À la mort du pape, le monde s’interroge sur l’autorité spirituelle, la tradition et le progrès. Mais rares sont ceux qui osent poser la question de Colorado City : comment une enclave aussi théocratique, aussi fermée aux libertés fondamentales, subsiste-t-elle dans la première démocratie du monde ?
Depuis des décennies, cette ville échappe à la loi américaine. Mariages polygames, mariages arrangés dès l’adolescence, femmes habillées en longues robes pastel, écoles religieuses privées interdisant tout enseignement de la science ou de la sexualité. L’Occident qui se montre si prompt à dénoncer les "républiques islamiques" ou les enclaves fondamentalistes au Moyen-Orient reste ici bien discret.
Le pape qui vient de mourir avait tenté un dialogue difficile avec les courants les plus radicaux de sa propre Église, tout en appelant à une spiritualité compatissante, inclusive et lucide face aux abus. À Colorado City, au contraire, les femmes ne votent pas, les enfants fuient dès qu’ils le peuvent, et les autorités fédérales détournent les yeux.
L’Amérique puritaine a ses exceptions intouchables, tant qu’elles sont chrétiennes.