De l’alliance sortante PJD-RNI

Pourquoi se dérober des choix politiques à la veille des élections ? Dr Samir Belahsen




A lire ou à écouter en podcast :

De l’alliance sortante PJD-RNI.mp3  (4.6 Mo)

« On écrit pour rendre justice à la vérité. »
 Susan Sontag
 
« Les faits sont têtus. »
Lénine

Une personne est qualifiée de « têtue » lors qu’on ne lui fait pas facilement changer d'avis et souvent qu’elle ne fait pas d'efforts pour accepter une vérité contraire à sa conviction antérieure.

Quand Lénine parle des faits têtus et quand d’autres parlent de nombres têtus c’est pour dire que la force des nombres et des faits constatés démontrent, que l'on ne peut inverser les conclusions qu'ils mettent en évidence que difficilement et artificiellement.

En d’autres termes les nombres et les faits, comme les personnes têtues, présentent une résistance au changement d'un état de chose donné ou d’une situation établie, qui se veut être une réalité.

Dans mon dernier article, j’ai expliqué pourquoi j’ai toujours qualifié l’alliance RNI-PJD d’alliance ultra-libérale. Les derniers chiffres du coefficient de GINI, avec l’approche revenu, démontrent que les résultats de la politique menée par ce Gouvernement et cette alliance ont fait que, entre 2013 et 2019, les riches sont devenus plus riches et les pauvres se sont appauvris davantage.

L’indice Gini calculé avec l’optique consommation des ménages indique les inégalités des citoyens face à leurs dépenses qui peuvent être effectués par des recours aux emprunts.

Certains ont même voulu rentrer dans des discussions d’ordre technique qui ne changent rien à la réalité marquée par la tendance lourde qui me parait si lourde même si l’on modifie les techniques de calcul. Le trend restant le même. 

Alors au-delà des chiffres globaux, rappelons quelques faits plus têtus que le coefficient de Gini.

Sous le gouvernement Abbas El Fassi qui a dû gérer les effets de la crise pétrolière de 2008 et économique de 2009 on a eu :
Le SMIG augmenté de 25 %. Augmentation du minimum de retraite à 1000 Dhs. 900 Dhs d’augmentation minimale pour tous les fonctionnaires. Etablissement du salaire minimum de la fonction publique à 3000 Dhs. Augmentation des cotisations familiales de 200 Dhs Suppression des échelles de la fonction publique de 1à 4 L’imposition pour les grandes exploitations agricoles Fiscalisation de l’héritage. La baisse de l’Impôt sur les revenus et élargissement des tranches d’imposition pour les classes moyennes.

Sous le gouvernement RNI-PJD et avant COVID, on a eu :
La libéralisation sauvage des prix des carburants. Un grand Brouhaha sur les privilèges et puis rien… La promesse non tenue de plafonnement des prix des carburants. En général on a beaucoup parlé des oligopoles mais sur le terrain rien de concret. Un coup d’arrêt sur la fiscalité agricole avec un flot de subventions, parfois très discutables. Un blocage, entre 2013 et 2019, des salaires dans la fonction publique. Ce n’est qu’en fin 2019, après la grande campagne de boycott de certains produits qu’a connu notre pays, que le Gouvernement a décidé des augmentations salariales  Baisse tendancielle des recrutements dans la fonction publique. L’invention de la précarisation du statut d’enseignant.
 
Ces 7 points révèlent de grandes réalisations avec des tendances et orientations qui ne peuvent être qualifiées que de libérales à reconnaitre à ce Gouvernement sortant et à l’alliance RNI-PJD.

Ce sont des réalisations qui ont creusé des écarts dans la distribution des revenus. Des écarts qui sont devenus palpables et largement ressentis dans notre société. Au-delà de l’Indice Gini, la régression de l’Indice de Développement Humain et celui du pouvoir d’achats témoigne aussi que la situation sociale est en réelle crise

Ces choix sont visiblement et fièrement assumés par certains ténors de cette droite ultra-libérale dont le noyau est l’alliance RNI-PJD.

Rappelons-nous qu’il n’y a pas longtemps, ils criaient un peu partout qu’ils ont eu le courage de libéraliser les prix des carburants par exemple…ce que personne n’a osé faire.

Rappelons-nous qu’ils avaient promis de combattre la corruption et mettre fin aux privilèges indus…

Rappelons-nous qu’ils nous avaient promis de la croissance inclusive …

Rappelons-nous qu’ils nous avaient promis de réduire le chômage et de créer de l’emploi…

Rappelons-nous que si aujourd’hui ils gouvernent, c’est parce que beaucoup de Marocains ne se sont pas déplacés pour aller s’inscrire et voter…

Rappelons-nous, enfin, que les inscriptions sur les listes électorales seront ouvertes à partir du premier Juin et que le 8 septembre nous aurons l’occasion de choisir…

Dr Samir Belahsen
 


Dimanche 23 Mai 2021

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