Dimanche, les Français vont voter pour moins d'immigrés ?




Par Bargach Larbi

La France s'apprête à voter ce dimanche pour une des élections législatives les plus importantes de son histoire. Le taux de participation record, enregistré au cours du premier tour de ces élections, est un indicateur significatif de la prise de conscience par les Français du sérieux de l'enjeu. Ceux qui réduisent l'enjeu à l'arrivée ou pas de l'extrême droite au pouvoir se trompent. L'enjeu est ailleurs. Il s'agit de l'importance de la France dans le concert des nations.

Ce pays est un membre permanent du Conseil de Sécurité des Nations Unies, c'est-à-dire qu'il fait partie des cinq pays les plus importants du monde. Ce statut, la France l'a obtenu au lendemain de la Deuxième Guerre Mondiale, parce qu'elle faisait partie du camp des vainqueurs, merci De Gaulle, et pour l'importance de sa zone d'influence, ses colonies en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie. Ce statut, elle l'a conservé par la suite grâce à un dynamisme économique remarquable, les Trente Glorieuses, et au maintien d'une présence influente, post-décolonisation plus ou moins mafieuse, la France-Afrique.

L'un des enjeux majeurs de cette élection, c'est la politique d'immigration et la capacité d'intégration de nouvelles cultures au mode de vie à la française. Ce n'est pas le seul, les autres enjeux sont moins visibles pour l'électeur et ne détermineront pas leurs choix. Ils sont pourtant très importants et peuvent remettre en cause la position française dans le concert des nations, fragilisée économiquement et politiquement. Des pays comme l'Allemagne, le Japon sont plus riches que la France et d'autres menacent son positionnement : Inde, Italie, Brésil, Arabie Saoudite, Émirats Arabes Unis, etc. Politiquement aussi, la France a moins de poids que des pays comme le Qatar ou la Turquie.

L'immigration, dont l'importance est aujourd'hui visible dans les principales rues des villes françaises, inquiète les électeurs et va déterminer leur vote. Cette inquiétude s'explique, elle est liée à des considérations objectives, problèmes de sécurité et de trafics divers, et des considérations subjectives, liées à un racisme latent, alimenté par des campagnes médiatiques orientées et néfastes. Elles cachent une réalité préoccupante.

Le discours anti-immigration est un discours de façade. Les recruteurs français sont de plus en plus nombreux à se pointer aux portes des écoles marocaines et proposent passeports et contrats de travail à de nombreux lauréats qui n'ont jamais mis les pieds en France. Le besoin en informaticiens est de 1 million pour les cinq prochaines années. La France ne sera pas en mesure de les former. Idem pour les médecins et d'autres métiers stratégiques. Sans l'immigration, la France sera larguée.

Le Rassemblement National a raison de dire que le gouvernement Macron a encouragé l'immigration, mais avait-il le choix ? L'Italie, où l'extrême droite est au pouvoir, l'a-t-elle eu ? Cette tension sur le marché du travail français et italien (les Italiens cherchent des maçons, des plombiers, etc.) n'est pas sans conséquence sur le marché du travail au Maroc, par exemple. Contraint de s'adapter, les salaires augmentent, les prestations sociales s'améliorent et les écoles de formations professionnelles recrutent.

Les étudiants, ceux qui ont les moyens d'aller à l'étranger, pensent de moins en moins à la France. Espagne, Angleterre, Canada, États-Unis et même l'Allemagne sont devenus des options tout à fait envisageables. Ce sont autant d'ambassadeurs en moins pour la France de demain. Une France de moins en moins influente en Afrique où même la francophonie n'est plus à la mode.

Dimanche, les Français vont voter pour moins d'immigrés, des immigrés dont ils auront besoin très vite, alors qu'ils devraient voter pour une France à nouveau rayonnante. Le problème qu’ils vont rencontrer, aucun des partis en compétition n'incarne cette France désirée. Pourtant, ce ne sont pas les hommes et les femmes qui manquent, on l'a vu au cours de cette campagne, pourvu qu'ils soient détectés. On y a tout intérêt de ce côté de la méditerranée. On l’a vu une France forte, et généralement une Europe forte, c'est aussi une Afrique forte.

Bargach Larbi


Vendredi 5 Juillet 2024

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