Par Souad Mekkaoui
En ce moment d’incertitude et de flou à nul autre pareil, une chose est claire : personne n’aimerait être à la place du ministre de la Santé, et pour cause le devoir qui lui incombe, celui de protéger la santé des Marocains en ce moment critique de la propagation fulgurante des contaminations. Mais en même temps, la lourde responsabilité de la fermeture des frontières puisque tout le monde s’en lave les mains à commencer par le chef de gouvernement.
En effet, quand M. Aziz Akhannouch, censé connaître sa partie, esquisse la question lors du bilan des cent jours, concernant la réouverture des frontières en disant que ce n’est pas à lui de prendre cette décision, suivant son regard, tous les doigts pointent, bien entendu, M. Khalid Aït Taleb qui, à son tour, dit que c’est le Comité scientifique qui donne les signaux et fait ses recommandations.
Tous balancent d’un pied sur l’autre et se jettent la patate chaude. Nous citoyens n’avons que le droit de nous taire et de subir. Certes, nous nous plions aux décisions du gouvernement qui détient toutes les données nécessaires et surtout la latitude, mais sans vouloir être trop pessimistes, nous sommes devant une situation kafkaïenne et menaçante qui risque d’avoir un effet boomrang surtout devant une visibilité opaque et négative. Heureusement que le chef de gouvernement, lui, reste optimiste et rassure que les choses s’arrangeront d’ici quelques semaines. Ce qui sous-entend, assurément, deux semaines ou cinq et pourquoi pas dix semaines ou plus puisqu’on est dans le vague d’une intelligibilité folklorique d’une gestion de replâtrage et d’une gouvernance aléatoire.
On ne le sait que trop bien, depuis son apparition le 8 janvier 2020 à Wuhan, en Chine, la Covid-19 a chamboulé le monde entier et tous les plans avec. Nous vivons une période exceptionnelle où nous essayons tant bien que mal de nous adapter à la vie avec les humeurs du coronavirus. Si tant est que cette crise sanitaire, qui ne ressemble en rien à aucune autre pandémie que le monde ait connue, a entraîné une crise économique, les conséquences sociales et politiques s’annoncent fracassantes. Tout est finalement lié. Et la solidarité du mois de mars 2020 a cédé la place à un abattement général qui ne dit pas son nom. Résister et survivre est l’ultimatum général de tous.
Entre faux espoirs et incompréhension
Voilà donc deux ans que le monde lutte contre la pandémie de la Covid-19 qui nous a mis face à nos limites mais nous a révélé aussi bien des compétences et plus encore, la résilience des Marocains. Et comme un malheur ne vient jamais seul, le variant Omicron s’est incrusté dans le décor, après le Delta, pour brouiller encore plus les paramètres. Le Maroc, dans un fort souci de privilégier la santé des citoyens avait décidé de suspendre tous les vols directs avec le Royaume à compter du lundi 29 novembre 2021 à 23h59.
Mais comment peut-on avoir une bonne santé sans une économie en bonne santé ? Que le gouvernement se soucie de la santé des citoyens est louable mais que faire de ceux qui meurent économiquement et socialement, depuis plusieurs mois ? Recommandations du Comité national scientifique et technique du Covid-19 -dont on ne connaît pas le visage- obligent ! D’entrée de jeu, la santé des Marocains est donnée en priorité aux dépens de tous les secteurs.
Le tourisme dans les limbes
Est-il utile de rappeler que la décision de la fermeture des frontières était tellement hâtive et brutale que les séquelles risquent d’être durables ? Au moment où la réouverture se faisait progressivement dans le monde, l’arrivée de nouveaux variants du virus au début de l’année 2021 a compliqué la donne. Et les opérateurs économiques qui ont pris des commandes se trouvent aujourd’hui pénalisés.
En effet, quand M. Aziz Akhannouch, censé connaître sa partie, esquisse la question lors du bilan des cent jours, concernant la réouverture des frontières en disant que ce n’est pas à lui de prendre cette décision, suivant son regard, tous les doigts pointent, bien entendu, M. Khalid Aït Taleb qui, à son tour, dit que c’est le Comité scientifique qui donne les signaux et fait ses recommandations.
Tous balancent d’un pied sur l’autre et se jettent la patate chaude. Nous citoyens n’avons que le droit de nous taire et de subir. Certes, nous nous plions aux décisions du gouvernement qui détient toutes les données nécessaires et surtout la latitude, mais sans vouloir être trop pessimistes, nous sommes devant une situation kafkaïenne et menaçante qui risque d’avoir un effet boomrang surtout devant une visibilité opaque et négative. Heureusement que le chef de gouvernement, lui, reste optimiste et rassure que les choses s’arrangeront d’ici quelques semaines. Ce qui sous-entend, assurément, deux semaines ou cinq et pourquoi pas dix semaines ou plus puisqu’on est dans le vague d’une intelligibilité folklorique d’une gestion de replâtrage et d’une gouvernance aléatoire.
On ne le sait que trop bien, depuis son apparition le 8 janvier 2020 à Wuhan, en Chine, la Covid-19 a chamboulé le monde entier et tous les plans avec. Nous vivons une période exceptionnelle où nous essayons tant bien que mal de nous adapter à la vie avec les humeurs du coronavirus. Si tant est que cette crise sanitaire, qui ne ressemble en rien à aucune autre pandémie que le monde ait connue, a entraîné une crise économique, les conséquences sociales et politiques s’annoncent fracassantes. Tout est finalement lié. Et la solidarité du mois de mars 2020 a cédé la place à un abattement général qui ne dit pas son nom. Résister et survivre est l’ultimatum général de tous.
Entre faux espoirs et incompréhension
Voilà donc deux ans que le monde lutte contre la pandémie de la Covid-19 qui nous a mis face à nos limites mais nous a révélé aussi bien des compétences et plus encore, la résilience des Marocains. Et comme un malheur ne vient jamais seul, le variant Omicron s’est incrusté dans le décor, après le Delta, pour brouiller encore plus les paramètres. Le Maroc, dans un fort souci de privilégier la santé des citoyens avait décidé de suspendre tous les vols directs avec le Royaume à compter du lundi 29 novembre 2021 à 23h59.
Mais comment peut-on avoir une bonne santé sans une économie en bonne santé ? Que le gouvernement se soucie de la santé des citoyens est louable mais que faire de ceux qui meurent économiquement et socialement, depuis plusieurs mois ? Recommandations du Comité national scientifique et technique du Covid-19 -dont on ne connaît pas le visage- obligent ! D’entrée de jeu, la santé des Marocains est donnée en priorité aux dépens de tous les secteurs.
Le tourisme dans les limbes
Est-il utile de rappeler que la décision de la fermeture des frontières était tellement hâtive et brutale que les séquelles risquent d’être durables ? Au moment où la réouverture se faisait progressivement dans le monde, l’arrivée de nouveaux variants du virus au début de l’année 2021 a compliqué la donne. Et les opérateurs économiques qui ont pris des commandes se trouvent aujourd’hui pénalisés.
Dire que le secteur est en catastrophe, sinistré, en finances, en social, en économie, en perte de marchés internationaux, en perte de confiance avec les partenaires nationaux et internationaux est peu. Après un déficit de plus de dix années sous les commandes d’un parti qui n’a jamais daigné faire du tourisme l’une de ses priorités, désormais la Covid et les mesures restrictives qui durent propulsent, chaque jour, le secteur dans le chaos. Pourtant le tourisme représente entre 7 et 10 % du PIB et emploie 5% de la population active. N’est-ce pas l’un des principaux secteurs économiques du Royaume, derrière l’agriculture (14%) et l’industrie (17,5%) ?
Nous en sommes là aujourd’hui : une visibilité négative, chaotique et destructive d’emplois et de valeurs qui ont été réalisées pendant plus de 20 ans. Des hôtels et riads ferment définitivement, des professionnels du tourisme dont l’espoir s’étiole au rythme de la situation épidémiologique de tous les jours s’écroulent sous les pertes et les dettes qui s’accumulent, certains ont carrément changé de créneau en quête de plus de sécurité financière et d’un avenir plus ou moins sûr après leurs cris qui se sont perdus dans le désert.
Après presque deux mois de fermeture, des villes grandement dépendantes de l’activité touristique souffrent cruellement de l’absence de touristes et les opérateurs, les prescripteurs, les plateformes … rentrent dans un déficit drastique sans parler des métiers qui gravitent autour comme les restaurants, les agences de voyages, les transports touristiques, etc. La faible activité des hôtels entraîne, dès lors, une réaction en chaîne des fermetures définitives et temporaires et le chômage bat le record dans un écosystème agonisant.
C’est dire que toute l’industrie touristique, comme un oiseau sur la branche, réclame la réouverture des frontières mais les appels restent inaudibles et sans échos. On fait plus simple : Du moment qu’elle est très atteinte et qu’elle ne peut plus se relever, on l’abat pour l’achever. Pourtant, qu’en est-il des conventions signées depuis près de trois ans avec la CGEM ? Qu’en est-il du programme de digitalisation de toutes les entreprises touristiques ?
Le coup de grâce salvateur vient de la ministre du Tourisme : un soutien d’un montant de 2 milliards de dirhams pour « réanimer » le secteur en pleine agonie qui est -ironie du sort- vital pour l’économie nationale ! A vrai dire, il fallait dire plutôt : 1 milliard … plus 1 milliard pour sauvegarder les entreprises, éviter la destruction massive des emplois et préparer la relance du secteur, dit-on. L’intention est fort louable, toutefois, est-ce suffisant après les dommages collatéraux que le tourisme continue d’essuyer ? Et puis, avant de s’en frotter les mains, rappelons que toute entreprise à but lucratif est soumise à une TVA de 20 % en plus d’un IS de 25% sur la totalité des bénéfices de l’entreprise.
Et ce n’est pas tout, madame la ministre a expliqué que cette subvention ne concernait que 10 % des capacités hôtelières marocaines qui représentent 70 % des nuitées en ajoutant que ce doit être 350 hôtels. Mais force est de souligner qu’en plus de ne pas toucher l’ensemble des intervenants su secteur touristique, nombre de métiers annexes sont exclus notamment les agences de voyage et la restauration classée des mesures bancaires et fiscales. L’engagement de préserver l’emploi et le social n’est pas au menu du soutien pour un secteur qui rapporte 138 milliards de dirhams de recettes touristiques globales dont 80 milliards de dirhams en devises. En attendant donc les décisions erratiques de dernière minute, le tourisme rend l’âme à petit feu.
Nous en sommes là aujourd’hui : une visibilité négative, chaotique et destructive d’emplois et de valeurs qui ont été réalisées pendant plus de 20 ans. Des hôtels et riads ferment définitivement, des professionnels du tourisme dont l’espoir s’étiole au rythme de la situation épidémiologique de tous les jours s’écroulent sous les pertes et les dettes qui s’accumulent, certains ont carrément changé de créneau en quête de plus de sécurité financière et d’un avenir plus ou moins sûr après leurs cris qui se sont perdus dans le désert.
Après presque deux mois de fermeture, des villes grandement dépendantes de l’activité touristique souffrent cruellement de l’absence de touristes et les opérateurs, les prescripteurs, les plateformes … rentrent dans un déficit drastique sans parler des métiers qui gravitent autour comme les restaurants, les agences de voyages, les transports touristiques, etc. La faible activité des hôtels entraîne, dès lors, une réaction en chaîne des fermetures définitives et temporaires et le chômage bat le record dans un écosystème agonisant.
C’est dire que toute l’industrie touristique, comme un oiseau sur la branche, réclame la réouverture des frontières mais les appels restent inaudibles et sans échos. On fait plus simple : Du moment qu’elle est très atteinte et qu’elle ne peut plus se relever, on l’abat pour l’achever. Pourtant, qu’en est-il des conventions signées depuis près de trois ans avec la CGEM ? Qu’en est-il du programme de digitalisation de toutes les entreprises touristiques ?
Le coup de grâce salvateur vient de la ministre du Tourisme : un soutien d’un montant de 2 milliards de dirhams pour « réanimer » le secteur en pleine agonie qui est -ironie du sort- vital pour l’économie nationale ! A vrai dire, il fallait dire plutôt : 1 milliard … plus 1 milliard pour sauvegarder les entreprises, éviter la destruction massive des emplois et préparer la relance du secteur, dit-on. L’intention est fort louable, toutefois, est-ce suffisant après les dommages collatéraux que le tourisme continue d’essuyer ? Et puis, avant de s’en frotter les mains, rappelons que toute entreprise à but lucratif est soumise à une TVA de 20 % en plus d’un IS de 25% sur la totalité des bénéfices de l’entreprise.
Et ce n’est pas tout, madame la ministre a expliqué que cette subvention ne concernait que 10 % des capacités hôtelières marocaines qui représentent 70 % des nuitées en ajoutant que ce doit être 350 hôtels. Mais force est de souligner qu’en plus de ne pas toucher l’ensemble des intervenants su secteur touristique, nombre de métiers annexes sont exclus notamment les agences de voyage et la restauration classée des mesures bancaires et fiscales. L’engagement de préserver l’emploi et le social n’est pas au menu du soutien pour un secteur qui rapporte 138 milliards de dirhams de recettes touristiques globales dont 80 milliards de dirhams en devises. En attendant donc les décisions erratiques de dernière minute, le tourisme rend l’âme à petit feu.
Et si on essayait d’y voir un peu plus clair ?
Sait-on au moins que si des gens meurent de la Covid-19, tout comme du cancer ou d’accidents cérébraux, des milliers pour ne pas dire des millions meurent de perte d’emploi, de perte de ressources et de désespoir. Nous sommes conscients que la Covid-19 est toujours parmi nous et qu’Omicron est dominant au Maroc à plus de 90 %. Nous savons qu’en dépit des évolutions technologiques, nous n’arrivons toujours pas à cerner ni à maîtriser le virus en raison de sa capacité de muter qui constitue le grand défi de l’humanité. Mais aujourd’hui, nous savons aussi que ce n’est plus aussi catastrophique qu’avant et j’en veux pour preuve que les personnes atteintes sont désormais soignées chez elles, que le personnel médical ne va plus les chercher en sueur, dans ces scaphandres nouvelle génération et que l’ambulance qui les transportent n’est plus escortée par des motards laissant derrière eux un sentiment de panique mortifiante.
Tant et si bien que nous ne comprenons pas pourquoi le Royaume maintient encore la fermeture des frontières au moment où l’OMS demande la levée des interdictions de voyages internationaux et du pass sanitaire pour se déplacer. D’ailleurs, le variant n’avait pas besoin de transpercer les cieux puisque notre Omicron était « autochtone » selon le ministre de la Santé, surgi de nulle part, alors que les frontières étaient fermées depuis le 29 novembre 2021. Par ailleurs, si nous nous basons sur les indices et les signes actuels, la réouverture ne sera probablement pas pour sitôt. D’autant plus qu’il faudrait bien que les professionnels du tourisme se préparent à « la guerre de la reprise » qui nécessite, au moins, deux à trois mois afin qu’ils puissent être opérationnels pour recevoir des touristes après tout ce temps d’arrêt forcé.
Il est clair que l’apparition du variant Omicron nous a donné, encore une fois, une peur panique au début, mais aujourd’hui, nous en savons plus surtout si nous analysons, avec beaucoup plus de sagesse et de lucidité, les statistiques qui nous ont, pendant longtemps, donné des sueurs froides dans le dos. Bien évidemment, les chiffres qu’on nous présente, chaque jour, ne sont pas faux mais peut-être qu’il faudrait en faire une autre lecture. Si nous nous fions au taux de létalité dans notre pays, nous remarquons qu’il est en baisse avec 1.4 % alors qu’il avait commencé à 2.7%. Ceci sans se pencher sur la segmentation par catégorie d’âge et par maladies chroniques qui réduirait encore plus le taux de mortalité attribuable à la Covid-19. Quant aux taux de positivité des tests, nous savons tous qu’ils sont liés à la capacité de dépistage. Il faudrait donc multiplier par deux ou trois si ce n’est plus le nombre des nouveaux cas déclarés compte tenu des asymptomatiques qui ne se font pas tester ou de ceux qui ne sont tout simplement pas recensés. Ce sont là les dires d’experts et de professionnels.
Bien évidemment, la Covid-19 est contagieuse, bien sûr elle continue à faire des morts mais pourquoi oublie-t-on de parler des 280 morts des maladies cardiovasculaires de chaque jour ? Pourquoi ne donne-t-on pas les chiffres des diabétiques qui meurent, chaque jour, et qui sont de 145 ? Pourquoi ne communique-t-on pas le nombre de morts du cancer qui dépasse les 493 par jour ? Et surtout pourquoi ne parle-t-on pas des nouveaux cas de tuberculose au Maroc ? N’est-ce pas une maladie extrêmement contagieuse qui affecte, chaque année, 32.000 personnes ?
Bien sûr, un seul décès est un drame, mais sur les 185.000 morts déclarés par an selon le HCP, les décès liés à la Covid-19 représentent moins de 3 % de l’ensemble des morts sur 2 ans (un peu plus de 15.000 morts chaque année).
Cela dit, la fermeture des frontières n’empêchera pas la propagation du virus mais tuera l’économie du pays et l’espoir chez les citoyens parce qu’on tombe d’un excès dans l’autre.
Néanmoins, fermer les frontières permet beaucoup plus de prendre le temps nécessaire pour retarder l’échéance et se préparer au pire pour la simple raison que notre système de Santé est défaillant et que nous n’avons pas intérêt à ce qu’il explose. Donc la peur est plutôt politique et l’enjeu est de taille : la bonne gouvernance, d’où l’appel de Sa Majesté, depuis des années déjà, à la refonte du système sanitaire.
Bien sûr le Maroc a bien réussi la gestion de la crise sanitaire et a pris des décisions courageuses qui lui ont valu d’être donné en exemple dans le monde mais il ne faut pas se voiler la face : bien des décisions politiques manquent de proportionnalité et sont en déphasage avec la réalité épidémiologique du Royaume.
Ce qui est certain c’est que personne ne peut dire que le virus disparaîtra dans une année ou dix, aussi faut-il innover en matière d’idées pour pouvoir traverser cette période avec les moindres dégâts. La vigilance doit être de mise, le masquage, le dépistage, les gestes barrières et la vaccination sont nos seuls boucliers face à un ennemi insaisissable qui se répand à la vitesse de la lumière.
Sa Majesté le Roi a toujours appelé les gouvernants à prendre des décisions courageuses quand il le faut aussi à la fermeture des frontières la première, tous les Marocains ont applaudi. Or aujourd’hui, nous sommes dans l’incompréhension totale. Fermer les frontières à un certain moment était décisif et salutaire mais n’est-il pas temps de se défaire, après plus de 22 mois, de cette peur handicapante et paralysante ? Que ceux qui sont aux leviers de commande donnent un nouveau tour de vis comme ce qui se fait un peu dans le monde, qu’ils imposent les mesures qu’il faut mais qu’on redonne confiance aux gens qui commencent à céder à la déprime et à la psychose.
Dans le monde entier, on est convaincus que la Covid s’est trop incrustée pour qu’elle puisse disparaître de sitôt. Nécessité faisant loi, il faut donc apprendre à vivre avec en essayant de minimiser les dégâts et d’éviter que tous les acquis ne tombent en quenouille. De deux maux, il faut bien choisir le moindre et aujourd’hui, nous ne devons plus fermer les yeux sur l’impact psychologique de la fermeture des frontières sur les citoyens qui crient misère.
Sait-on au moins que si des gens meurent de la Covid-19, tout comme du cancer ou d’accidents cérébraux, des milliers pour ne pas dire des millions meurent de perte d’emploi, de perte de ressources et de désespoir. Nous sommes conscients que la Covid-19 est toujours parmi nous et qu’Omicron est dominant au Maroc à plus de 90 %. Nous savons qu’en dépit des évolutions technologiques, nous n’arrivons toujours pas à cerner ni à maîtriser le virus en raison de sa capacité de muter qui constitue le grand défi de l’humanité. Mais aujourd’hui, nous savons aussi que ce n’est plus aussi catastrophique qu’avant et j’en veux pour preuve que les personnes atteintes sont désormais soignées chez elles, que le personnel médical ne va plus les chercher en sueur, dans ces scaphandres nouvelle génération et que l’ambulance qui les transportent n’est plus escortée par des motards laissant derrière eux un sentiment de panique mortifiante.
Tant et si bien que nous ne comprenons pas pourquoi le Royaume maintient encore la fermeture des frontières au moment où l’OMS demande la levée des interdictions de voyages internationaux et du pass sanitaire pour se déplacer. D’ailleurs, le variant n’avait pas besoin de transpercer les cieux puisque notre Omicron était « autochtone » selon le ministre de la Santé, surgi de nulle part, alors que les frontières étaient fermées depuis le 29 novembre 2021. Par ailleurs, si nous nous basons sur les indices et les signes actuels, la réouverture ne sera probablement pas pour sitôt. D’autant plus qu’il faudrait bien que les professionnels du tourisme se préparent à « la guerre de la reprise » qui nécessite, au moins, deux à trois mois afin qu’ils puissent être opérationnels pour recevoir des touristes après tout ce temps d’arrêt forcé.
Il est clair que l’apparition du variant Omicron nous a donné, encore une fois, une peur panique au début, mais aujourd’hui, nous en savons plus surtout si nous analysons, avec beaucoup plus de sagesse et de lucidité, les statistiques qui nous ont, pendant longtemps, donné des sueurs froides dans le dos. Bien évidemment, les chiffres qu’on nous présente, chaque jour, ne sont pas faux mais peut-être qu’il faudrait en faire une autre lecture. Si nous nous fions au taux de létalité dans notre pays, nous remarquons qu’il est en baisse avec 1.4 % alors qu’il avait commencé à 2.7%. Ceci sans se pencher sur la segmentation par catégorie d’âge et par maladies chroniques qui réduirait encore plus le taux de mortalité attribuable à la Covid-19. Quant aux taux de positivité des tests, nous savons tous qu’ils sont liés à la capacité de dépistage. Il faudrait donc multiplier par deux ou trois si ce n’est plus le nombre des nouveaux cas déclarés compte tenu des asymptomatiques qui ne se font pas tester ou de ceux qui ne sont tout simplement pas recensés. Ce sont là les dires d’experts et de professionnels.
Bien évidemment, la Covid-19 est contagieuse, bien sûr elle continue à faire des morts mais pourquoi oublie-t-on de parler des 280 morts des maladies cardiovasculaires de chaque jour ? Pourquoi ne donne-t-on pas les chiffres des diabétiques qui meurent, chaque jour, et qui sont de 145 ? Pourquoi ne communique-t-on pas le nombre de morts du cancer qui dépasse les 493 par jour ? Et surtout pourquoi ne parle-t-on pas des nouveaux cas de tuberculose au Maroc ? N’est-ce pas une maladie extrêmement contagieuse qui affecte, chaque année, 32.000 personnes ?
Bien sûr, un seul décès est un drame, mais sur les 185.000 morts déclarés par an selon le HCP, les décès liés à la Covid-19 représentent moins de 3 % de l’ensemble des morts sur 2 ans (un peu plus de 15.000 morts chaque année).
Cela dit, la fermeture des frontières n’empêchera pas la propagation du virus mais tuera l’économie du pays et l’espoir chez les citoyens parce qu’on tombe d’un excès dans l’autre.
Néanmoins, fermer les frontières permet beaucoup plus de prendre le temps nécessaire pour retarder l’échéance et se préparer au pire pour la simple raison que notre système de Santé est défaillant et que nous n’avons pas intérêt à ce qu’il explose. Donc la peur est plutôt politique et l’enjeu est de taille : la bonne gouvernance, d’où l’appel de Sa Majesté, depuis des années déjà, à la refonte du système sanitaire.
Bien sûr le Maroc a bien réussi la gestion de la crise sanitaire et a pris des décisions courageuses qui lui ont valu d’être donné en exemple dans le monde mais il ne faut pas se voiler la face : bien des décisions politiques manquent de proportionnalité et sont en déphasage avec la réalité épidémiologique du Royaume.
Ce qui est certain c’est que personne ne peut dire que le virus disparaîtra dans une année ou dix, aussi faut-il innover en matière d’idées pour pouvoir traverser cette période avec les moindres dégâts. La vigilance doit être de mise, le masquage, le dépistage, les gestes barrières et la vaccination sont nos seuls boucliers face à un ennemi insaisissable qui se répand à la vitesse de la lumière.
Sa Majesté le Roi a toujours appelé les gouvernants à prendre des décisions courageuses quand il le faut aussi à la fermeture des frontières la première, tous les Marocains ont applaudi. Or aujourd’hui, nous sommes dans l’incompréhension totale. Fermer les frontières à un certain moment était décisif et salutaire mais n’est-il pas temps de se défaire, après plus de 22 mois, de cette peur handicapante et paralysante ? Que ceux qui sont aux leviers de commande donnent un nouveau tour de vis comme ce qui se fait un peu dans le monde, qu’ils imposent les mesures qu’il faut mais qu’on redonne confiance aux gens qui commencent à céder à la déprime et à la psychose.
Dans le monde entier, on est convaincus que la Covid s’est trop incrustée pour qu’elle puisse disparaître de sitôt. Nécessité faisant loi, il faut donc apprendre à vivre avec en essayant de minimiser les dégâts et d’éviter que tous les acquis ne tombent en quenouille. De deux maux, il faut bien choisir le moindre et aujourd’hui, nous ne devons plus fermer les yeux sur l’impact psychologique de la fermeture des frontières sur les citoyens qui crient misère.
Rédigé par Souad Mekkaoui sur Maroc Diplomatique