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Cyberattaques : une alerte sérieuse pour la résilience numérique du Maroc


Les récentes cyberattaques ayant visé plusieurs institutions marocaines, parmi lesquelles la CNSS, les ministères de l’Agriculture et de l’Emploi, ainsi que la Direction générale des impôts, constituent un tournant alarmant. Ces événements ne doivent pas être vus comme des incidents isolés, mais comme les signes d’une menace numérique coordonnée, ciblée, et profondément préoccupante pour la résilience de notre système public.



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Rédigé par Abdelghani El Arrasse

La diffusion présumée de données issues des bases de la CNSS, les attaques par déni de service qui ont rendu temporairement inaccessibles des plateformes publiques, ou encore les mises en garde des banques face à la recrudescence du phishing, révèlent la vulnérabilité de notre écosystème numérique. Ces attaques s’inscrivent dans un climat régional tendu, où les tensions géopolitiques se traduisent désormais aussi sur le terrain cybernétique.


Leurs conséquences sont multiples. Elles affectent non seulement le bon fonctionnement des services publics et la protection des données personnelles, mais elles ébranlent également la confiance des citoyens dans les institutions. À cela s’ajoute un coût économique indirect mais important : ralentissements administratifs, mobilisation en urgence des équipes techniques, risques d’usurpation d’identité ou d’exploitation des données divulguées. Mais l’impact le plus profond est peut-être d’ordre psychologique : la sensation d’impréparation, l’absence de communication unifiée, et une opinion publique laissée dans l’incertitude, voire la défiance.


Ces failles ne sont pas fortuites. Elles sont le fruit d’une accumulation de lacunes : des investissements insuffisants dans la cybersécurité, une gouvernance éclatée, une dépendance technologique externe, et une culture numérique encore faible dans une grande partie de l’administration. Trop longtemps, la cybersécurité a été perçue comme une affaire technique, déléguée à des prestataires ou traitée en aval, plutôt que comme une composante stratégique de la souveraineté nationale.


Il est urgent de changer de posture. Le Maroc doit se doter d’une autorité centrale capable de coordonner la sécurité numérique de l’État, de réagir rapidement aux crises, et de communiquer avec clarté. Il est tout aussi indispensable de sécuriser les systèmes critiques, de former les agents publics aux bons réflexes numériques, et d’investir dans un cloud souverain et dans l’écosystème national de cybersécurité.
 

Cet impératif de sécurité prend d’autant plus de sens que le Maroc affiche de grandes ambitions en matière de transformation digitale, symbolisées notamment par des événements d’envergure internationale comme le GITEX Africa. Cette vitrine technologique, organisée chaque année sur notre sol, doit aussi devenir un levier stratégique pour affirmer la place centrale de la cybersécurité dans notre vision du numérique. Elle ne peut se contenter d’exposer des innovations ; elle doit également refléter un engagement fort en faveur de la souveraineté numérique, en mettant en lumière les défis sécuritaires, en valorisant les solutions nationales, et en mobilisant les décideurs autour d’une culture partagée de la résilience digitale.


La transformation digitale du Maroc ne pourra réussir que si elle s’appuie sur une infrastructure résiliente, protégée et maîtrisée. Ce que nous venons de vivre doit agir comme un électrochoc. Il ne s’agit plus de colmater les brèches au cas par cas, mais de bâtir une véritable stratégie nationale de cybersécurité. Car aujourd’hui, protéger notre espace numérique, c’est défendre notre stabilité, notre économie, et la confiance des citoyens envers leurs institutions.


Rédigé par Abdelghani El Arrasse



Mardi 22 Avril 2025


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