Selon des sources professionnelles, le prix de détail des œufs varie actuellement entre 1,60 et 1,70 dirham l’unité, contre une moyenne de 1,20 dirham il y a quelques mois. Cette augmentation, bien que progressive, commence à peser lourdement sur le budget des familles, déjà fragilisé par une inflation généralisée qui touche d’autres produits alimentaires essentiels.

Le Ramadan, période de jeûne et de partage, entraîne traditionnellement une hausse de la consommation alimentaire au Maroc. Les œufs, utilisés dans de nombreuses recettes traditionnelles, voient leur demande exploser, ce qui contribue à une pression accrue sur les prix. Cependant, cette flambée ne s’explique pas uniquement par la loi de l’offre et de la demande.

Plusieurs facteurs structurels sont à l’origine de cette augmentation. Tout d’abord, les coûts de production ont considérablement augmenté ces derniers mois, notamment en raison de la hausse des prix des aliments pour volailles, tels que le maïs et le soja, importés en grande partie de l’étranger. La dépréciation du dirham face à certaines devises a également alourdi les factures d’importation.

Ensuite, des perturbations dans la chaîne d’approvisionnement, causées par des épisodes climatiques défavorables ou des problèmes logistiques, ont limité l’offre disponible. Enfin, à l’approche du Ramadan, la spéculation sur les prix par certains acteurs du marché exacerbe encore davantage la situation.

Cette hausse des prix des œufs reflète une tendance plus large d’inflation alimentaire qui touche de nombreux produits de première nécessité au Maroc. Elle met en lumière les vulnérabilités structurelles de la filière avicole, mais aussi les difficultés des ménages marocains à faire face à une augmentation constante du coût de la vie.

Pour les familles à revenu modeste, l’impact est particulièrement sévère. Les œufs, souvent considérés comme une source de protéines abordable, deviennent de moins en moins accessibles. Cette situation pourrait entraîner une réduction de la consommation et, par ricochet, affecter la santé nutritionnelle des populations les plus vulnérables.

La flambée des prix des œufs n’est pas un phénomène isolé. En Égypte, par exemple, les prix des œufs ont également connu une augmentation significative en raison de problèmes similaires liés aux coûts de production et à la spéculation. Aux États-Unis, une épidémie de grippe aviaire a récemment provoqué une pénurie d’œufs, entraînant une hausse spectaculaire des prix. Ces exemples montrent que les défis auxquels fait face le Maroc s’inscrivent dans une problématique mondiale, bien que les solutions doivent être adaptées aux spécificités locales.

Face à cette situation, les autorités marocaines pourraient envisager plusieurs mesures pour atténuer l’impact de cette hausse sur les consommateurs. Parmi elles, on peut citer la mise en place de subventions temporaires pour les produits de base, le contrôle plus strict des pratiques spéculatives sur le marché ou encore le soutien à la filière avicole pour réduire ses coûts de production.

Cependant, ces solutions nécessitent une coordination efficace entre les différents acteurs, ainsi qu’une volonté politique forte pour garantir leur mise en œuvre. À plus long terme, des investissements dans la production locale d’aliments pour volailles pourraient réduire la dépendance aux importations et stabiliser les prix.

La hausse des prix des œufs à l’approche du Ramadan illustre les tensions économiques et sociales qui pèsent sur les ménages marocains. Si cette situation n’est pas inédite, elle souligne l’urgence de réformes structurelles pour renforcer la résilience du secteur avicole et protéger le pouvoir d’achat des citoyens. À court terme, des mesures ciblées pourraient atténuer les effets de cette flambée, mais les incertitudes liées à l’évolution des marchés mondiaux et aux conditions climatiques restent préoccupantes.