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Par Aziz Boucetta
Le Maroc dispose d’un gouvernement de technocrates supposés délivrer, mais sans jamais se livrer. Hors les ministres de souveraineté, traditionnellement et « contractuellement » taiseux, les autres devraient s’exprimer, et en particulier leur chef, mais non, il persiste dans son silence, espérant sans doute et en silence boucler les trois ans qui lui restent sans rien changer.
Dix années durant, le gouvernement a été dirigé par le PJD. Arrivés par les urnes, les gens du PJD sont repartis en empruntant la même voie. Qu’on apprécie ou pas ce parti, force est de constater qu’il avait un certain talent politique, partant du principe qu’avec le savoir-faire, il fallait aussi faire savoir. Pour le savoir-faire du PJD, on repassera, mais pour le faire-savoir, il était très bon.
Le premier mandat de ce parti, de 2011 à 2016, avait été dirigé par Abdelilah Benkirane. Le PJD était accompagné au gouvernement par le RNI (depuis 2013, après la sortie de l’Istiqlal) et le PPS, essentiellement, les autres étant là pour l’arithmétique. De grandes décisions avaient été prises et chaque fois exposées, expliquées, décortiquées, … retraites, décompensation, ONEE, et bien d’autres mesures avaient été admises par les populations car on leur faisait l’amitié de les tenir au courant et surtout ne pas les tenir pour des mineurs d’âge irresponsables.
Le second mandat avait été conduit par Saadeddine Elotmani qui, à son tour, venait devant les électeurs, les siens et les autres, pour expliquer ce qui devait l’être. Il recevait généralement en retour des torrents d’attaques, des avalanches d’insultes, mais il tenait son rôle de chef du gouvernement, venant au parlement comme son prédécesseur, essayant de convaincre, ferraillant avec l’opposition ou ce qui en tenait lieu.
Dans les deux cas, le RNI était là… et aujourd’hui, ce parti, pour la première fois de son histoire, tient les rênes du gouvernement. Et que pensez-vous qu’il arriva ? Ce fut le Verbe qui creva. Le chef du gouvernement, pourtant, n’est pas un piètre orateur, et il a montré ses qualités oratoires à maintes reprises lors des cinq années durant lesquelles il a sillonné le pays, parlé à ses gens, répondu aux attaques et procédé lui-même à d’autres charges. Mais depuis qu’il est en fonction, c’est la Grande Muetterie ! Pas un mot, depuis sa désastreuse sortie télé de janvier 2022, quelques mois après sa prise de fonction.
Cela place les Marocains, et leur toute nouvelle constitution face à ce dilemme : compétences silencieuses ou personnels politiques novices ?
Le Maroc...a besoin des deux, en l’occurrence de femmes et d’hommes politiques aguerris, présentant leurs projets et défendant leur politique, apportant des précisions et répondant aux sceptiques.
Dix années durant, le gouvernement a été dirigé par le PJD. Arrivés par les urnes, les gens du PJD sont repartis en empruntant la même voie. Qu’on apprécie ou pas ce parti, force est de constater qu’il avait un certain talent politique, partant du principe qu’avec le savoir-faire, il fallait aussi faire savoir. Pour le savoir-faire du PJD, on repassera, mais pour le faire-savoir, il était très bon.
Le premier mandat de ce parti, de 2011 à 2016, avait été dirigé par Abdelilah Benkirane. Le PJD était accompagné au gouvernement par le RNI (depuis 2013, après la sortie de l’Istiqlal) et le PPS, essentiellement, les autres étant là pour l’arithmétique. De grandes décisions avaient été prises et chaque fois exposées, expliquées, décortiquées, … retraites, décompensation, ONEE, et bien d’autres mesures avaient été admises par les populations car on leur faisait l’amitié de les tenir au courant et surtout ne pas les tenir pour des mineurs d’âge irresponsables.
Le second mandat avait été conduit par Saadeddine Elotmani qui, à son tour, venait devant les électeurs, les siens et les autres, pour expliquer ce qui devait l’être. Il recevait généralement en retour des torrents d’attaques, des avalanches d’insultes, mais il tenait son rôle de chef du gouvernement, venant au parlement comme son prédécesseur, essayant de convaincre, ferraillant avec l’opposition ou ce qui en tenait lieu.
Dans les deux cas, le RNI était là… et aujourd’hui, ce parti, pour la première fois de son histoire, tient les rênes du gouvernement. Et que pensez-vous qu’il arriva ? Ce fut le Verbe qui creva. Le chef du gouvernement, pourtant, n’est pas un piètre orateur, et il a montré ses qualités oratoires à maintes reprises lors des cinq années durant lesquelles il a sillonné le pays, parlé à ses gens, répondu aux attaques et procédé lui-même à d’autres charges. Mais depuis qu’il est en fonction, c’est la Grande Muetterie ! Pas un mot, depuis sa désastreuse sortie télé de janvier 2022, quelques mois après sa prise de fonction.
Cela place les Marocains, et leur toute nouvelle constitution face à ce dilemme : compétences silencieuses ou personnels politiques novices ?
Le Maroc...a besoin des deux, en l’occurrence de femmes et d’hommes politiques aguerris, présentant leurs projets et défendant leur politique, apportant des précisions et répondant aux sceptiques.
Le but n’est pas tant de faire du bruit (« make noise » selon une expression récente désormais fameuse) que de se soumettre à la critique, et donc à la réévaluation, nécessaire à toute politique publique… de prendre le risque d’être contredit, de soumettre sa politique, ses politiques, à l’examen de l’opposition et à l’épreuve de l’opinion publique.
En agissant comme il le fait, Aziz Akhannouch donne le sentiment d’être toujours le capitaine d’industrie qu’il fut dans une vie antérieure, le chef d’entreprise autocratique qui ne souffre aucune critique, qui a toujours raison et qui peut assumer ses erreurs, puisqu’elles ne l’atteignent que lui ; sauf qu’à sa fonction actuelle, s’il se trompe, ce n’est pas son argent qu’il perd mais celui des contribuables. En attendant, les chiffres de l’endettement, du déficit budgétaire, de l’emploi, … cognent d’eux-mêmes.
Aujourd’hui, il doit plus que jamais s’exprimer, aller au-devant de ses électeurs et des autres.
Cela fait deux ans qu’il est en poste : qu’a-t-il fait, en dehors de l’exécution des projets royaux bien évidemment ? Comment explique-t-il ces multiples augmentations des prix des carburants (on lui fera la grâce de ne pas lui rappeler son ancien métier et ses intérêts qu’on veut aussi croire anciens) ? Où en est le grand chantier de la protection universelle ? Quelle politique pour atténuer les effets du changement climatique, plus rapide et davantage ressenti sous nos latitudes ? Et la santé ? L’investissement, et les petites entreprises ? La justice ? La fiscalité ? l’inflation ? La fameuse question de la Samir et de, plus généralement, de la sécurité énergétique ? Le tourisme ? L’Afrique...
Ce gouvernement est tenu, s’il est encore en place, de lancer toute une série de réformes d’envergure, et une réforme, d’envergure ou non, doit être expliquée, débattue pour sa mise en place. Autrement, c’est le totalitarisme, même servie par la novlangue politique.
Tout cela a certes déjà été dit mais aujourd’hui, le gouvernement Akhannouch a deux ans, l’âge de maturité pour être remanié, pour enlever les « peaux mortes » (et il y en a !) et insuffler du sang neuf à l’ensemble de l’équipe gouvernementale.
Les jeunes attendent pour l’éducation, puis l’emploi, les séniors attendent la sécurisation de leurs retraites, les entreprises attendent une meilleure fiscalité, plus adaptée, les malades attendent d’être mieux soignés, les femmes attendent d’être mieux traitées au regard de la loi, les Marocains du monde attendent une véritable politique à leur intention, …
Les attentes sont nombreuses et pressantes. M. Akhannouch ne devrait plus se faire attendre pour se faire entendre, pour faire de la politique. La technocratie silencieuse n’est pas la panacée, elle est même un danger.
Rédigé par Aziz Boucetta sur Panorapost
En agissant comme il le fait, Aziz Akhannouch donne le sentiment d’être toujours le capitaine d’industrie qu’il fut dans une vie antérieure, le chef d’entreprise autocratique qui ne souffre aucune critique, qui a toujours raison et qui peut assumer ses erreurs, puisqu’elles ne l’atteignent que lui ; sauf qu’à sa fonction actuelle, s’il se trompe, ce n’est pas son argent qu’il perd mais celui des contribuables. En attendant, les chiffres de l’endettement, du déficit budgétaire, de l’emploi, … cognent d’eux-mêmes.
Aujourd’hui, il doit plus que jamais s’exprimer, aller au-devant de ses électeurs et des autres.
Cela fait deux ans qu’il est en poste : qu’a-t-il fait, en dehors de l’exécution des projets royaux bien évidemment ? Comment explique-t-il ces multiples augmentations des prix des carburants (on lui fera la grâce de ne pas lui rappeler son ancien métier et ses intérêts qu’on veut aussi croire anciens) ? Où en est le grand chantier de la protection universelle ? Quelle politique pour atténuer les effets du changement climatique, plus rapide et davantage ressenti sous nos latitudes ? Et la santé ? L’investissement, et les petites entreprises ? La justice ? La fiscalité ? l’inflation ? La fameuse question de la Samir et de, plus généralement, de la sécurité énergétique ? Le tourisme ? L’Afrique...
Ce gouvernement est tenu, s’il est encore en place, de lancer toute une série de réformes d’envergure, et une réforme, d’envergure ou non, doit être expliquée, débattue pour sa mise en place. Autrement, c’est le totalitarisme, même servie par la novlangue politique.
Tout cela a certes déjà été dit mais aujourd’hui, le gouvernement Akhannouch a deux ans, l’âge de maturité pour être remanié, pour enlever les « peaux mortes » (et il y en a !) et insuffler du sang neuf à l’ensemble de l’équipe gouvernementale.
Les jeunes attendent pour l’éducation, puis l’emploi, les séniors attendent la sécurisation de leurs retraites, les entreprises attendent une meilleure fiscalité, plus adaptée, les malades attendent d’être mieux soignés, les femmes attendent d’être mieux traitées au regard de la loi, les Marocains du monde attendent une véritable politique à leur intention, …
Les attentes sont nombreuses et pressantes. M. Akhannouch ne devrait plus se faire attendre pour se faire entendre, pour faire de la politique. La technocratie silencieuse n’est pas la panacée, elle est même un danger.
Rédigé par Aziz Boucetta sur Panorapost