Cohésion Sociale : Le fil invisible qui tisse notre société.




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Par Tarik MOUDDEN

La cohésion sociale est la capacité d’une société à assurer l’égalité des chances et des conditions de bien-être multidimensionnel (social, économique, culturel, physique, sécuritaire) de tous ses membres, en réduisant les inégalités et en œuvrant à garantir un avenir prospère et sûr pour tous. Elle place l’accent sur le bien-être sociétal et considère que des relations sociales harmonieuses font partie intégrante du progrès économique et social et de la coexistence pacifique. Il est particulièrement important de déterminer dans quelle mesure les citoyens se sentent liés à la société et témoignent leur loyauté et leur engagement envers un ensemble de valeurs communes largement partagées. Ce concept a été défini en 1893 par le sociologue Emile Durkheim comme « l’état de bon fonctionnement de la société où s’exprime la solidarité entre individus et la conscience collective ».

Chercher à augmenter la cohésion au sein de la société revient à essayer de réduire les distances entre les individus (inégalités sociales, disparités territoriales, discrimination, stigmatisation…). Ainsi, les programmes de développement visent généralement à assurer une vie digne aux citoyens ciblés en soutenant la mixité sociale et en œuvrant à réduire toute sorte d’inégalité. 

Au Maroc, la vision d’une société fondée sur des bases démocratiques, modernes et solidaires s’enracine imparablement dans une ambition nationale. C’est une opération au cours de laquelle le pays, conscient de la nécessité d’une rénovation de ses règles de vie, mobilise l’ensemble de ses instances pour y parvenir, croyant que ce n’est que sur la base de la dignité pour tous que peuvent se construire des sociétés cohésives. Une telle approche fait par ailleurs montre d’une sensibilité particulière à la situation des groupes vulnérables, et qui incluent tous ceux qui vivent dans la pauvreté et la précarité.

Ceci constitue d’ailleurs un des objectifs principaux du gouvernement actuel qui a acté son intention d’œuvrer pour « renforcer l’édification de l’État social » en tant que levier pour mettre en œuvre les grandes recommandations du nouveau modèle de développement, et réduire les inégalités sociales qui existent dans notre société d’aujourd’hui. En effet, si l’existence des inégalités est somme toute normale dans une économie de marché, leur exacerbation constitue un risque pour la cohésion sociale. 
Nous marocains considérons la cohésion sociale comme un cadre de référence pour les politiques visant à assurer la cohésion socio-économique des territoires.

Ainsi, les chantiers de la déconcentration, puis de la régionalisation, seront à même d’insister sur l’inclusion et la participation comme principes phares. Les pratiques qui en découleront doivent être centrées sur l’activation, le développement économique et la cohésion sociale - visant en particulier les groupes « non actifs » de la société et les couches défavorisées pour leur permettre d’accéder à l’emploi et d’être financièrement indépendants, tout en luttant contre les pires travers de l’exclusion sociale.

En effet, un certain nombre de mécanismes territoriaux interviennent dans la manière dont le système éducatif, le système de santé, la politique de protection et de soutien sociaux, la politique de l’eau ou également le logement répondant à des normes de qualité adéquates influent sur la cohésion sociale durable : la mixité sociale, l’égalité dans l’accès aux connaissances et les perspectives de carrière, la socialisation des enfants et des jeunes, les possibilités d’apprentissage qui contribuent à l’amélioration de la vie et au renforcement de la démocratie. 

La pertinence de la notion de cohésion sociale dans la société actuelle est justifiée par les nombreux avantages que ce concept présente, et que je pourrais regrouper en deux axes. D’abord, la nature transversale du concept qui a le potentiel de regrouper toute une série de domaines relevant de la politique des pouvoirs publics et de les lier afin qu’ils servent un ensemble d’objectifs primordiaux. La cohésion sociale est davantage une approche globale qu’un domaine politique distinct, associant facteurs sociaux et facteurs économiques, politiques et culturels.

Ensuite, cette notion intervient résolument pour favoriser une certaine coexistence pacifique dans un environnement à la fois incertain et stable. Elle encourage l’exploration de nouveaux espaces de consultation, de concertation et de clarification des responsabilités individuelles et collectives. La nécessité de trouver de nouveaux espaces de dialogue et de consultation est vitale dans la situation actuelle. Les processus de consultation sociale qui accordent une place à l’autonomie individuelle sont essentiels au rétablissement ou à la consolidation de la confiance. 

Enfin, il reste nécessaire d’intégrer l’ensemble des composantes de la société, notamment les femmes et les jeunes, dans la prise de décision et la dynamique du développement, particulièrement à travers leur participation et leur intégration dans les programmes de développement local, car la bonne gouvernance participative et l’inclusion sociale supposent l’implication de tous les citoyens dans le processus de développement. La cohésion sociale évoque d’ailleurs l’idée de la nécessaire participation de toutes les parties prenantes, d’un équilibre à cet égard et d’une action systématique et coordonnée portée à la réalisation dudit équilibre social.

Une réponse audacieuse aux défis contemporains

La cohésion sociale fait aujourd’hui l’objet d’une attention accrue sur le plan international et dans toutes les régions du monde, où elle est désormais vue comme un moyen de faire face aux nouvelles réalités, notamment celles de la mondialisation. La cohésion sociale est présentée comme une notion à caractère multidimensionnel, qui renvoie non seulement à la participation et à l’intégration de tous dans la vie économique, sociale, culturelle et politique, mais aussi à un sens de la solidarité et de l’appartenance à la société fondée sur la jouissance effective de la citoyenneté.


Vendredi 1 Novembre 2024

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