Par Rachid Boufous
Le gouvernement a du pain sur la planche pour arriver à boucler la seconde phase de ladite réforme entamée il y’a vingt ans.
Cela va aussi susciter des réactions voire des oppositions de la part de toutes les forces réactionnaires que compte le pays et qui ont intérêt à ce que la femme ne puisse pas jouir de ses droits pleins et entiers dans la société marocaine.
À commencer par les poilus en tous genres dont le fond de commerce est justement tout ce qui peut maintenir la femme sous l’emprise de l’homme, sans possibilité de réforme de son statut social ou légal.
La fureur des débats est attendue si la réforme ne va pas dans le sens des attentes de tous les obscurantistes du bled.
Pourtant au Maroc, la femme peut être considérée comme un élément important du développement du pays.
Dans le rural c’est la femme qui fait tous les travaux pénibles : chercher du bois de chauffe et de cuisson, labourer les champs, traire les vaches, cuisiner, élever les enfants, s’occuper du bétail. Les hommes eux, en dehors des pasteurs, glandent, en attendant de faire la guerre ou passent leur journées au café.
En milieu urbain pareil : les femmes triment dans les usines de textile ou dans les administrations, font les ménages dans les maisons et les bureaux, cuisinent, élèvent les enfants, cotisent dans les tournantes (darte) pour offrir à leur ménage une vie descente.
Selon le HCP, 60% des urbains sont des piétons et 80% de ces piétons sont des femmes. Pas de moyens pour se payer le transport en commun, ou de s’acheter une voiture ou une moto.
Les femmes subissent le harcèlement au travail, dans la rue, dans l’espace public, dans les campagnes à la maison.
L’abandon scolaire des filles en est la principale conséquence. Et pourtant elles luttent les femmes...
En pays Amazigh la polygamie n’existe pas et quand on ne veut plus vivre avec une femme, on la libère à l’amiable par le divorce. Jamais de violence ni de litige dans les tribunaux, car la tribu veille au respect de la femme grâce au droit coutumier que beaucoup ont tout fait, par le passé, pour l’abolir…
Au Sahara, on fait la fête quand une femme divorce, car ce n’est pas une fatalité et la femme est encouragée par sa famille et sa tribu, qui l’a protègent et lui viennent en aide, afin de refaire sa vie.
Je ne dis pas que des femmes méchantes ou violentes n’existent pas, mais je ne crois pas que les 171.000 femmes qui ont divorcé en 2022, aient choisi de mettre un terme à leur vie conjugale, de gaité de cœur.
On n’abandonne pas la vie de couple aisément, car les premières victimes du divorce sont les enfants. Leur état psychologique en prend un sacré coup, puisque du jour au lendemain, ils doivent mener une nouvelle vie avec leurs mamans, vie à laquelle, personne ne les y a formé ou informé.
La femme divorcée est vue comme une tare par les siens et par la société. Elle est évitée par les femmes mariées et regardée de travers par tous les hommes en quête lubrique…
Le genre féminin a toujours eu à souffrir du mâle dominant, depuis le début de l’humanité.
Ne dit-on pas que c’est à cause d’Ève que le couple premier a dû quitter le Paradis ?
Raccourcis créées par les hommes souvent, durant des milliers d’années, pour ne pas octroyer ses droits, à la femme. La religion, quelle qu’elle soit, a aussi donné corps à cette ignoble stigmatisation. La femme ne peut pas conduire l’office religieux, doit faire la prière à l’arrière des hommes, prier à voix basse, ne peut être ni évêque, ni pape, ni imam, ni rabbin...
Les hommes étant plus viriles que les femmes et à ce titre, celle-ci doit juste coucher et accoucher, cuisiner et fermer sa gueule. Sinon gare au courroux des mâles dominants.
Selon certains écrits religieux, la femme serait même susceptible de gâcher la prière, comme le chien noir ou l’âne, s’ils venaient à passer à côté d’un pauvre prieur mâle…!
Au bout d’un moment il faut que ces conneries s’arrêtent !
Donner leurs droits pleins et entiers aux femmes ne contrevient en rien à la religion.
Bien au contraire, ce n’est que leur rendre justice après des dizaines siècles d’iniquité.
À cet état, je pose ces questions-constats :
- Comment pouvez-vous concevoir qu’une femme ne puisse pas obtenir la garde de ses enfants mineurs, si une fois divorcée, elle souhaite refaire sa vie avec un autre homme ?
- Comment pouvez-vous accepter que votre mère, votre femme, vos sœurs vos cousines, nièces, tantes, proches ou éloignées, ne puissent pas hériter de la même part que vous les hommes ?
- Comment pouvez-vous admettre que quand il n’y a que des filles dans une famille, au décès de leur père, les oncles et les cousins héritent avec elles, alors qu’ils n’ont pas contribué à la fortune du père défunt ?
- Comment admettre que des hommes ne veuillent pas payer la pension de famille à leurs enfants ou à leurs ex-femmes et font tout pour trafiquer les relevés bancaires et leurs bulletins de paye, devant les juges, pour se soustraire à leurs obligations civiles ?
- Comment accepter que la violence conjugale envers les femmes ne soit pas sévèrement punie par la loi ?
- Comment admettre que le viol et l’abus sexuel sur les femmes ne soient pas punis sévèrement par la loi ?
- Comment peut-on accepter de marier les jeunes filles mineures, surtout dans le milieu rural ?
- Comment peut-on admettre qu’à compétence égale et pour la même fonction, la femme est souvent moins bien payée que l’homme ?
- Comment peut-on dire que le Paradis se trouve sous les pieds des mères et leur refuser les mêmes droits que les pères ?
- Comment peut-on admettre qu’une femme a toujours besoin de l’autorisation de son ex-mari pour voyager avec ses enfants mineurs ou pour leur établir des papiers administratifs ?
- Comment peut-on accepter de voir qu’une femme ne peut pas réserver une chambre d’hôtel dans la ville où elle réside ?
La femme n’est ni un objet de désir, ni du bétail que l’on vend et que l’on achète au gré de sa fortune ou de ses appuis, ni un sac de sable dans lequel on expurge sa violence, ni une bonne à tout faire, ni un être inférieur intellectuellement, socialement ou culturellement...
Aucune femme n’abandonne ses enfants, sauf si elle a été éduquée par des parents inhumains et c’est très rare.
Aucune femme ne laisse ses enfants dans la faim ou le besoin, sauf si c’est une délurée et c’est très rare.
La femme est prête à tous les sacrifices pour que ses enfants réussissent, quitte à ne plus se faire belle, à se négliger, à ne plus vouloir refaire sa vie…!
La femme c’est la moitié de la vie.
On ne peut pas faire d’enfants sans les femmes et on ne peut pas perpétuer notre race humaine sans elles.
Alors messieurs les décideurs de la Moudawana, faites en sorte de réparer tous les manques et insuffisances de la loi sur le statut personnel et le droits des femmes au Maroc.
Dieu, auquel vous vous référez ne vous en voudra pas de mettre sur le même pied d’égalité les hommes et les femmes de ce pays, bien au contraire. Il a créé ces deux êtres pour qu’ils soient complémentaires sur terre et pour assurer la continuité et la prospérité de l’humanité, pas pour créer une injustice entre eux…!
Si Dieu avait voulu être injuste envers les femmes, il ne leur aurait pas donné ce qu’elles porte à merveille : la maternité !
Nous l’oublions souvent, à l’heure du tout LGBTQR, mais sans cette maternité nous disparaîtrions de la terre et seules les femmes peuvent la porter et surtout, la supporter…
Rien que pour cela, ils faut donner tous leurs droits aux femmes !
Donnez leurs droits aux femmes et arrêtez de d’utiliser la religion pour asservir les femmes.
Dieu est Grand, ses représentants sur terre devraient l’être aussi…
Rachid Boufous