Une ambition présidentielle confrontée à la réalité du terrain
Depuis son arrivée au pouvoir fin 2019, le président Abdelmadjid Tebboune n’a cessé de marteler sa volonté de « rompre avec la dépendance aux hydrocarbures » en inscrivant la diversification économique comme priorité nationale. Pourtant, cinq ans plus tard, l’économie algérienne reste prisonnière d’un modèle rentier, où les hydrocarbures représentent encore 86 % des exportations, 47 % des recettes budgétaires et 14 % du PIB. La diversification annoncée semble davantage un slogan qu’une dynamique réelle.
Des projets vitrines sans effet structurant
Quelques projets emblématiques, comme l’usine Fiat de Tafraoui près d’Oran (prévue pour 90 000 véhicules/an en 2026) ou l’extension du réseau ferroviaire, ont été mis en avant comme symboles de la relance industrielle. Mais leur impact sur la structure de l’économie reste marginal. La part de l’industrie manufacturière dans le PIB reste inférieure à 6 %, loin des standards des pays émergents. Les exportations non énergétiques ont certes augmenté, passant de 2 à 5 milliards USD entre 2019 et 2023, mais restent dérisoires face à la rente pétrolière.
Un environnement décourageant pour l’investissement
Le manque de visibilité, les lourdeurs administratives et l’instabilité réglementaire continuent de freiner les investissements productifs. Le cas des IDE (investissements directs étrangers) est révélateur : bien qu’en hausse (1,2 milliard USD en 2023 contre 255 millions en 2022), cette progression reste concentrée sur le secteur pétrolier. Les restrictions imposées par l’État, comme la fameuse règle du 51/49 % pour les projets étrangers, combinées à la judiciarisation de la vie économique, inquiètent les investisseurs. Même les grands groupes comme TotalEnergies ou ENI ne détiennent que des parts minoritaires dans les projets, limitant les effets d'entraînement sur l’économie locale.
Le piège de la rente pétrolière
La flambée des prix du pétrole après la guerre en Ukraine a apporté un répit budgétaire à Alger, avec 60 milliards EUR de revenus hydrocarbures en 2022 (+70 % en un an). Cette rente permet de maintenir des subventions massives (carburant, alimentation, logement) sans mener les réformes douloureuses nécessaires. Mais elle renforce la dépendance et encourage une forme d’attentisme économique. Dès que les cours baissent, les fragilités ressurgissent : déficit budgétaire (-9,4 % du PIB en 2024), inflation (5,3 %), chômage (12,7 %), et baisse du pouvoir d’achat généralisée.
Une jeunesse en décalage
Avec plus de 46 millions d’habitants en 2024, dont une majorité de jeunes, l’économie algérienne devrait être dynamique. Or, le tissu entrepreneurial reste étouffé. La bureaucratie, le clientélisme, et le manque de soutien aux PME freinent l’innovation. Résultat : la croissance hors hydrocarbures reste faible et la fuite des cerveaux s’accélère.
La diversification économique algérienne reste une promesse suspendue entre volontarisme politique et inertie structurelle. Tant que les réformes de fond ne seront pas engagées — fiscalité, climat des affaires, gouvernance, rôle de l’armée dans l’économie — le pays risque de rester prisonnier du pétrole. Et les Algériens, d’attendre encore la transformation annoncée.
Des projets vitrines sans effet structurant
Quelques projets emblématiques, comme l’usine Fiat de Tafraoui près d’Oran (prévue pour 90 000 véhicules/an en 2026) ou l’extension du réseau ferroviaire, ont été mis en avant comme symboles de la relance industrielle. Mais leur impact sur la structure de l’économie reste marginal. La part de l’industrie manufacturière dans le PIB reste inférieure à 6 %, loin des standards des pays émergents. Les exportations non énergétiques ont certes augmenté, passant de 2 à 5 milliards USD entre 2019 et 2023, mais restent dérisoires face à la rente pétrolière.
Un environnement décourageant pour l’investissement
Le manque de visibilité, les lourdeurs administratives et l’instabilité réglementaire continuent de freiner les investissements productifs. Le cas des IDE (investissements directs étrangers) est révélateur : bien qu’en hausse (1,2 milliard USD en 2023 contre 255 millions en 2022), cette progression reste concentrée sur le secteur pétrolier. Les restrictions imposées par l’État, comme la fameuse règle du 51/49 % pour les projets étrangers, combinées à la judiciarisation de la vie économique, inquiètent les investisseurs. Même les grands groupes comme TotalEnergies ou ENI ne détiennent que des parts minoritaires dans les projets, limitant les effets d'entraînement sur l’économie locale.
Le piège de la rente pétrolière
La flambée des prix du pétrole après la guerre en Ukraine a apporté un répit budgétaire à Alger, avec 60 milliards EUR de revenus hydrocarbures en 2022 (+70 % en un an). Cette rente permet de maintenir des subventions massives (carburant, alimentation, logement) sans mener les réformes douloureuses nécessaires. Mais elle renforce la dépendance et encourage une forme d’attentisme économique. Dès que les cours baissent, les fragilités ressurgissent : déficit budgétaire (-9,4 % du PIB en 2024), inflation (5,3 %), chômage (12,7 %), et baisse du pouvoir d’achat généralisée.
Une jeunesse en décalage
Avec plus de 46 millions d’habitants en 2024, dont une majorité de jeunes, l’économie algérienne devrait être dynamique. Or, le tissu entrepreneurial reste étouffé. La bureaucratie, le clientélisme, et le manque de soutien aux PME freinent l’innovation. Résultat : la croissance hors hydrocarbures reste faible et la fuite des cerveaux s’accélère.
La diversification économique algérienne reste une promesse suspendue entre volontarisme politique et inertie structurelle. Tant que les réformes de fond ne seront pas engagées — fiscalité, climat des affaires, gouvernance, rôle de l’armée dans l’économie — le pays risque de rester prisonnier du pétrole. Et les Algériens, d’attendre encore la transformation annoncée.
Dossier spécial de "L'Eco Business" de ce week-end sur l'Algérie économiquement parlant :
1-L’illusion de la diversification économique en Algérie : entre annonces présidentielles et réalités structurelles
Focus sur les retards, blocages administratifs et dépendance persistante au pétrole malgré des projets emblématiques.
2-Hydrocarbures : le talon d’Achille de l’économie algérienne face aux enjeux de transition énergétique
Analyse des limites de Sonatrach, la faible part des renouvelables, et les conséquences des investissements insuffisants.
3-L’inflation algérienne vue du quotidien : quand un poulet coûte 10 % du SMIC
Témoignages et données sur l’impact de l’inflation sur les ménages, et le désajustement des salaires publics.
4-Les contradictions du modèle social algérien : subventions, chômage indemnisé et inactivité de masse
Enquête sur les effets pervers du système de redistribution, et l’incapacité à stimuler l’emploi productif.
5-Le pari raté de la politique industrielle : que reste-t-il de l’ambition d’un "Made in Algeria"?
Bilan des projets (automobile, sidérurgie, ciment), obstacles à l’intégration dans les chaînes de valeur mondiales.
6-Algérie-UE : vers une guerre commerciale larvée ?
Analyse des tensions autour des restrictions à l’exportation, les réactions de Bruxelles et les risques pour les IDE.
7-La transition énergétique algérienne : entre potentiel solaire et dépendance fossile
Algérie : le soleil brille, mais la transition énergétique reste dans l’ombre
8-Jeunesse algérienne : génération sacrifiée ou force économique ignorée ?
Un capital humain sous-exploité
Focus sur les retards, blocages administratifs et dépendance persistante au pétrole malgré des projets emblématiques.
2-Hydrocarbures : le talon d’Achille de l’économie algérienne face aux enjeux de transition énergétique
Analyse des limites de Sonatrach, la faible part des renouvelables, et les conséquences des investissements insuffisants.
3-L’inflation algérienne vue du quotidien : quand un poulet coûte 10 % du SMIC
Témoignages et données sur l’impact de l’inflation sur les ménages, et le désajustement des salaires publics.
4-Les contradictions du modèle social algérien : subventions, chômage indemnisé et inactivité de masse
Enquête sur les effets pervers du système de redistribution, et l’incapacité à stimuler l’emploi productif.
5-Le pari raté de la politique industrielle : que reste-t-il de l’ambition d’un "Made in Algeria"?
Bilan des projets (automobile, sidérurgie, ciment), obstacles à l’intégration dans les chaînes de valeur mondiales.
6-Algérie-UE : vers une guerre commerciale larvée ?
Analyse des tensions autour des restrictions à l’exportation, les réactions de Bruxelles et les risques pour les IDE.
7-La transition énergétique algérienne : entre potentiel solaire et dépendance fossile
Algérie : le soleil brille, mais la transition énergétique reste dans l’ombre
8-Jeunesse algérienne : génération sacrifiée ou force économique ignorée ?
Un capital humain sous-exploité