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Intégrité territoriale
Assurément, voilà bien un terrain où se joue ce qu’il faut bien appeler une «bataille des cartes»; la diplomatie y joue certainement un rôle.
Défendre l’intégrité territoriale, ce n’est pas seulement aux Nations Unies, ni dans d’autres instances internationales. C’est aussi se préoccuper d’un front particulier: celui de la cartographie. Un géographe marocain, Moussa El Malki, (Université Mohammed V) vient précisément de publier un article sur «la diplomatie».
Que propose-t-il? De mettre sur pied une cellule de vigilance dans ce domaine pour «lutter et résister» contre toutes sortes de cartes portant atteinte à la cartographie officielle du Royaume. Certaines sont amputées, d’autre déformées ou encore erronées. Où les trouve-t-on? Un peu partout, il faut bien en convenir: sur des sites officiels des organisations de pays étrangers, sans parler des agences de voyages, des médias étrangers, des chaînes de télévision, des sites Web ou des médias sociaux. Assurément, voilà bien un terrain où se joue ce qu’il faut bien appeler une «bataille des cartes»; la diplomatie y joue certainement un rôle.
L’histoire, ancienne ou contemporaine, en atteste suffisamment, que ce soit pour ce qui de contentieux, voire de confrontations, autour de frontières maritimes ou terrestres. Pour ce qui est du Royaume, il s’agit de consacrer l’intégrité territoriale au regard de l’opinion publique internationale. La marocanité du Sahara se verra ainsi davantage confortée, dans la droite ligne des résolutions du Conseil de sécurité. Qu’un moteur de recherche mondial ait dernièrement corrigé la carte du Royaume en supprimant les pointillés d’une ligne fictive de séparation des provinces méridionales, n’est pas sans intérêt c’est un public de centaines de millions d’internautes sur Google Maps et Google Earth.
Que la question du Sahara marocain ne soit qu’un dossier très marginal pour la communauté internationale est évident. Ce n’est même pas un conflit de basse intensité comme tant d’autres; c’est plutôt une sorte de fixation d’un foyer de tension localisé, par moments –comme une grippe saisonnière…- et qui présente un caractère artificiel qui n’échappe à personne. Et puis, comment ne pas évoquer la lassitude de la communauté internationale, depuis plus de quatre décennies et demie aujourd’hui, avec un cessez-le feu depuis 1991 et une mission de maintien de la paix comme la MINURSO?
La carte authentique du Maroc avec ses provinces sahariennes ne suffit pas. Elle doit être la première illustration d’une politique continue de veille tournée vers l’international. Des documents historiques doivent être produits, des argumentaires à l’appui –de quoi nourrir le bien-fondé et la crédibilité d’une approche scientifique ne pouvant qu’entraîner l’adhésion et, partant, le soutien. De la pédagogie donc. De la communication, aussi. De la sensibilisation, enfin. Seule cette démarche permettra en effet de mettre à nu la propagande de l’Algérie et du mouvement séparatiste mise en oeuvre autour de désinformation et de dénaturation de faits historiques et de données cartographiques triturées pour les desseins d’une mauvaise cause.
Le chercheur ne se borne pas à ces seuls aspects. Il va plus loin en formulant un certain nombre de propositions de nature à décliner une véritable politique de la cartographie. Lesquelles? Une large diffusion de cartes, mises à jour, réalisées en plusieurs langues, alimentant régulièrement tous ceux qui à l’international sont autant de cibles (touristes, milieux économiques, sites officiels, presse,…). L’on peut même prévoir, en plus des sites Web officiels marocains, des cartes sonores marocaines pour une diffusion à grande échelle. Aucune tolérance ne devra être faite à propos de cartes amputées dans le domaine scientifique, académique et culturel à l’étranger. D’où l’intérêt d’une vigilance en amont, lors de la préparation et de l’organisation de rencontres.
La maîtrise de la cartographie est ainsi un élément constitutif d’une nouvelle politique de la recherche géographique. A l’heure de la délimitation des frontières maritimes atlantiques avec l’Espagne, c’est la souveraineté du Maroc qui est davantage consacrée, sans contentieux avec le voisin ibérique. La communauté internationale ne peut qu’en prendre acte: la traduction aussi de titres historiques et juridiques.
Rédigé par Mustapha Sehimi sur https://www.maroc-hebdo.press.ma/