahda qui a une capacité de plus de 3,5 Md m3.
Pour les perspectives des apports du bassin du Sebou qui permettent le transfert de l’eau au bassin du Bouregreg, il y a lieu de souligner que ce projet de transfert a été élaboré en se basant sur des simulations hydrauliques, prenant en compte les changements climatiques, et démontrant qu'il est possible de transférer en moyenne un volume d’eau de 800 millions de m3 sur une période de 70 ans. Selon les résultats de ces simulations, les volumes transférés du Sebou, peuvent varier en fonction de l'hydraulicité de l'année et peuvent même atteindre 1400 Mm3. Le rôle de l'interconnexion, est similaire à celui des barrages, en renforçant la régularisation des apports de notre pays, cette fois-ci sur le plan spatial, tout en évitant les pertes en mer dans les bassins du nord pendant les années humides.
Quid :- La gestion par la demande préconisée par le Roi en 2001 a-t-elle été appliquée ?
N. Baraka : La gestion de la demande en eau fait partie des axes importants de la planification des ressources en eau au niveau de la stratégie nationale de l’eau de 2009, des plans directeurs d’aménagement intégré des ressources en eau des bassins hydrauliques, du PNAEPI 2020-2027, du projet du Plan National de l’Eau 2020-2050 et d’autres plans sectoriels comme le plan Maroc vert ou un axe important concernant l’économie de l’eau en irrigation a été considéré et mis en œuvre pour reconvertir l’irrigation en mode localisé (goutte à goutte) sur plus d’un million d'hectares à l’horizon 2030. Aussi des projets de l’économie de l’eau sont réalisés, en cours de réalisation et programmés par l’ONEE et les autres opérateurs de l’eau potable pour améliorer le rendement des réseaux de distribution à 80% en 2030 et 85% à l’horizon 2040.