Le lancement de Cocollab.ma vient réveiller un secteur en pleine effervescence mais encore mal structuré : celui du marketing d’influence au Maroc. Portée par l’experte Kaoutar Bouseffour, cette plateforme entend faciliter les collaborations entre marques locales et influenceurs en misant sur la mise en relation directe, la simplification des processus et la valorisation des talents nationaux. Sur le papier, tout semble prometteur. Mais cela suffit-il à résoudre les tensions et zones d’ombre qui entourent les relations entre créateurs de contenu et marques au Maroc ?

Avec l'explosion des réseaux sociaux, le Maroc a vu naître une multitude d’influenceurs, parfois suivis par des millions d’abonnés. Pourtant, l’absence de cadre clair et de règles éthiques a souvent donné lieu à des collaborations floues, des conflits autour des rémunérations, voire à des campagnes qui manquent d’authenticité. Beaucoup de marques hésitent encore à investir dans ce canal, faute d’outils pour évaluer l’impact réel des influenceurs ou pour assurer une cohérence avec leur image.

C’est précisément à cette problématique que Cocollab.ma tente de répondre. En centralisant l’offre et la demande dans un espace digital structuré, la plateforme ambitionne d’établir un écosystème plus professionnel : fiches profils détaillées, transparence sur les tarifs, tableaux de bord de performance… autant d’éléments censés rassurer les annonceurs et valoriser les talents.

L’enjeu est de taille : redonner confiance aux marques locales qui veulent communiquer efficacement sans passer par des agences coûteuses ou des démarches artisanales. Cocollab.ma se présente comme une solution à la fois économique et stratégique, en leur permettant de choisir des profils alignés avec leurs valeurs et leur audience. Une chance aussi pour les jeunes créateurs de contenu marocains souvent ignorés au profit d’influenceurs étrangers ou internationaux.

Mais l’ambition de la plateforme va plus loin : elle veut créer une dynamique de mise en avant des marques marocaines elles-mêmes, souvent éclipsées par des produits importés. Le marketing d’influence devient alors un outil de patriotisme économique, un levier de notoriété pour des entreprises locales en quête de visibilité.

Reste une question centrale : la professionnalisation du secteur passera-t-elle uniquement par la technologie ? Cocollab.ma pourra-t-elle garantir l’éthique des collaborations, la véracité des chiffres, la transparence des contrats ? Si la plateforme peut jouer un rôle de médiateur, le besoin d’un cadre juridique et déontologique plus global se fait pressant.

Le marketing d’influence, dans un contexte marocain, ne peut plus se développer sans régulation. Et si Cocollab.ma marque une avancée salutaire, elle ne doit pas se substituer à un effort collectif des institutions, des marques et des créateurs pour assainir les pratiques.

Cocollab.ma est un signal positif dans un paysage encore en construction. Elle soulève des espoirs, mais aussi des exigences : transparence, équité, respect des audiences. Si elle réussit son pari, elle pourrait transformer le marché marocain de l’influence… à condition de ne pas en rester au stade de la vitrine technologique.

Le marketing d’influence désigne l’ensemble des stratégies de communication qui reposent sur la notoriété et la crédibilité d’une personnalité (influenceur) auprès de son audience. L’objectif est de promouvoir un produit, une marque ou une idée de manière plus authentique qu’avec une publicité classique.

Au Maroc, cette pratique a explosé avec Instagram, YouTube et TikTok, mais elle reste peu encadrée. Les collaborations peuvent aller de la simple story sponsorisée à des campagnes de contenu créatif complexes.