Du souk à la superette : l’incroyable mutation du commerce marocain


Rédigé par La Rédaction le Vendredi 13 Décembre 2024

Un programme ambitieux pour dynamiser l'économie locale
Des résultats chiffrés impressionnants, mais des inégalités régionales
L’avenir du commerce marocain entre modernité et défis structurels



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Commerce de proximité : la révolution discrète mais décisive / Modernisation du commerce de proximité au Maroc : un modèle en mutation

Le commerce de proximité, véritable pilier du tissu économique marocain, concentre l’essentiel de la distribution des biens de consommation avec 58 % du chiffre d’affaires du secteur, 36 % des emplois et 80 % des points de vente. Pourtant, ce modèle traditionnel doit évoluer pour répondre aux exigences des consommateurs modernes et aux défis d’un marché de plus en plus compétitif. Le programme national de modernisation piloté par le ministère compétent constitue une réponse ambitieuse, mais est-il suffisant pour transformer durablement ce secteur stratégique ?

L’économie marocaine repose largement sur le commerce de proximité, mais celui-ci souffre d’un modèle économique vieillissant. Les unités commerciales traditionnelles doivent adopter de nouvelles techniques de gestion, diversifier leurs offres et optimiser leurs charges pour rester compétitives face à des acteurs structurés comme les grandes surfaces et le e-commerce. Le programme ministériel de soutien à la modernisation, en formant les commerçants et en modernisant les points de vente, s’inscrit dans cette dynamique.

Les données parlent d'elles-mêmes : 25 785 commerçants ont bénéficié de ce programme à travers le Royaume, avec des résultats tangibles, notamment une augmentation moyenne de 4000 MAD du chiffre d’affaires mensuel des bénéficiaires. Cependant, ces efforts suffisent-ils à garantir une transformation durable du secteur ou ne sont-ils qu’un pansement temporaire face à des problématiques structurelles ?
Des résultats encourageants, mais des défis à relever

L’étude d’impact révèle un taux de satisfaction impressionnant de 93 % parmi les bénéficiaires, avec une valeur ajoutée additionnelle de 1,8 milliard MAD et la création de 10 000 emplois indirects. Ces chiffres démontrent l’efficacité du programme dans le court terme, mais il reste crucial de s’interroger sur sa pérennité. Les commerçants modernisés peuvent-ils maintenir ces performances sans un accompagnement continu ?

De plus, la modernisation ne concerne qu’une fraction du secteur. Les grandes régions comme Casablanca-Settat (3805 points modernisés) dominent, tandis que des zones comme Guelmim-Oued Noun (421 points modernisés) sont encore en retrait. Cette disparité régionale pose la question d’une stratégie d’équité territoriale pour un développement inclusif.

Pour garantir un impact durable, plusieurs pistes méritent réflexion. D’abord, l’intégration des commerçants dans des écosystèmes numériques pourrait les rendre plus compétitifs face à la montée en puissance du commerce électronique. Ensuite, une meilleure articulation entre le secteur formel et informel permettrait de capter davantage de valeur ajoutée tout en renforçant les revenus des commerçants. Enfin, une approche régionale plus équilibrée pourrait stimuler le développement économique dans les zones les moins desservies.

Le Maroc semble avoir trouvé une formule prometteuse pour moderniser son commerce de proximité, mais les efforts doivent s’amplifier pour éviter que cette initiative ne perde son élan. L’avenir du commerce marocain ne repose pas uniquement sur la modernisation des points de vente, mais aussi sur la capacité des commerçants à anticiper et répondre aux transformations rapides du marché.

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Vendredi 13 Décembre 2024
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