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Dans la rubrique information ou analyse, la culture occupe même des espaces à part entière, dûment identifiés, dans les pages de la presse quotidienne, hebdomadaire et mensuelle.
Au Maroc, cette tradition a été portée par la presse partisane. Les pages Culture d’ Al Alam du parti de l’Istiqlal comme celles d’Al Mouharir, devenu Itihad El Ichtiraki, de l’USFP sont la référence en la matière. Ces pages sont, souvent, animées par des écrivains à l’image d’Al Alam longtemps dirigé par Abdelkrim Ghellab, écrivain de renom, et Abdeljabber Shimi, un autre écrivain de talent de sa génération. Malgré les étiquettes partisanes, ces suppléments culturels publiaient des textes de création et des analyses sans préjuger des tendances politiques ou idéologiques de leurs auteurs.
Les Mohammed Berrada, Bensalem Himmich, Mohamed Al Achaari, Driss Khoury, Mohamed Zefzaf… s’ils sont les auteurs « naturels » d’Al Mouharir, ont souvent trouvé asile et accueillis dans les pages culturelles d’Al Alam.
La même remarque concerne les mensuels, comme a pu le montrer le mensuel Lamalif durant une trentaine d’années. Au supplément culturel de L’Opinion qui existe depuis le début des années 70, l’ouverture sur l’environnement culturel obéissait aux mêmes règles d’ouverture et nul n’était soumis à un contrôle politique ou idéologique pour y être publié.
Des intellectuels, écrivains, poètes… de toute obédience s’y côtoyaient, parfois dans la contradiction avec la ligne du parti de l’Istiqlal. Mieux encore, les champs de confrontation ne manquaient pas, en particulier en ces années précisément, entre les intellectuels de l’Istiqlal et les intellectuels de l’USFP et du PPS, souvent en alliance. Les escarmouches et combats rangés ne manquaient pas, en particulier au sein de l’Union des Ecrivains du Maroc, une organisation emblématique tantôt présidée par l’Istiqlal, tantôt par l’USFP.
Dans un récent rapport, le CESE s’est penché sur la possibilité pour les médias marocains de produire des « contenus culturels et des programmes culturels » afin de « promouvoir une conscience culturelle » par des « contenus positifs ».
Au passage, le CESE note « les problèmes dont souffrent les médias culturels marocains aujourd’hui » que sont « les grands choix culturels des décideurs politiques et médiatiques ; le manque de ressources humaines ayant un esprit créatif ; les différentes compétences nécessaires pour les industries culturelles, et qui constituent une composante principale dans les différents médias ; l’expérience et l’expertise nécessaire pour mettre en place de nouveaux modes de production dans tous les domaines d’expression culturelle ; l’incapacité de créer une interaction appropriée avec les différentes franges du public », ce qui n’est pas une mince affaire !
Dans le monde entier, la presse culturelle est une presse de débat. Elle est, au final, dans un rôle de découverte de talents que de production de « contenus positifs » de conscientisation. Ce débat a longtemps été porté par les partis politiques et les politiques publiques qui voyaient en la presse un moyen de porter la bonne parole des uns et des autres.
Les recommandations du CESE au nombre de 16 ne manquent pas de pertinence, mais l’enjeu est ailleurs. La participation à la dynamique culturelle fait partie de l’action volontaire. Le soutien par des subventions donne des résultats, certes, mais la vraie bataille est dans la nécessaire autonomie de l’acte culturel, dans une logique industrielle, en somme de rentabilité.
Les fondateurs de Souffles qui ont accompagné une génération d’écrivains, de peintres et de poètes, ne s’étaient pas appuyés sur des subventions publiques ou privées, mais sur leur volonté et leur « dur désir de durer » en tant que poètes… Les partis politiques qui ont développé des espaces culturels dans leurs publications n’ont pas reçu de subsides pour cela mais ont fait ce choix dans le prolongement de leurs convictions que la culture peut porter la voix du peuple… et du parti !
Rédigé par Abdallah BENSMAÏN le Jeudi 3 Septembre 2020 sur www.lopinion.ma
Au Maroc, cette tradition a été portée par la presse partisane. Les pages Culture d’ Al Alam du parti de l’Istiqlal comme celles d’Al Mouharir, devenu Itihad El Ichtiraki, de l’USFP sont la référence en la matière. Ces pages sont, souvent, animées par des écrivains à l’image d’Al Alam longtemps dirigé par Abdelkrim Ghellab, écrivain de renom, et Abdeljabber Shimi, un autre écrivain de talent de sa génération. Malgré les étiquettes partisanes, ces suppléments culturels publiaient des textes de création et des analyses sans préjuger des tendances politiques ou idéologiques de leurs auteurs.
Les Mohammed Berrada, Bensalem Himmich, Mohamed Al Achaari, Driss Khoury, Mohamed Zefzaf… s’ils sont les auteurs « naturels » d’Al Mouharir, ont souvent trouvé asile et accueillis dans les pages culturelles d’Al Alam.
La même remarque concerne les mensuels, comme a pu le montrer le mensuel Lamalif durant une trentaine d’années. Au supplément culturel de L’Opinion qui existe depuis le début des années 70, l’ouverture sur l’environnement culturel obéissait aux mêmes règles d’ouverture et nul n’était soumis à un contrôle politique ou idéologique pour y être publié.
Des intellectuels, écrivains, poètes… de toute obédience s’y côtoyaient, parfois dans la contradiction avec la ligne du parti de l’Istiqlal. Mieux encore, les champs de confrontation ne manquaient pas, en particulier en ces années précisément, entre les intellectuels de l’Istiqlal et les intellectuels de l’USFP et du PPS, souvent en alliance. Les escarmouches et combats rangés ne manquaient pas, en particulier au sein de l’Union des Ecrivains du Maroc, une organisation emblématique tantôt présidée par l’Istiqlal, tantôt par l’USFP.
Dans un récent rapport, le CESE s’est penché sur la possibilité pour les médias marocains de produire des « contenus culturels et des programmes culturels » afin de « promouvoir une conscience culturelle » par des « contenus positifs ».
Au passage, le CESE note « les problèmes dont souffrent les médias culturels marocains aujourd’hui » que sont « les grands choix culturels des décideurs politiques et médiatiques ; le manque de ressources humaines ayant un esprit créatif ; les différentes compétences nécessaires pour les industries culturelles, et qui constituent une composante principale dans les différents médias ; l’expérience et l’expertise nécessaire pour mettre en place de nouveaux modes de production dans tous les domaines d’expression culturelle ; l’incapacité de créer une interaction appropriée avec les différentes franges du public », ce qui n’est pas une mince affaire !
Dans le monde entier, la presse culturelle est une presse de débat. Elle est, au final, dans un rôle de découverte de talents que de production de « contenus positifs » de conscientisation. Ce débat a longtemps été porté par les partis politiques et les politiques publiques qui voyaient en la presse un moyen de porter la bonne parole des uns et des autres.
Les recommandations du CESE au nombre de 16 ne manquent pas de pertinence, mais l’enjeu est ailleurs. La participation à la dynamique culturelle fait partie de l’action volontaire. Le soutien par des subventions donne des résultats, certes, mais la vraie bataille est dans la nécessaire autonomie de l’acte culturel, dans une logique industrielle, en somme de rentabilité.
Les fondateurs de Souffles qui ont accompagné une génération d’écrivains, de peintres et de poètes, ne s’étaient pas appuyés sur des subventions publiques ou privées, mais sur leur volonté et leur « dur désir de durer » en tant que poètes… Les partis politiques qui ont développé des espaces culturels dans leurs publications n’ont pas reçu de subsides pour cela mais ont fait ce choix dans le prolongement de leurs convictions que la culture peut porter la voix du peuple… et du parti !
Rédigé par Abdallah BENSMAÏN le Jeudi 3 Septembre 2020 sur www.lopinion.ma