Dissolution de l’Assemblée nationale : Le pari à haut risque de Macron ?


Aussi imprévisible que cela puisse être, le président de la République française a encore une fois osé l’inimaginable. Emmanuel Macron, dans un geste audacieux et déconcertant, a annoncé la dissolution de l’Assemblée nationale suite à la victoire historique du Rassemblement National (RN) aux élections européennes.



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Par Souad Mekkaoui

Ce coup de théâtre politique est une réponse directe au succès électoral fulgurant de l’extrême droite, une victoire qui a fait frémir les fondations mêmes de la République, avec le RN dépassant les 30% des voix, salué par Marine Le Pen et Jordan Bardella. La dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron est une manœuvre stratégique audacieuse, voire dangereuse, dans une tentative de rétablir un équilibre politique et de répondre à une situation d’impasse institutionnelle.

 

Macron a choisi ainsi de redonner la parole aux électeurs, de manière spectaculaire, en pleine crise politique. Pourtant, cette décision, loin d’être anodine, n’est pas sans grands risques. L’histoire politique française nous rappelle que les dissolutions de l’Assemblée ont souvent produit des résultats imprévus. En 1997, Jacques Chirac avait déclenché une dissolution qui s’était retournée contre lui, aboutissant à une cohabitation forcée avec une majorité de gauche. Ainsi le moins que l’on puisse dire est que Macron marche sur un fil, oscillant entre génie politique et imprudence.

 
Montée inquiétante de l’extrême droite et jeu dangereux pour la démocratie ?  

Le succès éclatant du RN aux élections européennes et la réaction triomphante de Marine Le Pen symbolisent une montée en puissance alarmante de l’extrême droite en France. Le RN se positionne désormais comme une force majeure de l’opposition, prête à exercer le pouvoir. Cette évolution, pour beaucoup, augure une période de grande instabilité politique et de tensions sociales exacerbées. La décision de Macron de répondre favorablement aux appels de dissolution lancés par le RN pourrait être perçue comme une concession significative, risquant de légitimer et d’encourager davantage ce mouvement dans l’opinion publique.



 

Dès lors, Marine Le Pen a immédiatement saisi l’opportunité pour se réjouir de cette annonce, la qualifiant de consécration pour son parti en tant que « grande force d’alternance ». Selon elle, ce résultat électoral démontre que « le peuple, lorsqu’il vote, a le pouvoir de changer le cours des choses. » Cette dissolution est donc perçue par le RN comme une reconnaissance de sa légitimité, mais aussi et surtout comme une préparation à l’exercice du pouvoir.
 

Cependant, tous ne partagent pas cet enthousiasme. Raphaël Glucksmann, tête de liste du Parti socialiste-Place publique a exprimé une vive inquiétude, accusant Emmanuel Macron de jouer un « jeu extrêmement dangereux avec la démocratie et les institutions ».


Cette critique est fondée sur la crainte que cette décision ne plonge la démocratie française dans une période d’incertitudes et de tensions accrues. En dissolvant l’Assemblée nationale, Macron ouvre la porte à des élections législatives anticipées qui pourraient déboucher sur une majorité parlementaire encore plus fragmentée, rendant la gouvernabilité du pays extrêmement complexe.

 


Perspectives et scénarios à venir ?  

La dissolution de l’Assemblée nationale ouvre ainsi une période d’incertitude politique en France, avec des élections législatives prévues pour les 30 juin et 7 juillet. Ces élections seront cruciales pour déterminer la nouvelle configuration du pouvoir législatif et la capacité d’Emmanuel Macron à gouverner efficacement. Par contre, le RN, fort de son succès aux européennes, cherchera à capitaliser sur cette dynamique pour augmenter sa représentation parlementaire et potentiellement contester la domination des partis traditionnels.


En revanche, les autres forces politiques devront élaborer des stratégies pour contenir l’avancée de l’extrême droite et proposer des alternatives viables aux électeurs.
 

Force est de constater que la décision d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale constitue un tournant majeur dans la politique française. Cette démarche, motivée par des résultats électoraux surprenants et un paysage politique fragmenté, pourrait redéfinir les alliances et les rapports de force au sein du système politique français.

En conséquence, les prochaines élections législatives seront déterminantes pour l’avenir politique de la France, offrant une nouvelle opportunité au peuple de s’exprimer et de façonner le futur du pays.
 

De fait, une question s’impose : la décision de Macron est-elle un coup de maître qui veut garder la main en 2027 ou une imprudence dangereuse qui risque de basculer le pays dans le chaos du fascisme ? En tout cas, seul l’avenir nous le dira.

Mais une chose est certaine : la France est à un carrefour critique, et le monde entier observe avec une attention soutenue la suite des événements qui pourraient nous surprendre encore plus que la roulette russe que Macron donne l’impression d’affectionner.

Rédigé par Souad Mekkaoui sur Maroc  Diplomatque 



Mardi 11 Juin 2024

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