De Allal à Bounou, la gloire se perpétue dans les cages des Lions


Rédigé par le Mardi 13 Décembre 2022

Une légende en appelant une autre, les performances stratosphériques de Yassine Bounou s'inscrivent dans la continuité des prestations de Allal au Mondial de Mexico en 1970 et offrent l'occasion de se remémorer les moments de grâce des portiers marocains.



Depuis que Zaki a raccroché les crampons au début des années 90, le public marocain n’a eu de cesse d’attendre son digne successeur qui assurera la protection des cages des Lions de l’Atlas. Le Royaume a beau avoir enfanté de grands portiers comme Azmi, feu El Brazi, Chadli ou encore Lamyaghri, aucun n’a été en mesure d’incarner la même grandeur, dans un poste aussi décisif.

Ces derniers n’ont, certes, pas pu s’adosser à un effectif solide pouvant assurer la qualification de la « génération d’or ». Cependant, le fait qu’après trois générations, Zaki reste dans la mémoire de tous comme l’archétype du gardien de but en dit long sur cette disette.

Mais, il ne faut pas omettre que Zaki a construit sa légende non seulement au Maroc, mais aussi à l’international, en s’imposant en Espagne dans l’un des championnats les plus compétitifs du Monde et en s’illustrant contre ses innombrables stars. Les enregistrements vidéo de l’époque continuent aujourd’hui encore de faire la part belle à un gardien qui a allié des qualités de joueur ainsi qu’une personnalité de leader.

Beau témoignage est celui du gardien historique des Pharaons d’Egypte, Ahmed Shobair, qui a salué les prestations de Bounou en Coupe du monde, relevant que son ami intime, Badou Zaki, a toujours cru au potentiel de Yassine pour être son successeur chez les Lions de l’Atlas.

Les deux hommes se ressemblent aussi bien au niveau du physique que du style de jeu. Dotés d’une présence rassurante, ils partagent aussi leur appartenance au Wydad de Casablanca et leur parcours professionnel en Espagne. Les réflexes, le calme dans les moments difficiles et notamment les penalties, ainsi que la domination dans les airs sont autant de qualités que les deux gardiens ont en commun. Toutefois, l’ainé était plus expressif tant au niveau des mots que des mouvements, tandis que Bounou dégage une impression d’imperturbabilité quasi-constante.

Si l’époque de Zaki a connu un certain dédain pour les stars du Sud et particulièrement d’Afrique, il a quand même réussi à arracher sa part de gloire en s’adjugeant notamment le prix du meilleur gardien du championnat espagnol, de la même manière que Bounou a réitéré l’exploit la saison dernière devant des géants du calibre de Thibaut Courtois, Jan Oblak et Marc-André Ter Stegen.

Bonou vient donc perpétuer la tradition de grands gardiens de but des Lions de l’Atlas née avec Allal Benkassou, en passant par feu El Hazzaz qui disait que Zaki était le dernier des grands. Une déclaration intervenue avant l’éclosion de ce nouveau grand nom, dernier maillon des participations historiques du Maroc en Coupe du monde.

Yassine épate sur le terrain et promeut des valeurs nobles en dehors des enceintes sportives. Lorsqu’il a offert son titre d’Homme du match contre le Portugal à son coéquipier buteur Youssef En-Nesyri, le joueur au sourire permanent a fait preuve d’altruisme et a été un exemple de dévouement pour le groupe.

Le Maroc a eu la chance d’avoir Zaki lors de son premier exploit au Mexique en 1986 et l’histoire s’est répétée avec Bounou, qui réalise un parcours historique, plaçant les Lions de l’Atlas sur les cimes du football mondial au Qatar.

Alors que l’épopée du Maroc se poursuit, l’éclat de Bounou devrait se poursuivre pour décrocher un cinquième Ballon d’or africain pour le Royaume, comme le troisième décroché par sa source d’inspiration, Badou Zaki.


LODJ avec MAP




Journaliste sportive et militante féministe, lauréate de l'ISIC En savoir plus sur cet auteur
Mardi 13 Décembre 2022
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