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Donald Trump, saison 2


Voilà donc de retour à La Maison Blanche, depuis le lundi 20 janvier, du président Donald Trump. Lors de son discours d’investiture, après avoir prêté serment au Capitole, il a promis que «le déclin de l’Amérique était terminé» et que son «âge d’or commençait maintenant», ajoutant: «Nous recouvrerons notre souveraineté, notre sécurité sera rétablie». Un programme fortement volontariste. Mais quel est l’état des lieux?



Par Mustapha Sehimi

Pour commencer, il faut évoquer la volonté de Donald Trump de marquer les esprits dès le début de son mandat. Il a ainsi signé près d’une centaine de décrets présidentiels pour bien éclairer les intentions de son administration: créer une onde de choc. Le sujet central de la campagne électorale était l’immigration. Sont visés les quelque onze millions de migrants clandestins. Mais comment faire? Mobiliser la garde nationale? Annuler toutes les procédures d’accueil et d’asile? Remettre en cause le droit du sol, permettant à toute personne née aux États-Unis de bénéficier de la nationalité américaine? Une décision contraire au 14ème amendement de la Constitution. Un tel programme est-il réalisable? Une campagne massive d’expulsions est-elle possible? Aucun calendrier contraignant n’a été fixé pour le moment.
 

En tout cas, le nouveau président américain a constitué son équipe sur la base d’une forme de cohérence idéologique déclinée autour de ces deux préoccupations: la fidélité et la discipline. Trump II est bien différent de Trump I (2017-2021): il est mieux préparé à ses fonctions; il a eu le temps, durant le mandat de Biden, de capitaliser une sorte de maturation politique alternative plus marquée; il a soigneusement sélectionné son équipe; et il mesure qu’il lui faut accélérer le rythme du changement, sinon de la rupture, pour instaurer un nouvel ordre intérieur et international. Il dispose à cet égard de tous les leviers institutionnels et politiques nécessaires, à savoir la majorité au Congrès (Chambre des représentants et Sénat) ainsi qu’au sein de la Cour suprême.
 

Sur sa table, par dossiers, il va s’employer à peser de tout son poids pour concrétiser son programme électoral. Au Proche-Orient, le soutien américain à Israël sera accentué, mais en même temps, Trump va se soucier de faire prévaloir un «deal» de nature à réduire la gravité de la crise actuelle. C’est lui qui a fini par imposer au Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, un cessez-le-feu que ce dernier avait refusé au président Joe Biden. Mais qu’en sera-t-il de la paix et d’un processus de règlement? Avec l’Iran, Trump va-t-il accentuer les pressions sur un pays dont l’«axe de la résistance» a volé en éclats ces derniers mois sous les coups d’Israël? Le Hezbollah et le Hamas sont décapités, et l’ex-président syrien Bachar al-Assad se terre à Moscou après sa fuite. Pour ce qui est de l’Ukraine, l’approche s’annonce plus réaliste. Volodymyr Zelensky devra bien faire des concessions territoriales à la Russie dans la perspective d’un accord. Car il est évident que Trump ne compte pas poursuivre l’aide militaire et financière à l’Ukraine.
 

Avec l’Europe, ce sont deux gros dossiers qui sont à l’ordre du jour. Le premier a trait à des droits de douane supplémentaires, de l’ordre de 10 à 25%. Le second regarde les budgets militaires qui doivent être portés à 5% du PIB, Washington ne voulant plus prendre en charge la facture de la sécurité des États membres de l’Otan. En direction des BRICS, c’est une reconfiguration qui est en cause. La guerre en Ukraine a consacré la partition autour de trois pôles: le grand Ouest (États-Unis, Europe, Japon, Corée du Sud et Australie), le grand Est (Russie, Chine et Corée du Nord) et enfin le Sud global. Tous, au presque, font cette analyse: la guerre en Ukraine est un conflit non pas global, mais régional, une affaire de bornage de frontières. Aucun ne soutient directement la Russie, mais tous sont décidés à tirer profit d’une conjoncture, surtout l’Inde et le Brésil (importations à bon marché de pétrole, d’engrais et de blé russes). Et les velléités de «dédollarisation» avancées par certains membres des BRICS sont une ligne rouge aux yeux de Donald Trump. Voici quelques semaines, il avait ainsi menacé les pays émergents de leur couper l’accès au marché américain s’ils n’utilisaient plus le dollar dans leurs transactions. À noter dans cette même ligne que la devise américaine est utilisée dans 40 ou 50% du commerce mondial et qu’elle constitue environ 60% des réserves de change des banques centrales.

 


«Le Maroc a salué le retour du président Trump, y voyant un vecteur de renforcement des relations avec les États-Unis. Le socle des rapports entre les deux pays est solide et ne peut que se raffermir durant son mandat.»

Trump II, c’est aussi d’autres décisions à effet immédiat, telle la sortie, une nouvelle fois, de l’accord de Paris sur le climat. De quoi mettre en péril les efforts mondiaux visant à freiner le réchauffement climatique. Les États-Unis sont pourtant le deuxième pollueur derrière la Chine et le premier pollueur historique. Le président américain a également déclaré un état d’urgence énergétique, censé doper la production d’hydrocarbures aux États-Unis. Il a lancé cet appel dans son discours: «Drill, baby, drill» («Forer, bébé, forer»).

L’on citera encore d’autres mesures: le retrait de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), dont Washington est le premier contributeur, à hauteur de 20% de son budget, et le donateur le plus important, avec plus d’un milliard de dollars au titre des contributions volontaires; ou encore la suspension pour 75 jours de l’application de la loi interdisant le réseau social TikTok aux États-Unis. Qu’en est-il des revendications territoriales qu’il avait annoncées avant son installation officielle à la Maison Blanche? Référence est faite à l’annexion du canal de Panama et du Groenland, et à la suppression de la frontière de 8.900 km avec le Canada, dans une optique de son intégration comme 51ème État américain.
 

Cela dit, le Maroc a salué le retour du président Trump, y voyant un vecteur de renforcement des relations bilatérales. C’est ce même président qui avait, il y a un peu plus de quatre ans, proclamé la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté du Royaume sur ses provinces méridionales récupérées. Le socle des rapports entre les deux pays est solide et ne peut que se renforcer durant son mandat: coopération économique avec l’accord de libre-échange, coopération militaire avec un statut d’allié majeur non membre de l’Otan pour le Maroc, coopération sécuritaire dans la lutte antiterroriste, dialogue stratégique, organisation au Maroc de l’exercice militaire «African Lion», manœuvres navales conjointes en Méditerranée…
 

Le Maroc est un pays ami, un voisin atlantique et un allié qui est apprécié pour sa stabilité et son rôle régional et international. Washington le considère comme un «État pivot» au Maghreb et en Afrique. Une capacité d’influence portée et servie par le leadership personnel, politique et diplomatique du roi Mohammed VI.
 

Rédigé par Mustapha Sehimi  sur Quid



Vendredi 24 Janvier 2025


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