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Croissance économique du Maroc début 2025 : entre dynamisme intérieur et menaces extérieures

Au premier trimestre 2025, le Maroc enregistre une croissance de 4,2 %, soutenue par la consommation intérieure, malgré un déficit commercial persistant et une inflation en hausse.


Rédigé par La Rédaction le Mercredi 23 Avril 2025

Alors que l’économie mondiale amorce un repli sous les effets conjugués de tensions géopolitiques et de mesures tarifaires, le Maroc semble maintenir le cap. Selon la Note de conjoncture n°46 (avril 2025) du Haut-Commissariat au Plan, l’économie nationale aurait progressé de 4,2 % au premier trimestre 2025, confirmant un rebond entamé après la modération enregistrée fin 2024. Cette dynamique repose essentiellement sur la vigueur des services marchands (+13,2 %), des industries extractives (+6,7 %) et de la construction (+6,4 %), alors que l’agriculture reprend timidement avec une hausse de 3,1 %.



​Un dernier trimestre 2024 sous pression extérieure

La croissance du quatrième trimestre 2024 s’était établie à 3,7 %, tirée par la consommation intérieure, mais pénalisée par un commerce extérieur déficitaire. Si les exportations en volume ont progressé de 9,2 %, elles n’ont pas compensé la flambée des importations (+15,6 %), entraînant une contribution négative de -5,2 points à la croissance. Le taux de couverture s’est dégradé de 5 points, révélant une dépendance accrue aux approvisionnements extérieurs.

​Le moteur intérieur : consommation et relance sociale

Le redémarrage de l’économie repose en grande partie sur la consommation des ménages, stimulée par des mesures sociales ciblées : hausse des salaires dans le public et le privé, révision de l’impôt sur le revenu, et revalorisation du SMIG. Résultat : la consommation aurait bondi de 4,5 % au premier trimestre 2025. L’investissement, quant à lui, aurait renforcé sa contribution à la croissance, atteignant 5,4 points fin 2024, contre 3,7 points un trimestre auparavant, notamment grâce à une politique de restockage des entreprises.

​Une inflation qui revient

Mais cette euphorie est tempérée par une hausse de l’inflation, qui atteint 2,2 % début 2025, contre 0,7 % un trimestre plus tôt. Le renchérissement des produits alimentaires de base, en particulier les viandes (+1 point de contribution), poissons frais (+0,2 point) et légumes frais (+0,1 point), en est la principale cause. Des hausses tarifaires comme celle du tabac (+2,9 % en janvier) ont également joué un rôle.

​Politique monétaire souple, bourse euphorique

Bank Al-Maghrib a poursuivi son assouplissement monétaire, abaissant son taux directeur à 2,25 % en mars 2025. Ce soutien a allégé les conditions de financement : les taux sur le marché interbancaire ont chuté de 53 points de base, tandis que les bons du Trésor à 1, 5 et 10 ans ont reculé respectivement de 44, 58 et 62 points.

Le marché boursier a réagi avec enthousiasme : l’indice MASI a bondi de 36,5 % en un an, et la capitalisation boursière a grimpé de 37,8 %, portée par les secteurs du transport, des mines, de l’immobilier et de la santé. Les volumes d’échange ont explosé : +186,5 % en glissement annuel.

​Agriculture et industrie : des contrastes

Le secteur agricole, en net recul fin 2024 (-5 %), amorce un rebond (+3,1 %) début 2025, porté par les agrumes et primeurs, même si la production céréalière reste en retrait. L’élevage souffre encore de la hausse des intrants, avec un prix de la viande rouge en hausse de 15,2 %. Les industries manufacturières, après une croissance de 4,1 % en 2024, montrent des signes d’essoufflement en début d’année, affectées par le ralentissement de la demande étrangère. Seule la filière phosphatée continue à tirer son épingle du jeu, avec des exportations en hausse de 15,5 %.

Ce tableau flatteur pourrait masquer une vulnérabilité persistante :

Le Maroc continue de dépendre dangereusement de la consommation intérieure pour sa croissance, alors que son commerce extérieur creuse des déficits chroniques. L’embellie boursière est aussi à relativiser : elle s’explique davantage par la politique monétaire que par des gains de productivité réels. Enfin, la hausse de l’inflation alimentaire pourrait saper la reprise sociale en creusant les inégalités d’accès à une alimentation de qualité. Derrière la stabilité, le risque systémique d’un choc exogène persiste — surtout si la politique tarifaire américaine venait à se durcir sans préavis.

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Mercredi 23 Avril 2025

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