Ainsi, au cours des dernières décennies, le Maroc s’est engagé dans de nombreux plans sectoriels visant à assurer une croissance économique forte autour de plusieurs secteurs clés dont, l’agriculture, la pêche, le BTP, l’industrie, les télécoms, les mines, le tourisme ou encore les énergies renouvelables. Cette transformation s’est notamment matérialisée par la mise en place de politiques volontaristes à l’échelle nationale et régionale, et de grands chantiers ont été lancés pour mettre à niveau les infrastructures du Royaume et accompagner la libéralisation de l’économie marocaine. 

Le renforcement du réseau routier et autoroutier, la construction/la mise à niveau de ports aux standards internationaux, le lancement de la ligne à très grande vitesse, la mise en place de Plateformes Industrielles Intégrées généralistes et sectorielles (Tanger Automotive City, Atlantic Free Zone) ou encore la construction du plus grand complexe solaire multi- technologies au monde (Noor Ouarzazate) sont autant de réalisations témoignant des progrès réalisés en la matière. Ces grands projets ont permis de faire de l’économie marocaine une économie attractive pour les investisseurs étrangers, et de plus en plus intégrée dans l’économie mondiale.

Ces efforts continus ont également contribué à l’émergence d’écosystèmes articulés autour de ces grands projets.

L’industrie automobile en est l’illustration parfaite avec l’installation du groupe Renault en 2016 et la construction de l’usine marocaine du constructeur français PSA Peugeot Citroën en 2019. Très récemment, cette industrie automobile nationale s’est vue renforcée par la révélation en mai 2023 du modèle « Neo », véhicule lancé par le tout premier fabricant automobile 100% marocain NEO Motors, et qui s’appuie d’ailleurs sur l’écosystème automobile local avec un taux d’intégration locale élevé, dans la mesure où même le moteur thermique essence adopté est fabriqué à Kénitra.

La continuation de la restructuration du secteur de l’industrie qui est en cours, devrait également s’inscrire dans la durée à travers la mise en œuvre d’une discipline rigoureuse de suivi afin de corriger les écarts éventuels par rapport aux objectifs fixés.  

Pour consolider ces acquis et en faire une base solide de développement pour les décennies à venir, le Royaume met aujourd’hui l’accent sur une croissance durable. Dans ce sens, la Stratégie Nationale de Développement Durable (SNDD), actuellement en cours de refonte et voulue comme une première émanation du Nouveau Modèle de Développement présenté au Souverain en mai 2021, aspire à s’ériger en garante du développement socioéconomique durable du Royaume, pour assurer une croissance durable et inclusive et répondre efficacement aux différentes préoccupations de la population.

C'est un cadre de référence, auquel feront appel les acteurs en charge d'élaborer les politiques publiques ainsi que les acteurs du secteur privé, comprenant un ensemble de domaines clés et prioritaires permettant de booster les processus de changement nécessaires vers la durabilité à considérer en vue d'améliorer le niveau de vie des citoyens. La raison d'être de cette stratégie SNDD est, donc, de définir les grandes orientations stratégiques dans lesquelles pourront s'inscrire les réformes structurantes.

Les aspects de gouvernance durable à ancrage local, de sécurité alimentaire, d’économie inclusive, de patrimoine culturel préservé ou encore de services publics de qualité y occupent une place centrale. Sa mise en œuvre effective se doit d’être inclusive sur plusieurs dimensions, notamment sur le plan économique, social et sociétal, mais également spatial, en permettant aux régions et territoires qui produisent le plus de richesses, de les répartir de façon équilibrée avec les zones en difficulté, tout en profitant des atouts de chaque région. Les territoires doivent désormais être « Créateurs de Valeur » au service de l’intérêt général et du bien commun. 

Une attention particulière devra évidement être accordée au capital humain, ou au citoyen pour être plus précis. Il existe un besoin aujourd’hui de favoriser davantage la participation et la coopération des acteurs locaux et territoriaux, tels que les associations, les organisations de la société civile, les entreprises et les universités, pour soutenir une mise en œuvre efficace de chantiers durables. Sans oublier que l’implication directe et la sensibilisation continue des citoyens autour des priorités nationales de développement durable seront des instruments puissants de réussite et de pérennisation des retombées d’une croissance durable.

Pour que le développement soit durable, il devra reposer sur la solidarité sociétale et la justice sociale, qui sont des valeurs fondamentales pour garantir un avenir prospère aux générations futures. Mais cela implique que les citoyens ont, en plus des droits, des devoirs envers la société et un rôle majeur à remplir à travers l’engagement et la lutte contre le fatalisme.

Tarik MOUDDEN est un expert en développement territorial durable qui possède une expérience professionnelle de plus de 15 ans dans ce domaine. Il a travaillé sur plusieurs projets internationaux et nationaux liés à la planification urbaine, à la gestion des ressources naturelles, à la protection de l'environnement et à la promotion du développement économique local.