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Par Mustapha Sehimi
Ces mesures, présentées par le ministre de l'intérieur - en charge des cultes dans le Royaume - ont été prises en application des instructions Royales d'avril 2019. C'est donc un processus d'élaboration et de finalisation qui marque une étape ; il a fait l'objet de consultations avec les représentants de la communauté juive et de différentes personnalités qui y appartiennent.
TROIS INSTANCES
Quoi de nouveau ? Une articulation déclinée autour de trois instances. La première est le Conseil national de cette communauté. Voici trois ans, le Roi, Amir Al-mouminine, avait donné des instructions à ce même ministre d'engager un processus devant s'opérer "selon la périodicité du renouvellement de ces instances" conformément aux dispositions du 7 mai 1945. Un texte en vigueur depuis plus de sept décennies qui avait besoin d'une profonde refonte.
Il visait alors à la réorganisation des comités de communauté israélites, les membres de ces organes étant désignés auparavant par les autorités locales. Il marquait bien une avancée dans le sens de l'institutionnalisation au lendemain de la Seconde guerre mondiale mais il se trouvait de plus en plus décalé par rapport à la situation actuelle de cette communauté. Le Souverain était soucieux à ce sujet d'autant plus qu'il a veillé à ce que la Constitution de juillet 2011 prenne en charge et consacre l'affluent hébraïque comme l'une composantes de la culture marocaine.
Cela dit, quoi de nouveau aujourd'hui ? Une articulation déclinée autour de trois instances. La première est celle du Conseil national de la communauté juive marocaine. Il a pour mission de "veiller à la gestion des affaires de celle-ci, la sauvegarde du patrimoine et du rayonnement culturel du judaïsme et de ses valeurs marocaines authentiques". Il aura des comités régionaux pour gérer les questions et les affaires quotidiennes des membres de la communauté. Des textes d'applications sont prévus pour préciser les conditions et les modalités d'élection des membres de ces instances (composition, élections, structures organiques,...). La deuxième instance est la Commission des juifs marocains de l'étranger. Elle a pour attribution d'"œuvrer à la consolidation des liens des juifs marocains établis à l'étranger avec leur pays d'origine, à renforcer leur rayonnement cultuel et culturel et à défendre les intérêts suprêmes du Royaume".
Une vision qui avait été soutenue par feu Hassan II précisant à leur endroit que le Maroc avait perdu des citoyens mais qu'il retrouvait avec eux des "ambassadeurs"... Si la communauté juive résidant au Maroc est évaluée à 3500 personnes - dont 3000 à Casablanca - la "diaspora", elle, dépasse les 800.000 personnes en Israël et des centaines de milliers d'autres en Amérique du Nord (Etats Unis, Canada) et ailleurs. Enfin, il est prévu une dernière institution, à savoir la Fondation du judaïsme marocain. Ses missions sont celles-ci : promouvoir et veiller au patrimoine immatériel judéo- marocain, sauvegarder ses traditions et préserver ses spécificités.
LE ROI, GARANT ET PROTECTEUR
Dans cette même ligne, il vaut de rappeler le discours Royal à l'occasion de la visite du Pape François, en mars 2019, où le Souverain avait mis en exergue ces principes: son statut de Commandeur des croyants comme garant du libre exercice des cultes; qu'il ne peut parler de "Terre d'Islam comme si n'y vivaient que des Musulmans" ; qu'il veille au libre exercice des religions du Livre et qu'il les garantis; et qu'il protège les juifs marocains et les chrétiens d'autres pays vivant au Maroc.
A terme, la communauté juive marocaine va s'atteler à désigner un Grand Rabbin ainsi que les membres des instances prévues. Se posera le problème de la succession de Serge Berdugo, qui occupe - et squatte ? - depuis des décennies une position centrale. Agé de 85 ans, il cumule depuis 1987 les fonctions de secrétaire général du Conseil des communautés Israélites du Maroc, la présidence de celle de Casablanca ainsi que le Rassemblement Mondial du Judaïsme Marocain. Il est considéré aujourd’hui comme n'étant plus fédérateur. Sa situation est très fragilisée - et même entachée,- avec deux "affaires récentes. L'une est cette histoire d'institution d'une taxe sur les produits et prestations cacher qu'il a fait démentir par la commission de la caheroute de Casablanca. Or cette information avait été diffusée dans un reportage de la chaine israélienne Channel 13. L'autre, encore en instance, enclenchée et rendue publique au début de décembre 2021 a trait à une enquête internationale de spoliation immobilière de pas moins de dix-huit biens ayant appartenu à des juifs esseulés...
Apurement de certains dossiers, unité, de nouvelles compétences: voilà la feuille de route de la communauté juive marocaine. Le subjectivisme n’y manque pas, le choc des égos non plus, sans oublier des intérêts et des réseaux multiples et complexes. Mais n'est-ce pas le propre d'une communauté vivante ?
Rédigé par Mustapha Sehimi sur Quid TROIS INSTANCES
Quoi de nouveau ? Une articulation déclinée autour de trois instances. La première est le Conseil national de cette communauté. Voici trois ans, le Roi, Amir Al-mouminine, avait donné des instructions à ce même ministre d'engager un processus devant s'opérer "selon la périodicité du renouvellement de ces instances" conformément aux dispositions du 7 mai 1945. Un texte en vigueur depuis plus de sept décennies qui avait besoin d'une profonde refonte.
Il visait alors à la réorganisation des comités de communauté israélites, les membres de ces organes étant désignés auparavant par les autorités locales. Il marquait bien une avancée dans le sens de l'institutionnalisation au lendemain de la Seconde guerre mondiale mais il se trouvait de plus en plus décalé par rapport à la situation actuelle de cette communauté. Le Souverain était soucieux à ce sujet d'autant plus qu'il a veillé à ce que la Constitution de juillet 2011 prenne en charge et consacre l'affluent hébraïque comme l'une composantes de la culture marocaine.
Cela dit, quoi de nouveau aujourd'hui ? Une articulation déclinée autour de trois instances. La première est celle du Conseil national de la communauté juive marocaine. Il a pour mission de "veiller à la gestion des affaires de celle-ci, la sauvegarde du patrimoine et du rayonnement culturel du judaïsme et de ses valeurs marocaines authentiques". Il aura des comités régionaux pour gérer les questions et les affaires quotidiennes des membres de la communauté. Des textes d'applications sont prévus pour préciser les conditions et les modalités d'élection des membres de ces instances (composition, élections, structures organiques,...). La deuxième instance est la Commission des juifs marocains de l'étranger. Elle a pour attribution d'"œuvrer à la consolidation des liens des juifs marocains établis à l'étranger avec leur pays d'origine, à renforcer leur rayonnement cultuel et culturel et à défendre les intérêts suprêmes du Royaume".
Une vision qui avait été soutenue par feu Hassan II précisant à leur endroit que le Maroc avait perdu des citoyens mais qu'il retrouvait avec eux des "ambassadeurs"... Si la communauté juive résidant au Maroc est évaluée à 3500 personnes - dont 3000 à Casablanca - la "diaspora", elle, dépasse les 800.000 personnes en Israël et des centaines de milliers d'autres en Amérique du Nord (Etats Unis, Canada) et ailleurs. Enfin, il est prévu une dernière institution, à savoir la Fondation du judaïsme marocain. Ses missions sont celles-ci : promouvoir et veiller au patrimoine immatériel judéo- marocain, sauvegarder ses traditions et préserver ses spécificités.
LE ROI, GARANT ET PROTECTEUR
Dans cette même ligne, il vaut de rappeler le discours Royal à l'occasion de la visite du Pape François, en mars 2019, où le Souverain avait mis en exergue ces principes: son statut de Commandeur des croyants comme garant du libre exercice des cultes; qu'il ne peut parler de "Terre d'Islam comme si n'y vivaient que des Musulmans" ; qu'il veille au libre exercice des religions du Livre et qu'il les garantis; et qu'il protège les juifs marocains et les chrétiens d'autres pays vivant au Maroc.
A terme, la communauté juive marocaine va s'atteler à désigner un Grand Rabbin ainsi que les membres des instances prévues. Se posera le problème de la succession de Serge Berdugo, qui occupe - et squatte ? - depuis des décennies une position centrale. Agé de 85 ans, il cumule depuis 1987 les fonctions de secrétaire général du Conseil des communautés Israélites du Maroc, la présidence de celle de Casablanca ainsi que le Rassemblement Mondial du Judaïsme Marocain. Il est considéré aujourd’hui comme n'étant plus fédérateur. Sa situation est très fragilisée - et même entachée,- avec deux "affaires récentes. L'une est cette histoire d'institution d'une taxe sur les produits et prestations cacher qu'il a fait démentir par la commission de la caheroute de Casablanca. Or cette information avait été diffusée dans un reportage de la chaine israélienne Channel 13. L'autre, encore en instance, enclenchée et rendue publique au début de décembre 2021 a trait à une enquête internationale de spoliation immobilière de pas moins de dix-huit biens ayant appartenu à des juifs esseulés...
Apurement de certains dossiers, unité, de nouvelles compétences: voilà la feuille de route de la communauté juive marocaine. Le subjectivisme n’y manque pas, le choc des égos non plus, sans oublier des intérêts et des réseaux multiples et complexes. Mais n'est-ce pas le propre d'une communauté vivante ?