A lire ou à écouter en podcast :
Le commerce extérieur constitue un levier fondamental pour stimuler la croissance économique
et renforcer la compétitivité d’un pays dans une économie mondialisée. Pour le Maroc, pays à la
croisée des continents africain, européen et arabe, une stratégie de commerce extérieur
efficace représente une opportunité majeure pour consolider sa position en tant que hub
régional. Toutefois, la réussite de cette stratégie repose sur une analyse rigoureuse des
opportunités, des défis et des axes prioritaires, soutenue par des données et des mesures
tangibles.
1. Contexte et état des lieux
Le Maroc a réalisé des progrès significatifs dans son commerce extérieur au cours des
dernières décennies. Les exportations marocaines ont atteint environ 41,5 milliards de dollars
en 2022, en hausse de 20 % par rapport à l’année précédente, grâce notamment aux secteurs
stratégiques comme l’automobile, le phosphates et dérivés, l'agroalimentaire et les énergies
renouvelables. Cependant, le déficit commercial reste préoccupant, s’élevant à 23,6 milliards
de dollars en 2022, principalement en raison de la dépendance aux importations énergétiques
et aux biens d’équipement.
2. Les piliers d’une stratégie efficace de commerce extérieur
2.1 Diversification des exportations
Le Maroc doit élargir son offre exportable pour réduire sa dépendance à certains secteurs
comme le phosphate et l’automobile.
● L’agro-industrie représente un fort potentiel : en transformant davantage de produits
agricoles sur place, le Maroc pourrait ajouter de la valeur à ses exportations.
Actuellement, les produits agricoles bruts représentent encore une part significative des
exportations, mais leur transformation permettrait de multiplier leur valeur par 1,5 à 2
fois.
● Le secteur technologique est également sous-exploité. En 2022, les services
numériques et les startups technologiques n’ont représenté que 4 % des exportations de services. Un renforcement des infrastructures numériques et des partenariats avec
des hubs technologiques pourrait tripler cette contribution d’ici 2030.
2.2 Réduction de la dépendance énergétique
Les importations énergétiques pèsent lourdement sur la balance commerciale. En 2022, elles
représentaient 25 % des importations totales.
● Le Maroc, leader régional des énergies renouvelables avec une capacité installée de 4
GW, devrait accélérer ses investissements dans le solaire et l’éolien, tout en
développant une capacité d’exportation d’électricité vers l’Europe et l’Afrique.
● La production de l’hydrogène vert, estimée à 10 millions de tonnes par an d’ici 2030,
pourrait devenir un nouveau pilier des exportations marocaines, générant des revenus
annuels de 10 milliards de dollars.
2.3 Renforcement des accords commerciaux
Le Maroc bénéficie déjà d’un réseau d’accords de libre-échange avec l’Union Européenne, les
États-Unis, et plusieurs pays africains.
● Exploitation des accords existants : Le Maroc n’exploite que 65 % du potentiel offert
par ces accords en raison de barrières non tarifaires et de contraintes logistiques. Une
politique proactive pour lever ces obstacles est essentielle.
● Renforcement des relations sud-sud : Le marché africain, avec une classe moyenne
en pleine expansion, offre des débouchés significatifs. Le commerce intra-africain
représente actuellement 17 % des échanges totaux du continent, mais le Maroc peut
accroître sa part en renforçant sa présence dans des secteurs comme l’agriculture, la
construction, et les technologies financières (fintech).
2.4 Modernisation des infrastructures logistiques
Une logistique performante est un prérequis pour une stratégie de commerce extérieur réussie.
Le Maroc, avec le port de Tanger Med, est déjà un modèle régional, classé premier port en
Afrique avec une capacité de 9 millions de conteneurs.
● Pour aller plus loin, l’investissement dans des zones logistiques intégrées à proximité
des ports et aéroports réduirait les coûts logistiques, estimés à 15 % du PIB marocain,
un chiffre bien supérieur à la moyenne mondiale de 8 %.
2.5 Soutien aux PME exportatrices
Les petites et moyennes entreprises (PME) constituent 90 % du tissu économique marocain,
mais leur contribution aux exportations est limitée.
● La création d’un fonds national pour les PME exportatrices, offrant des garanties et
des subventions, peut accroître leur participation au commerce extérieur.
● Des programmes de formation et d’accompagnement pour les aider à répondre aux
normes internationales (certifications ISO, traçabilité) sont également nécessaires.
3. Mesures prioritaires et perspectives
Pour maximiser l’impact de ces axes, une stratégie claire doit être adoptée :
1. Mise en place d’un observatoire du commerce extérieur pour surveiller les
performances et identifier rapidement les secteurs à fort potentiel.
2. Digitalisation des processus douaniers et des chaînes d’approvisionnement,
réduisant les délais et les coûts liés aux échanges internationaux.
3. Création de clusters industriels et technologiques pour favoriser l’innovation et la
compétitivité des produits marocains.
En outre, une communication proactive à l’international pour promouvoir la "Marque Maroc" est
indispensable. Cette approche a déjà démontré son efficacité dans l’agroalimentaire avec des
campagnes axées sur la qualité et l’authenticité des produits marocains.
Le Maroc dispose d’atouts indéniables pour devenir un acteur majeur du commerce
international, notamment grâce à sa position géographique stratégique, ses ressources
naturelles et ses infrastructures modernes. Cependant, une stratégie cohérente et ambitieuse
est nécessaire pour surmonter les défis existants et saisir les opportunités.
En combinant diversification des exportations, renforcement des capacités logistiques,
réduction de la dépendance énergétique et mobilisation des PME, le Royaume peut non
seulement améliorer sa balance commerciale mais aussi renforcer son rôle de hub économique
entre l’Europe, l’Afrique et le Moyen-Orient.
et renforcer la compétitivité d’un pays dans une économie mondialisée. Pour le Maroc, pays à la
croisée des continents africain, européen et arabe, une stratégie de commerce extérieur
efficace représente une opportunité majeure pour consolider sa position en tant que hub
régional. Toutefois, la réussite de cette stratégie repose sur une analyse rigoureuse des
opportunités, des défis et des axes prioritaires, soutenue par des données et des mesures
tangibles.
1. Contexte et état des lieux
Le Maroc a réalisé des progrès significatifs dans son commerce extérieur au cours des
dernières décennies. Les exportations marocaines ont atteint environ 41,5 milliards de dollars
en 2022, en hausse de 20 % par rapport à l’année précédente, grâce notamment aux secteurs
stratégiques comme l’automobile, le phosphates et dérivés, l'agroalimentaire et les énergies
renouvelables. Cependant, le déficit commercial reste préoccupant, s’élevant à 23,6 milliards
de dollars en 2022, principalement en raison de la dépendance aux importations énergétiques
et aux biens d’équipement.
2. Les piliers d’une stratégie efficace de commerce extérieur
2.1 Diversification des exportations
Le Maroc doit élargir son offre exportable pour réduire sa dépendance à certains secteurs
comme le phosphate et l’automobile.
● L’agro-industrie représente un fort potentiel : en transformant davantage de produits
agricoles sur place, le Maroc pourrait ajouter de la valeur à ses exportations.
Actuellement, les produits agricoles bruts représentent encore une part significative des
exportations, mais leur transformation permettrait de multiplier leur valeur par 1,5 à 2
fois.
● Le secteur technologique est également sous-exploité. En 2022, les services
numériques et les startups technologiques n’ont représenté que 4 % des exportations de services. Un renforcement des infrastructures numériques et des partenariats avec
des hubs technologiques pourrait tripler cette contribution d’ici 2030.
2.2 Réduction de la dépendance énergétique
Les importations énergétiques pèsent lourdement sur la balance commerciale. En 2022, elles
représentaient 25 % des importations totales.
● Le Maroc, leader régional des énergies renouvelables avec une capacité installée de 4
GW, devrait accélérer ses investissements dans le solaire et l’éolien, tout en
développant une capacité d’exportation d’électricité vers l’Europe et l’Afrique.
● La production de l’hydrogène vert, estimée à 10 millions de tonnes par an d’ici 2030,
pourrait devenir un nouveau pilier des exportations marocaines, générant des revenus
annuels de 10 milliards de dollars.
2.3 Renforcement des accords commerciaux
Le Maroc bénéficie déjà d’un réseau d’accords de libre-échange avec l’Union Européenne, les
États-Unis, et plusieurs pays africains.
● Exploitation des accords existants : Le Maroc n’exploite que 65 % du potentiel offert
par ces accords en raison de barrières non tarifaires et de contraintes logistiques. Une
politique proactive pour lever ces obstacles est essentielle.
● Renforcement des relations sud-sud : Le marché africain, avec une classe moyenne
en pleine expansion, offre des débouchés significatifs. Le commerce intra-africain
représente actuellement 17 % des échanges totaux du continent, mais le Maroc peut
accroître sa part en renforçant sa présence dans des secteurs comme l’agriculture, la
construction, et les technologies financières (fintech).
2.4 Modernisation des infrastructures logistiques
Une logistique performante est un prérequis pour une stratégie de commerce extérieur réussie.
Le Maroc, avec le port de Tanger Med, est déjà un modèle régional, classé premier port en
Afrique avec une capacité de 9 millions de conteneurs.
● Pour aller plus loin, l’investissement dans des zones logistiques intégrées à proximité
des ports et aéroports réduirait les coûts logistiques, estimés à 15 % du PIB marocain,
un chiffre bien supérieur à la moyenne mondiale de 8 %.
2.5 Soutien aux PME exportatrices
Les petites et moyennes entreprises (PME) constituent 90 % du tissu économique marocain,
mais leur contribution aux exportations est limitée.
● La création d’un fonds national pour les PME exportatrices, offrant des garanties et
des subventions, peut accroître leur participation au commerce extérieur.
● Des programmes de formation et d’accompagnement pour les aider à répondre aux
normes internationales (certifications ISO, traçabilité) sont également nécessaires.
3. Mesures prioritaires et perspectives
Pour maximiser l’impact de ces axes, une stratégie claire doit être adoptée :
1. Mise en place d’un observatoire du commerce extérieur pour surveiller les
performances et identifier rapidement les secteurs à fort potentiel.
2. Digitalisation des processus douaniers et des chaînes d’approvisionnement,
réduisant les délais et les coûts liés aux échanges internationaux.
3. Création de clusters industriels et technologiques pour favoriser l’innovation et la
compétitivité des produits marocains.
En outre, une communication proactive à l’international pour promouvoir la "Marque Maroc" est
indispensable. Cette approche a déjà démontré son efficacité dans l’agroalimentaire avec des
campagnes axées sur la qualité et l’authenticité des produits marocains.
Le Maroc dispose d’atouts indéniables pour devenir un acteur majeur du commerce
international, notamment grâce à sa position géographique stratégique, ses ressources
naturelles et ses infrastructures modernes. Cependant, une stratégie cohérente et ambitieuse
est nécessaire pour surmonter les défis existants et saisir les opportunités.
En combinant diversification des exportations, renforcement des capacités logistiques,
réduction de la dépendance énergétique et mobilisation des PME, le Royaume peut non
seulement améliorer sa balance commerciale mais aussi renforcer son rôle de hub économique
entre l’Europe, l’Afrique et le Moyen-Orient.